Yann Bernard

Après plusieurs années de transition dans le monde traditionnellement cyclique du jeu vidéo, 2016 aura été celle de la confirmation. Une nouvelle ère débute, avec des jeux de plus en plus volatiles, au développement rarement achevé pour le lancement, moins de productions de grande envergure, davantage de remasterisations et autres portages, le tout en parallèle de générations de consoles moins marquées, la frontière avec le PC et les supports mobiles s'effaçant encore d'autant.

Que l'on y voie une forme de réalisme, voire de fatalisme, ce n'est pas nécessairement un changement négatif, il a certains avantages, en particulier pour l'industrie. Hélas il y a sans doute au moins autant de désavantages à se voir dépossédé à terme de ses jeux (entre autres), tandis que l'évolution hardware plus rapide n'encourage pas l'optimisation, et pèse plus lourdement sur le portefeuille. Seule exception à l'horizon, la Nintendo Switch, qui souligne l'éternelle différence si chère à la firme du plombier moustachu. On y croit, en espérant que les erreurs de la Wii U ne se répètent pas.

Mon TOP 3

  1. Fire Emblem Fates
  2. The Last Guardian
  3. Bravely Second : End Layer

Bonus : Le portage d'Everybody's Tennis PS4

Chacun à sa manière, les élus de ce top illustrent les phénomènes du monde vidéo ludique, ainsi que les démarches entreprises par les développeurs et les éditeurs afin de s'adapter. A commencer par Fire Emblem Fates, sans doute le meilleur épisode de la série, le plus massif, et surtout l'un des rares RPG à donner un choix scénaristique aussi radical d'emblée. Revers de la médaille, il faut en décider avant même de l'acheter, et cela coûte relativement cher si on veut parcourir les trois campagnes.

Vient ensuite The Last Guardian, l'histoire d'un développement une nouvelle fois à rallonge, chaotique, presque désespérant. Mais la patience et la bienveillance de Sony auront finalement permis à Fumito Ueda d'exprimer ses aspirations, une dimension artistique colossale face à laquelle les soucis techniques pèsent bien peu.

Enfin Bravely Second : End Layer constitue une fabuleuse parodie de la tendance itérative des jeux vidéo, et des productions de divertissement en général, Silicon Studio a d'ailleurs même poussé la satire jusqu'à en faire un chef-d'oeuvre pour ceux qui ont le sens de l'humour.


Quant à la présence d'Everybody's Tennis en bonus, il s'agit simplement du titre le plus joué sur la PS4 de votre serviteur, la preuve que les grands titres méritent ainsi de rester accessibles à mesure que le temps passe, même s'il ne demeure qu'une consolation en attendant un éventuel DLC pour le futur New Everybody's Golf.


Mon FLOP 3

  1. Mafia III
  2. Call of Duty : Infinite Warfare
  3. Mighty No. 9

Mafia II avait déjà un peu bluffé, son monde ouvert se révélant tristement creux une fois la couche narrative retirée. Et si Mafia III se montre encore plus abouti sur le plan du récit et de l'atmosphère, celle-ci s'évapore dès que l'on se concentre sur le gameplay, basique et répétitif. Tellement dommage.

A des années lumière de là, l'accueil réservé à ce dernier Call of Duty tend à démontrer que l'application de méthodes de production industrielles vouées au dividende engendre tôt ou tard la lassitude, quel que soit le nombre de millions de dollars investis.

Mighty No. 9 incarne à lui seul une bonne partie des difficultés de la scène indépendante, même avec l'appui de grands noms, ainsi que du financement participatif. Pourtant le jeu n'est pas totalement mauvais, juste terriblement décevant par rapport aux espoirs suscités, et à son budget confortable amassé par le biais de sa campagne Kickstarter. Souhaitons que Bloodstained ne connaisse pas un destin similaire...