"Rafsou", comment s'est passé ton transfert de l'Olympique Lyonnais à la Team Vitality, la première structure esportive du pays ?

La fin de mon contrat avec l'OL est arrivé le 30 juin. Je venais de faire un an et demi là-bas. A partir de ce moment-là, j'étais free agent et je me suis posé la question : la Coupe du monde, soit je la faisais tout seul, soit je la faisais avec une structure de renom parce que je voulais "step-up". Lyon, c'était déjà un très haut niveau. Si je voulais aller dans une autre team, il fallait que ça soit mieux que Lyon. A ce moment-là, j'ai regardé un peu ce qui se faisait en France et Vitality a semblé être le choix le plus logique. Rocky était parti, ils n'avaient aucun joueur en Coupe du monde. Au final, j'ai réussi à y être et pour l'instant, c'est extraordinaire.

Lyon a tout fait pour te conserver.

Bien sûr. Ils m'ont fait plusieurs propositions de contrat, mais je n'avais pas l'intention de rester à Lyon. Quoi qu'il arrive, quelles que soient les sommes ou les clauses, je n'aurai pas resigné à Lyon.

Pourquoi ? Les choses se sont mal passées à l'OL ?

Ça ne s'est pas mal passé mais ça ne correspondait pas à ce que je recherchais. Moi, je recherche vraiment un but dans une structure. Je pense l'avoir avec Vitality. Je ne veux pas seulement être un compétiteur et faire de la compétition. C'est mon rôle principal dans une structure mais je veux faire des choses autour. Je veux profiter du temps que j'ai, l'optimiser et malheureusement à Lyon, je ne pouvais pas le faire.

"Grandir en tant que joueur mais aussi grandir en tant que personne, personnalité."

Alors que chez Vitality...

C'est plus facile. Quand on prend l'exemple des Gotaga, Broken ou Rocky, on se dit qu'à la base, c'étaient des joueurs pro. C'est avec tout ce qu'ils ont réussi à faire autour de ça qu'ils sont devenus aujourd'hui des icônes dans l'eSport. Ils ont commencé à faire des streams, des vidéos sur YouTube... c'est ce que j'ai envie de faire. Grandir en tant que joueur mais aussi grandir en tant que personne, de personnalité sur les réseaux. Et ce sera bien plus simple chez Vitality qu'à l'OL.

Un champion de France sur le marché... avant de signer chez Vitality, tu devais avoir énormément de propositions.

Non, pas beaucoup. Quand je suis parti de Lyon, j'avais déjà eu des contacts avec Vitality, pas de vrais contacts hein, avant la fin significative du contrat. Dans tous les cas, dans ma tête, je n'allais aller dans aucune structure, mise à part celle-ci. Peu de gens connaissaient ma situation. Et comme les gens savaient que depuis tout petit, j'étais un fan de Lyon, ils se sont dit que je resterais à vie là-bas, que j'avais accompli mon rêve. Mais moi, je dissocie bien le fan du joueur que je suis et même si j'aurai adoré faire toute ma carrière voire plus à Lyon, ce que je recherche en tant que joueur professionnel, c'est autre chose, parce que c'est ça qui me fait manger, me fait vivre et peut aider ma famille.

A Londres, les choses se sont mal passées, avec cette dernière place en poules et une élimination d'entrée. Qu'est-ce qui te déçoit le plus dans ce parcours raté ?

Ce qui me fait ch..., c'est que toute l'année, je me suis préparé, je me suis entraîné, j'ai joué pour venir à cet événement, pour concurrencer tous les joueurs présents à Londres, pour devenir champion du monde... ce qui me fait vraiment ch... le plus, c'est que je fais tout pour revenir ici et qu'en quelques heures, tous les efforts accomplis sont partis en fumée très rapidement. On le voit passer, ce n'est pas comme si ça arrivait d'un coup, on le voit vraiment passer d'un match à l'autre. Le premier, je le perds sur des coups du sort, des faits de jeu. A ce moment-là, tu te dis que tu joues normalement le joueur le plus faible du groupe... tu dois gagner ces matches-là, ce sont les plus importants, ceux qui font la différence.

