Olivier Cortinovis

On va arrêter de se cacher deux minutes derrière l'esprit de Noël et bien avouer que cette année 2016 aura été fort minable. Le monde artistique a perdu de grandes personnalités, le monde politique la fin de sa crédibilité et le monde sportif son légendaire panache. Et moi-même, j'ai perdu beaucoup de mon temps de gaming en essayant de picorer dans toutes les expériences vidéo-ludiques proposées plutôt que de m'attacher à un ou plusieurs morceaux que j'aurai rongé jusqu'à la moelle.

Il faut dire que j'ai été aidé dans ma boulimie par les éditeurs qui n'ont cessé de nous gaver de titres jusqu'à l'indigestion. Un carnage ressenti jusqu'en arrière-cuisine, avec des produits soldés comme de vulgaires burgers, moins de deux semaines après leur sortie. Mais qui peut me jeter la première pierre ? Dans un buffet à volonté, ne me faites pas croire que vous êtes du genre à vous contenter de deux mets quand le chef vous propose dix mille saveurs étrangères ?

Le problème dans cette industrie, c'est que si le menu est alléchant sur la carte, beaucoup d'assiettes se ressemblent tellement qu'elles en perdent tout leur goût, quitte à tomber dans la caricature. Résultat des courses : les AAA nous font de l'oeil pendant des mois et sortent truffés de bugs, les jeux indépendants restent bien trop sagement dans un univers dont on commence à connaître les ficelles, les simulations sportives annoncent une révolution de leur gameplay là où elles se contentent de pauvres mises à jour. Quant à la réalité virtuelle, elle déborde de promesses et d'amour mais reste pour le moment à l'état embryonnaire.

Du coup, pour la première année depuis bien longtemps, j'ai eu la désagréable impression que quantité ne rimait pas forcément avec qualité. Au point que mes plus grands frissons ont été ressentis à l'annonce de Red Dead Redemption 2 et The Last of Us Part II. Des amuses-bouche qui augurent de grands moments d'extase.

Mon TOP 3

  1. Uncharted 4
  2. Dishonored 2
  3. Battlefield 1

Voyage, action, émotion. La série des Uncharted sublime les trois ingrédients pour lesquels je serai prêt à sacrifier femme, foot et tickets restaurant. Et ce quatrième épisode vient clore avec élégance, fluidité et générosité une saga culte et maîtrisée de A à Z. Si le dernier né de Naughty Dog était un plat signature, il serait un boeuf bourguignon bien charnu. Une valeur sûre, revisitée sans gros risque, dans laquelle on se réfugierait avec gourmandise pour apprécier son parfum, la variété de ses saveurs et la richesse de son contenu. Un bon gueuleton souvent copié mais jamais égalé.


L'alchimie parfaite entre action et infiltration. Avec Dishonored 2, Arkane Studios m'a immédiatement happé dans son univers avec ce mariage sucré-salé osé et jamais redondant. Chaque élément de Karnaca (le nom de cette cité époustouflante) est ciselé de main de maître, titillant ma curiosité et me poussant à ne pas être un simple témoin au centre de cette expérience. On peut aussi bien dévorer son plat que prendre le temps d'explorer et de comprendre ce que le chef a voulu nous raconter. Bref, une suite qui améliore sa recette grâce à la qualité de sa mise en scène et sa patte artistique. Aucune raison d'y résister.

Complètement hermétique à l'univers des FPS, j'ai cette fois-ci été séduit par l'approche visuelle et la démonstration technique proposées par Battlefield 1, petit bijou de DICE. D'habitude, l'aventure solo sert tout juste d'apéro fugace à l'orgie en multi et m'a toujours laissé sur ma faim. Pas là puisque je n'ai pas donné ma part au chien, harponné par la force narrative et l'action frénétique de sa campagne. Peut-être parce que la période de la 1ère guerre mondiale, déjà traitée et appréciée dans Soldats Inconnus, me parle. Peut-être aussi parce qu'il a réussi le tour de force de me maintenir en haleine grâce à la variété de ses environnements. Avec un goût de reviens-y pas dégueulasse.


Mon FLOP 3

  1. Mafia III
  2. Steep
  3. Mirror's Edge Catalyst

L'effet du soufflé qui retombe, tu connais ? C'est exactement ce qui s'est produit sitôt mes premières cuillerées plongées dans Mafia III, Steep et Mirror's Edge Catalyst. Des expériences qui avaient pourtant de la gueule sur le papier avec des univers originaux et des promesses emballantes. Malheureusement, le montage des blancs en neige n'a jamais vraiment pris pour des raisons bien différentes.

Dans le cas du titre de mafieux signé 2K, c'est la qualité médiocre d'ingrédients majeurs (open-world vide, IA à la ramasse, technique faible) qui cloche et gâche le concept brillant du jeu d'auteur aux références marquées.

Avec Steep, Ubisoft Annecy n'est jamais parvenu à me faire oublier Amped ou SSX à cause d'un compromis dérangeant: son gameplay ni arcade, ni simulation. Comme si le chef avait manqué d'engagement dans son exécution des tâches.

Enfin, j'avoue avoir fait l'impasse sur l'OJNI maudit de DICE. Je mourrai tellement d'envie de tracer une seconde fois ma route avec Faith que j'ai ouvert la porte du four pendant la cuisson. Erreur fatale : l'excitation a cédé sa place au dégoût de voir une recette regorgeant de potentiel se travestir en plat industriel pour le grand public.