Si vous avez lu l'interview de Charles Cecil publiée hier sur Gameblog, vous devriez un peu connaitre l'histoire de la Malédiction du Serpent, cinquième opus dans la série des Chevaliers de Baphomet. George Stobbart (travaillant pour un assureur) et la journaliste Nicole Collard y enquêtent sur le vol d'un tableau qui a mal tourné : le propriétaire de la galerie est mort. Tout cela va bien entendu se compliquer et le décédé ne sera pas le seul à se retrouver sur le carreau. Tout ça pour une oeuvre inconnue ? Oui, mais maléfique, car appartenant à la secte gnostique. Mais les gnostiques sont-ils vraiment des adeptes de Lucifer ? Que cache ce dessin ?

Enquête à l'américaine

Houlaaaa du calme ! On empiète sur le deuxième épisode, là. Sans trop spoiler, toute l'ambiance fantastique de la série n'est pas vraiment au rendez-vous pour cette introduction, qui se balade entre Paris et Londres... Et les cliffhangers, ils ne savent pas faire, chez Revolution, ça non ! Mais pour le reste, c'est ma foi assez sympathique. L'histoire se déroule tranquillement, sans grande surprise : les méchants sont très méchants, les gentils très gentils, les idiots très idiots...

Les manipulations d'inventaire et les quelques puzzles qui composent le gameplay se révèlent assez logiques et très simples. Pas grand-chose ne vous arrêtera dans votre progression, si ce n'est une ou deux rigidités dans les actions (d'abord examiner un objet, puis en parler à un personnage, par exemple.) Les développeurs tentent de coller quelques fausses pistes ici et là, c'est rigolo, mais le tout vous tiendra 5 heures environ. Peut-être un peu plus : Revolution nous indique qu'ils sucreront une partie des indices trop évidents dans les dialogues, histoire de vous faire réfléchir un peu plus.

La dimension Cecil

Comme je l'ai dit, le déroulement de l'aventure est logique, donc je doute que vous bloquiez de façon trop frustrante. N'hésitez jamais à tout observer, à parler et reparler avec les personnages. Vous profiterez ainsi de leurs forts accents, selon la langue sélectionnée. En anglais, après une heure ou deux, on s'habitue aux violents "monsieur" et "madame" des dialogues. En français, au contraire, on perd des accents, comme celui du jardinier anglais.

Ça fait partie du charme des Chevaliers de Baphomet, ce bain perpétuel de clichés naïfs en tout genre, du romantique à l'acerbe. La vision étrange d'un monde (et pas seulement de la France) quasiment parallèle, flottant entre diverses époques : gendarmes à l'ancienne, machine des années 50, téléphones mobiles modernes, références politiques récentes, pissotières disparues depuis longtemps... Baphomet s'approche uniquement du réalisme lorsqu'il aborde les points d'Histoire qui donnent justement au jeu son aspect fantastique (ici les gnostiques et leur rapport à Lucifer, avec l'idée d'une grande menace ésotérique). Le fantastique devient réaliste, alors que le quotidien ne l'est absolument pas. Il y a quelque chose là-dedans qui est à la base du succès de la série Broken Sword (en anglais pour changer, tiens).

Si on lui coupe la queue, ça repousse ?

Bon, quoi ? J'essaye d'analyser un peu le titre là ! On n'est pas que des scribouillards de notes, hein ! Patron, une autre bière ! Bref, tout ça pour dire que Les chevaliers de Baphomet : la malédiction du serpent semble intéressant, mais il en manque la moitié. Une moitié importante, qui équilibrerait l'ensemble et donnerait tout son sens à l'ambiance très chargée en n'importe quoi de ce premier épisode. Certes, diluer le fantastique du début à la fin aurait été préférable, mais ça se déroule rarement comme cela dans la série. Et cette fois, il faut en plus apporter une certaine conclusion à tout un pan de l'histoire dès la première partie. Le mieux, donc, aurait été de ne pas couper le jeu en deux...

La mobilité du serpent

A vous de voir si vous attendez janvier pour la suite afin d'avoir un avis complet. Sinon vous pouvez aussi patienter pour la version PS Vita, mais pour y avoir touché un peu, c'est un peu limite pour trouver les éléments interactifs dans le décor. En 720p max, Baphomet 5 (et son interface) est clairement pensé pour les tablettes avant tout. Sur PC en fullscreen, ça tire un peu sur les décors, mais pas au point d'être moche non plus, rassurez-vous ! Les fameux paysages en 2D vantés par Charles Cecil sont bel et bien au rendez-vous. De même, les personnages en 3D s'avèrent correctement intégrés et les textures ont la classe. Cependant, si les animations sont en grande partie indépendamment réussies, elles manquent de liant entre elles, ce qui entraîne forcément un aspect robotique dans les mouvements. Difficile d'avoir une réalisation parfaite de ce côté-là de toute manière, il faut s'y faire.

La malédiction du Serpent étale donc un chouette point'n click, avec de nombreux personnages, une série de lieux honnêtes, des clins d'oeil à tout va, des dialogues... qui auraient pu être plus pêchus, et un scénario qui manque de fantastique à cause de la séparation en deux épisodes. J'ai presque envie de ne pas le noter avant la conclusion, ça risque de ne pas être apprécié, alors disons que ça démarre bien et qu'on attend la suite avec impatience, pour tâter de la vraie conspiration maléfique...

Les versions iOS, Android et PS Vita arrivent d'ici à deux semaines environ...