Julien Chièze

Etonnante année que 2015. Toi qui devais propulser la "Next" devenue "Current Gen" au firmament ludique, tu nous auras offert le meilleur, comme le pire. Cette année aura ainsi vu l'arrivée de titres à l'ambition démesurée (The Witcher III, MGSV, Fallout 4), l'émergence de technologies amenées à transcender nos expériences de joueurs (la réalité virtuelle en tête), et l'arrivée de quelques (trop rares) pépites inattendues (Until Dawn, Life is Strange, Ori and the Blind Forest, Her Story)...

... mais dans le même temps, 2015 n'aura pas été le berceau de la prise de risque espérée, ou du second souffle attendu pour un jeu vidéo de plus en plus tenu par les crocs de la finance et des suites réclamées par la bourse ! Les cadences infernales imposées aux développeurs, les enjeux économiques devenus colossaux, font tourner à plein la machine à dupliquer, la machine à sortir à des dates fixées parfois dès le lancement du projet (!), avec souvent à la clef, une trop fréquente avalanche de bugs.

Certains rétorqueront : "qu'importe, il suffira de mettre à jour." Sauf que non. Nous joueurs ne devons pas nous en satisfaire, pas nous habituer à ce glissement. A nous joueurs de clamer notre envie de nouveauté, de différence. A nous joueurs de soutenir la créativité et les nouvelles licences. A nous joueurs de remercier et respecter les créateurs qui osent. A nous joueurs de voter avec notre porte-feuille. A nous joueurs de ne pas aussi oublier que, même s'il s'agit de notre passion, nous parlons de "jeu" vidéo. L'ambiance du milieu, la qualité des échanges, la tolérance envers les communautés de joueurs, les goûts des autres doivent dicter nos vies aussi bien réelles, que sur les réseaux. Nous joueurs avons une responsabilité dans le jeu vidéo d'aujourd'hui.

N'oublions donc pas de nous enthousiasmer, de préférer mettre notre énergie à faire découvrir des titres nous ayant séduit, plutôt que de nous concentrer à critiquer et détruire ce qui nous a déplu. Soyons vigilants, exigeants, mais ne devenons pas chiants.

TOP

  1. Metal Gear Solid V : The Phantom Pain
  2. The Vanishing of Ethan Carter
  3. Until Dawn

A l'image de l'ensemble des épisodes constituant la saga, le dernier (dans tous les sens du terme) Metal Gear de Hideo Kojima est imparfait. Décousu par moments, frustrants par d'autres, il n'en demeure pas moins le meilleur jeu d'infiltration jamais créé et une révolution au coeur d'une série mythique. Avec ses défauts, comme ses inombrables qualité, MGSV n'est rien d'autre que culte. Les réponses que j'attendais ont été apportées, les multiples degrés de lecture confèrent un éclairage inattendu à 30 ans de vie commune avec Snake & consort.

Les mois ont beau passer, à l'heure de l'au revoir, un frisson me parcourt toujours. Metal Gear Solid V : The Phantom Pain ne peut en effet être considéré comme un "simple" jeu. Il s'agit d'un testament, d'un message, d'une transmission... un des rares jeux qui savent laisser une trace. Merci Hideo, aux équipes, et à Big Boss nous portons désormais un peu de vous en chacun de nous.

De leur côté, The Vanishing of Ethan Carter et Until Dawn représentent à mes yeux des expériences qui savent s'affranchir des codes maintes fois vues et revues du jeu vidéo. Deux nouvelles "licences" forgeant leur identité moins sur le "gameplay" au sens traditionnel et mécanique du terme, que sur la qualité de l'immersion. Alors que je n'entende pas qu'il ne s'agit pas de "vrais" jeux vidéo (j'en parlerai d'ailleurs dans le podcast de Noël, cramponnez-vous ;). Seul notre média peut leur donner vie, seul notre média peut permettre de diriger une histoire, de la façonner à sa convenance. La maturité passe aussi par le respect de la différence.



FLOP

L'avalanche de bugs. De mémoire de joueur, rarement la production de jeu vidéo n'aura été à ce point frappé par les bugs. Certains mineurs, d'autres plus bloquants. Certes l'ampleur des projets a grimpé en flèche et la complexité des mondes ouverts peut expliquer la difficulté de faire face à tout ces problèmes techniques... reste que les joueurs "day one" en pâtissent trop souvent et qu'il est inconcevable de s'y habituer. Après concertation avec la communauté Gameblog et réflexion en interne, nous avons ainsi décidé de créer la mention "Warning Day One". Ce n'est évidemment pas la solution à tous les maux, mais nous souhaitions vous prévenir encore plus clairement que par le passé de la réalité des jeux. Les consommateurs soutenant les productions au lancement ont aussi droit à des jeux finis !

Konami, petit suicide entre ennemis. Autre séquence résolument médiocre de 2015 : le comportement calamiteux de la direction japonaise de Konami au sujet de Hideo Kojima et l'ensemble de ses équipes. Humiliations diverses, privation de liberté, flou artistique regrettable, annulations détestables... comment imaginer que les responsables de cette crise n'ont pas conscience du mal, profond, que leurs actions produisent sur l'image de leur société (en occident du moins) ? De l'inconscience pure. Nous ne sommes pas dans un monde de bisounours, et si des torts de part et d'autres seront sûrement précisés quand cela se tassera, cela n'excuse pas la violence de la situation actuelle.

Mes pensées accompagnent les équipes en rien responsables des décisions ubuesques de leur direction... et qui, par ricochet, subissent cette gestion calamiteuse. Il est grand temps que cela cesse.