Après le RPG heroic-fantasy Avowed en février et l’accès anticipé du jeu de survie Grounded 2 en juillet 2025, place donc en ce mois d’octobre à The Outer Worlds 2, un jeu de rôle typé cette fois science-fiction. À l’occasion de la Gamescom 2025, j’avais déjà pu en essayer le prologue, qui m’avait laissé de bonnes impressions. L’idée de retourner dans l'univers « space opera » bourré d’humour caustique de The Outer Worlds premier du nom, mais avec de plus grandes ambitions et moyens, ne pouvait donc sur le papier que me combler. Et, dans l’ensemble, on a bien droit ici à un jeu plus abouti et droit dans ses bottes que son aîné, qui faisait à s’y méprendre office d’essai avant le produit fini. De là à dire qu’il peut prétendre éclipser le légendaire Fallout New Vegas du même studio, cela reste à voir. 

Directoire sans faille pour Obsidian avec The Outer Worlds 2

En sa qualité de suite, The Outer Worlds 2 entend logiquement reprendre les bases du premier volet et en renforcer les fondations. On y retrouve donc l’humour absurde de son aîné, mais poussé un cran au-dessus. Cela se voit dès le lancement du jeu, où le fameux Homme-Lune, mascotte de la licence, nous accueille en annonçant qu’il occupe maintenant le poste de menu brisant le quatrième mur. De quoi donner le sourire avant de se lancer avec un certain entrain dans l’aventure. RPG d’Obsidian oblige, elle démarre évidemment par la création de son personnage. Dans cette suite, on incarne un agent du Directoire Terrien, une sorte de super police galactique, qui combat le crime et la corruption. 

The Outer Worlds 2 Menu Humour
Dès le menu, le jeu pose le ton de son humour absurde. © Geralt de Reeves pour Gameblog

À l’instar d’Avowed (les pousses fongiques et autres excroissances florales en moins, heureusement), le moteur de création de The Outer Worlds 2 s’avère un brin léger en termes d’options de personnalisation de son apparence. On peut malgré tout se construire un avatar relativement à notre goût, masculin ou féminin, avant de s’attaquer à sa personnalité. À ce niveau, il nous faudra choisir son Antécédent, pour le côté « role-play » sous la forme d’une option de dialogue ; un talent, qui pourra servir dans les discussions comme ailleurs ; et enfin deux spécialisations parmi 12 compétences telles que les Armes à Feu, le Corps à Corps, la Persuasion, l’Ingénierie, et autres. Celles-ci serviront encore dans bien des situations, tant durant les combats, l’exploration ou les dialogues. D’emblée, le jeu nous avertit que la construction de son personnage impliquera des choix importants, d’autant qu’il sera impossible de réinitialiser ses points pour essayer un autre build. Il ne sera pas non plus possible d’être spécialisé dans tous les domaines. De mon côté, je suis donc parti sur un ersatz de Han Solo doublé d’un assassin voleur, versé donc dans le corps-à-corps, la discrétion, le crochetage et la persuasion pour se sortir de sales situations grâce à son bagout. 

The Outer Worlds 2 Fin Création Perso
L'écran final de la création de son personnage avant le début de l'aventure. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Une fois son personnage créé, on se retrouve dans notre vaisseau baptisé l’Incognito. On y occupe le rôle de commandant d’une équipe d’agents du Directoire, dont la mission est de se rendre à la station Horizon Point, dans le système Aurora, pour y récupérer un moteur permettant d’effectuer des sauts rapides et précis dans l'hyperespace. D’entrée, on se rend compte que The Outer Worlds 2 est un RPG dans le plus pur sens du terme, qui met un énorme accent sur la liberté d’approche et l’aspect « jeu de rôle ». Mon build m’a ainsi permis de m’infiltrer dans la base et assassiner tout ce qui passait à portée de ma lame. Il est toutefois possible d’aborder la mission d’une myriade de façons différentes. Un ingénieur peut par exemple pirater les robots sur place pour se faciliter la tâche, tandis qu’un spécialiste en armes à feu ou explosifs pourra tout défourailler et détruire sur son passage. Quelqu’un versé dans la persuasion ou le leadership pourra de son côté berner les ennemis en se faisant passer pour l’un d’entre eux. Du début à la fin de l’aventure, The Outer Worlds 2 ne cesse d’impressionner par l’intelligence de la structure de son univers et de ses quêtes pour que chaque joueur ait droit à une expérience unique, propre à son personnage. Il s’agit là clairement de la plus grande force du titre, et cela comble une des plus grandes attentes quand on parle d’un RPG d’Obsidian. À ce niveau, c’est donc une franche réussite, qui promet en prime une énorme rejouabilité en fonction de notre build et des nombreux choix cornéliens qu’il faudra faire au fil du jeu. 

