Plus de vingt ans (!) après sa sortie, Star Wars Episode 1 : Racer s'offre une seconde jeunesse, en ressortant très officiellement sur PlayStation 4 et Switch, à l'heure où une nouvelle trilogie n'en finit plus de voir les fans s'entre-tuer sur cette agora mondialisée que l'on appelle Internet, ce spin-off qui avait à l'époque dépassé les trois millions d'exemplaires vendus peut-il encore concourir dans la même catégorie ?

D'un certain point de vue

Capitalisant sur la victoire d'Anakin Skywalker lors de la désormais célèbre course de Podracers de La Menace Fantôme, Star Wars Episode 1 Racer vous trimbalait aux quatre coins d'une galaxie lointaine, très lointaine, pour découvrir le quotidien des pilotes de cette discipline qui exige des réflexes de Jedi pour espérer en réchapper. Deux décennies plus tard, les 25 tracés d'origine s'offrent un lifting des familles, pour espérer (re)conquérir le coeur des joueurs. Le terme est d'autant plus approprié qu'aucun contenu original n'a ici été ajouté, qu'on se le dise. Si le frame-rate profite désormais d'une fluidité, et offre de vraies sensations de jeu en passant à la première personne, les environnements accusent leur âge, et dévoilent plus que jamais le vide qui les caractérise. Certes, les nombreuses planètes qui accueillent ce championnat dont les coûts de déplacement dépassent forcément l'entendement permettent aux fans de creuser un lore déjà dantesque, notamment grâce aux cinématiques introductives un brin anamorphosées, mais une fois aux commandes de votre bolide, il n'y a pour ainsi dire pas grand chose pour flatter la rétine.

He is the Compressed One

À l'instar d'un certain F-Zero X, il faudra nécessairement faire passer le plaisir de jeu avant tout, tant cet Episode 1 Racer nous rappelle la pauvreté qui caractérisait certains environnements 3D dans la dernière décennie du siècle passé. Certes, les textures et les arrêtes sont nettes, mais la distance d'affichage désormais étendue ne parvient plus à masquer une relative pauvreté, sans parler des nombreux polygones que l'on voit très clairement popper. C'est d'autant plus dommage que rien n'a été entrepris pour rétablir la matérialité de certains éléments de décors, et les bugs de collision d'époque font tristement tâche dans cette version plus saillante. Certains effets de clipping crèvent d'ailleurs tellement les yeux qu'on se demande comment ils n'ont pas fait l'objet d'un correctif. Que vous fassiez partie du gang des esthètes ou non, il est bien difficile de fermer les yeux sur la plastique d'Episode 1 : Racer, qui n'en met donc ni plein les yeux, ni plein les... oreilles. Que l'on se comprenne bien : les mélodies iconiques de John Williams tirés du film sus-cité font toujours des merveilles, et la sensation de se rapprocher du mur du son sur fond de Duel of the Fates fait toujours son petit effet, mais la compression éhontée qu'a subit la bande-son fera très clairement grincer des dents, et l'on pourrait presque employer le terme de massacre tant les artefacts sonores viennent gâcher l'expérience, même au casque.

Joy-Convention

Malgré des sensations souvent décoiffantes, la mayonnaise Star Wars Episode 1 Racer retombe bien vite, puisque les quatre championnats proposés se bouclent comme on rentre dans l'hyper-espace, ou même du beurre : sans accrocs. L'I.A. restée fidèle à sa programmation d'époque, et n'offre pour ainsi dire aucune résistance, ce qui oblige, passées quelques petites heures, à viser le meilleur temps pour ne pas éteindre définitivement les moteurs. Le mode deux joueurs en local offrira tout de même une occasion d'y revenir, mais pourquoi l'éditeur Aspyr n'a-t-il pas pris la peine de proposer la création d'un réseau local, une fonctionnalité pourtant bien présente sur PC en 1999... Lorsque l'on sait ce que Mario Kart 8 Deluxe a pu défricher dès 2017 en proposant un écran par console, on se dit qu'il y avait VRAIMENT quelque chose à faire. Alors, pour satisfaire jusqu'au bout sa curiosité généralement bien placée, on pourra toujours laisser une chance à l'ajout du motion gaming promis il y a une poignée de jours. Passée une phase d'apprentissage, le contrôle des Podracers se révèle tout de même satisfaisant, et offre même quelques bonnes sensations au fur et à mesure que l'on parvient à dissocier ses mains pour gagner en précision. Quel dommage que seule la direction de votre bolide soit ainsi gérée, puisqu'il y aurait sans doute eu tant à faire en termes de personnalisation. Mais à en croire les innombrables demandes des joueurs en la matière, la route est encore longue et atteste une fois de plus qu'il y aurait eu bien plus de choses à faire pour offrir à Star Wars Episode 1 Racer un retour digne de ce nom sur le podium des jeux de la série...