Tu remets toute ton année en question ? Est-ce qu'Amsterdam et le championnat de France étaient des coups de chance ?

Si tu commences à perdre contre les plus faibles, plus tu vas aller haut, plus ça va être difficile de gagner. Même si les meilleurs joueurs du groupe, je les avais déjà battus... quand je commence à enchaîner les défaites, j'étais dans le mal. Dans ma tête, tout se chamboule : qu'est-ce que je dois faire ? Comment je dois jouer ? Qu'est-ce que je dois changer ? Tu remets toute ton année en question. Est-ce qu'Amsterdam (sa finale en playoffs Xbox One NDLR) est un coup de chance ? Est-ce que le championnat de France (victoire en finale de l'Orange eLigue 1 NDLR) est un coup de chance ? Est-ce que tout ce que je fais est un coup de chance ? A l'arrivée, on ne peut plus jouer sereinement et ça a fini comme ça a fini.

Qu'est-ce qu'il t'a manqué selon toi ?

De la réussite. Si on veut gagner, il en faut. Je ne pense pas l'avoir eu pendant ce tournoi. Après, j'ai ma part de responsabilité. Si je perds, c'est de ma faute. Donc, quelque part, cette chance, je n'ai pas su la provoquer. Je n'ai pas joué comme j'aurai dû, je n'étais pas concentré comme j'aurai dû l'être.

Est-ce que l'annonce la veille de ton transfert a eu un effet sur tes performances ? Cela t'a-t-il mis un surcroît de pression ?

Peut-être. Tout cela a peut-être eu un impact sur moi. Inconsciemment, cela s'est peut-être produit. Le stress du tournoi, parce que j'entrais chez Vitality et je voulais réussir un vrai truc. Avec du recul, je me dis que ça s'est peut-être passé comme ça. Je ne le ressentais pas comme ça sur le moment. Comme il y avait eu l'annonce la veille et que tout le monde me regardait en mode "Vitality ? C'est un truc de ouf", je n'ai peut-être pas été à mon aise, pas à l'aise avec tout ça. Je ne sais pas ce qui s'est passé mais ça me servira.

"C'est la dernière fois que vous me verrez aussi faible."

C'est une leçon, dont j'espère apprendre, grandir. Je ne sais pas ce qui se passera l'année prochaine, je ne sais pas si je serai bon sur le jeu, si je reviendrai en Coupe du monde. C'est tellement long pour revenir ici. Je m'étais déjà dit ça la saison dernière, que c'était peut-être la dernière, que je n'en avais pas assez profité. C'est pour ça que je regrette de ne pas avoir eu la chance d'être meilleur sur ce tournoi-là.

Tu succèdes à un gros joueur chez Vitality. Pas trop compliqué comme succession ?

C'est valorisant de succéder à Rocky. C'est une icône en France sur FIFA, comme Bruce Grannec. Il faut arriver à faire honneur au maillot qu'il portait. Vitality a eu de la réussite, des victoires et des grandes victoires. Quand on vient te chercher, c'est pour revivre ça, pour être aussi fort à l'international qu'ils l'étaient avec Rocky. Ce que je vis à l'heure actuelle, ce n'est que du bonus. Je ne voulais pas faire tout ça. FIFA, c'est venu comme ça, d'un coup. J'ai joué, j'ai tenté. Lyon est arrivé, j'ai été champion de France et ça s'est enclenché d'un coup. Mais je n'ai jamais eu de stress. Je me disais 'si je suis nul, si ça ne marche plus, je retournerais à mes études'.

Je n'aurai pas peur de le faire parce que je sais que je peux réussir mes études. Je n'aurai pas plus de stress que ça chez Vitality. A Londres, c'était peut-être différent. J'arrivais en tant que champion de France, j'étais censé être le Français numéro un, j'avais impressionné à Amsterdam. C'était dur à avoir sur les épaules peut-être. Je devais être plus fort, j'aurai dû être plus fort mais je n'ai pas réussi à utiliser toute la palette que j'avais. Ça m'apprendra. La prochaine fois, je reviendrai plus serein, plus focus. C'est la dernière fois que vous me verrez aussi faible.