L’Aurora d’un grand RPG pur jus

Malheureusement, malgré les efforts de notre équipe d’élite, la mission prend une tournure inattendue. Le moteur qu’on venait récupérer explose et provoque une faille détruisant jusqu’à la fabrique de la réalité. Notre personnage va tout de même réussir à s’enfuir in extremis via une nacelle de sauvetage. Il va cependant faire une sieste cryogénique de dix ans avant que Niles, le seul autre agent survivant, ainsi que le robot de soutien V.A.L.E.R.I.E, arrivent à le retrouver. On apprend alors que le système Aurora est désormais constellé de telles failles, qui continuent de se multiplier. Si on n’arrête pas ce phénomène, cette partie de la galaxie, voire même au-delà, risque de courir à sa destruction. Il est donc de notre devoir d’empêcher ce cataclysme. Voilà en somme la quête principale de The Outer Worlds 2, mais de très nombreuses péripéties nous attendent avant d’en voir le bout.

Il nous faudra en effet voyager à travers Aurora pour enquêter et essayer de trouver une solution face à ce danger littéralement galactique. Cette grande quête va ainsi nous emmener dans différentes planètes à la rencontre de quatre factions majeures qui se mènent une guerre sans merci pour conquérir le système. Les forces en présence sont le Protectorat, une sorte d’Empire qui lave le cerveau des sujets récalcitrants ; l’Ordre, une caste de scientifiques qui vouent un culte à un Plan mathématique (une référence évidente à la célèbre série de romans Fondation d’Isaac Asimov) ; Auntie’s Choice, la pure caricature d’une mégacorporation galactique ; et Sub Rosa, un groupuscule de contrebandiers qui profitent du conflit entre les autres factions pour mener ses sombres affaires. Cela donne un univers extrêmement cohérent et qui, malgré un humour caustique bien senti, traite de sujets particulièrement sérieux comme l’esclavage, la foi ou les dangers du consumérisme à outrance, entre autres thèmes forts. En tant qu’électron libre, on pourra donc essayer de trouver des alliés parmi ces différents groupes pour le bien de notre mission personnelle. Cela nous permettra par ailleurs de rencontrer, en plus de Niles et V.A.L.E.R.I.E., quatre autres compagnons, représentant une facette des factions du jeu. Chacun dispose d’une histoire franchement intéressante à suivre et des compétences uniques pour compléter notre équipe.

The Outer Worlds 2 Compagnons
Six compagnons aux caractères et motivations bien différents pour nous aider dans notre mission. © Geralt de Reeves pour Gameblog

On aura au fil de la quête principale droit à une myriade de missions secondaires pour le bien de l’une ou l’autre faction. Obsidian impressionne encore sur ce point par son talent d’écriture indéniable. Pas question ici de bêtes quêtes « Fedex », mais de véritables aventures en soi, avec d’importants dilemmes moraux et encore une totale liberté dans la manière de les aborder. De tels contenus annexes, The Outer Worlds 2 en regorge, au point même de faire oublier la quête principale. Avec le recul, celle-ci m’est même apparue moins marquante que certaines missions liées aux différentes factions ou à mes compagnons. Le jeu ne brille malheureusement pas non plus par une mise en scène particulièrement remarquable. La faute notamment à extrêmement peu de cinématiques bien épiques pour ponctuer l’aventure. Outre des quêtes malgré tout passionnantes à suivre, celles-ci nous récompensent comme il se doit avec des informations, de l’équipement, et évidemment des points d’expérience pour faire évoluer notre personnage. Au fil de la progression, jusqu’à un niveau maximal fixé à 30, on pourra ainsi investir des points dans une des 12 compétences disponibles, et acquérir des avantages spécifiques à chacune d’elle. Il est donc important de ne pas trop s’éparpiller, au risque d’avoir un build bancal qui va sérieusement nous compliquer la tâche par la suite. 

The Outer Worlds 2 Skill Check
On ne peut pas être bon partout, et le jeu a tendance à nous le rappeler très (trop ?) souvent. © Geralt de Reeves pour Gameblog

En plus de cela, une mécanique intéressante, mais un peu sous-exploitée, de son aîné fait son retour : les défauts. À force d’être confronté à diverses situations, le jeu va nous proposer d’adopter ou non un défaut. Avec mon build porté entre autres sur la discrétion, il m’a par exemple proposé le talent « Genoux fragiles », me permettant de me déplacer plus vite en position accroupie, au prix d’un bruit de genoux qui craquent à chaque fois que j’essaie de m’accroupir, au risque donc d’avertir les ennemis environnants. Tout au long du jeu, on m’a ainsi proposé une vingtaine de défauts bien loufoques et différents, que j’ai pu accepter ou non en fonction de leurs contreparties plus ou moins handicapantes.

