C'est parfois dans les vieux pots que l'on obtient les meilleures recettes. Après tout, qui aurait cru que rejouer à la balle au prisonnier serait aussi fun, sorti de sa forme la plus classique, à savoir dans la cour de récré ? Le Dodgeball est un sport, un vrai, aussi bien sur le plan international que dans notre Hexagone. Sport méconnu mais sport quand même, que le film éponyme Dodgeball, même pas mal ! avait su mettre dans la lumière, notamment grâce aux performances de Vince Vaughn et de Ben Stiller.

Cette fois, ce n'est pas le cinéma mais bien le jeu vidéo qui tente de remettre au goût du jour cette pratique sportive. C'est Velan Studios qui s'y est collé, avec l'appui de l'éditeur Electronic Arts, pour nous pondre Knockout City, que certains ici ont déjà pu éprouvé, puisqu'après quelques semaines de jeu (deux exactement), c'est déjà plus de 5 millions d'utilisateurs qui étaient recensés. Forcément, la politique d'EA, qui a proposé dans un premier temps son jeu en free-to-start pour une durée de dix jours, y est pour beaucoup, sans oublier l'appui de la communauté du streaming, qui a bien mis le jeu en avant.

Mais le secret de Knockout City ne repose pas uniquement sur cette communication efficace, ni sur l'accessibilité qu'il promet encore aujourd'hui à tous les curieux (le jeu est gratuit jusqu'au niveau 25 d'expérience). Cette nouvelle version de la balle au prisonnier est fun, vraiment agréable à jouer. Pourtant, lors de nos premières parties et notamment pendant le tutoriel, nous étions sceptiques quant à la durée de vie et au potentiel d'un tel titre. Puis les premières parties en ligne, disputées dans un premier temps en équipe de 3 contre 3, ont levé les premiers doutes.

Etre ou ne pas être une balle, telle est la question

Dans Knockout City, le principe est simple : les joueurs disposent de deux points de vie, chaque ballon reçu en pleine face en enlève un, à zéro, le joueur disparaît pour respawn un peu plus loin... sachant qu'une chute dans le vide équivaut directement à une perte totale de ce précieux capital et que les éléments du décor peuvent également entacher votre santé fragile. La première équipe comptant 10 points (1 point par joueur touché) l'emporte. Chaque team jouit d'un arsenal étoffé pour y parvenir : des ballons classiques, des ballons bombes dont la mèche s'enclenche sitôt ramassé, des ballons cage qui enferment les ennemis, histoire de mieux les balancer hors du stage, des ballons lunes (oui, oui), défiant les lois de la physique mais aussi des ballons... humains, puisque chaque participant, en plus d'avoir à sa disposition une sorte de paravoile pour flotter dans les airs et atteindre certaines hauteurs, pourra lui-même se transformer en projectile en se roulant en boule.

C'est là que le potentiel du jeu en multijoueur devient fabuleux. D'allié, un partenaire peut devenir une véritable solution et force de frappe, puisque les autres membres de son équipe pourront le ramasser et le faire avancer en s'échangeant des passes, avant de l'expédier contre un joueur adverse et déclencher une frappe aérienne surpuissante. Mais ce n'est pas tout : avoir une balle dans la main n'est pas une fin en soi dans Knockout City. Être démuni en début de partie - vous savez, quand tout le monde court après une balle et en ramasse une, vous laissant seul en carafe - n'est pas synonyme de défaite pour autant. Vous pourrez aller tacler et bousculer à l'épaule les autres participants, afin de les faire chuter et de les désarmer. Vous pourrez renvoyer leurs tirs ou les dévier avec le bon timing mais surtout, et seulement dans le bon tempo, récupérer et bloquer directement un de leurs tirs, vous permettant ainsi de contre-attaquer. Cette donne change tout, puisqu'elle mène à de sacrés règlements de compte, accentués par le fait qu'un bon block vous permet de charger momentanément votre prochain tir... et les tirs chargés, vous vous en doutez, sont les plus compliqués à bloquer.

Un contenu déjà riche, accessible et appelé à évoluer rapidement

C'est un joli titre avec un gros potentiel que nous a délivré Velan Studios, avec des scénarios de dingue, des remontadas improbables, des infériorités numériques surmontées si les participants restants agissent évidemment de concert... Entre la maîtrise des tirs spéciaux (tir à effet, tir lobé) et la connaissance quasi-parfaite des maps (indispensable pour comprendre les meilleurs angles de tirs et anticiper les déplacements des autres joueurs), il y a vraiment de quoi faire. Le contenu n'est pas en reste : après quelques parties, les quatre modes de jeu du multijoueur sont débloqués et une fois au niveau 10, vous pouvez disputer les parties classés. Tout ne nous a pas convaincu non plus, notamment les parties en duel où il aurait été bon d'ajouter quelques fonctionnalités supplémentaires et la présence des balles spéciales, histoire de forcer les "campeurs" à sortir de leur trou une fois un court avantage en leur possession, bien que la map se réduise au fil du temps à la façon d'un battle royale.

On apprécie également la présence d'entrée de parties privées, histoire de contrebalancer l'inégalité des modes de base, pas toujours aussi fun les uns que les autres. La direction artistique du jeu, très, très, très colorée ne conviendra probablement pas à tout le monde mais les développeurs ont fait l'effort de développer un univers, en partie customisable puisque les joueurs pourront personnaliser leur avatar.

Enfin, les "puristes" pourront déplorer un certain manque de skill, puisque les tirs sont automatiquement lockés (vous touchez toujours le joueur le plus proche de vous). L'accent est ici clairement porté sur la tactique, la réflexion et la capacité à jouer de l'effet de surprise. Les techniques pour tromper un adversaire (salto, pirouette sur soi-même, feinte de tir) ou échapper à son étreinte (esquives latérales) ne manquent pas pour amener ce qu'il faut de sel à l'ensemble. Très convaincant dans sa forme actuelle, Knockout City devrait être amené à évoluer. Difficile de ne pas lui voir un avenir en esport (certains militent déjà pour ça) et EA assure qu'il va étoffer son jeu prochainement avec des événements à venir, de nouvelles arènes et de nouveaux ballons aussi. De ces ajouts dépendra, évidemment, la longévité d'un titre qui a déjà remporté son pari : faire mouche dès son premier tir.