The Outer Worlds 2 Défaut Exemple
Le système de défauts est un moyen original et assez loufoque de personnaliser encore plus son avatar. © Geralt de Reeves pour Gameblog

The Outer Wolrds 2 et son combat constant contre la corruption… et l’intelligence artificielle

Dans bien des cas, progresser dans notre enquête au sein du système d’Aurora impliquera fatalement de se salir les mains. Investir de précieux points dans les compétences Armes à feu ou Corps-à-corps est donc absolument indispensable. S’agissant des combats, The Outer Worlds 2 nous sert d’ailleurs une formule franchement solide, qui n’a pas tant que ça à rougir de FPS/TPS plus classiques, puisqu’il est possible de jouer tant à la première qu’à la troisième personne. 

The Outer Worlds 2 Combat CAC TPS
Jouer à la troisième personne se fait globalement assez bien. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Grâce à pléthore de pétoires et armes de mêlée, dont certaines uniques aux propriétés bien loufoques, comme le pistolet rétrécissant du premier qu’on retrouve dans sa suite, on a droit à un gameplay globalement bien rodé. Le feeling des armes est satisfaisant, et notre personnage se déplace avec agilité via des glissades, en escaladant des rebords ou grâce à des bottes permettant de faire un double saut (à obtenir via une quête secondaire). En plus d’être un RPG très complet, The Outer Worlds 2 propose donc des combats bien dynamiques et plaisants. Il est toutefois dommage qu’une intelligence artificielle vraiment pas futée et peu réactive vienne entacher l’expérience. On peut également reprocher, au même titre qu’une mise en scène très timide, l’absence de véritables « boss » marquants, la plupart prenant simplement la forme d’ennemis basiques avec une plus grosse barre de vie. 

The Outer Worlds 2 Combat FPS
La vue FPS est tout de même plus confortable... dommage que l'IA soit aux fraises. © Geralt de Reeves pour Gameblog

L’IA de nos compagnons n’est malheureusement pas mieux lotie. Ceux-ci peuvent se battre à nos côtés et utiliser leurs compétences spéciales à notre demande, à l’instar d’un Mass Effect, mais ont trop souvent tendance à rester bêtement à découvert. Dans systématiquement tous les affrontements, ils se retrouvent donc très vite à terre, nous laissant seul, à moins de perdre du temps à les réanimer pour qu’ils servent quelques maigres secondes de chair à canon. Il sera cela dit possible, comme notre avatar, de les faire évoluer avec des points à investir, en plus d’améliorer leur équipement en réalisant les quêtes liées à leur histoire. Là aussi, The Outer Worlds 2 nous gâte d’une écriture fine et d’une progression intéressante du caractère de chacun. Dommage cependant qu’on ne puisse pas engager de romance avec eux.

De grands espaces publicitaires qui mettent des étoiles dans les yeux

En tout et pour tout, The Outer Worlds 2 nous emportera au fil d’une bonne cinquantaine d’heures de jeu (si on veut en faire le tour au maximum) à travers plusieurs zones à explorer. Celles-ci prendront la forme de « mondes ouverts » à échelle réduite, qu’on pourra explorer librement. On n’aurait cela dit pas craché sur l’ajout d’un véhicule. Se balader exclusivement à pied est à la longue un peu lassant, malgré de nombreux points de voyage rapide relativement bien disposés à travers chaque région. Le titre nous encourage en tout cas à fouiller minutieusement ces vastes terrains de jeu, avec la promesse de différents équipements uniques, et de ressources à récolter pour les fabriquer et les améliorer. Contrairement à d’autres RPG similaires, on apprécie d’ailleurs qu’il n’y ait ni système d’usure de nos armes et armures, ni considération de poids. On peut alors looter à tout va sans perdre du temps superflu à gérer notre inventaire, pour mieux profiter de l’aventure sans se prendre la tête. 

The Outer Worlds 2 Carte Région
Il y a beaucoup de recoins explorer dans chaque région... mais exclusivement à pied. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Et ça tombe plutôt bien, car The Outer Worlds 2 profite d’une direction artistique typée « steampunk futuriste » belle et colorée, avec des environnements variés, portés par un Unreal Engine 5 bien exploité. On passe alors via des panoramas qui flattent la rétine d’une planète luxuriante à un désert, des montagnes enneigées, une lune stérile, et même un vaisseau qui fait office d’affiche publicitaire géante. Le tout est de plus très propre techniquement. Sur mon PC équipé d’une RTX 4080 SUPER, d’un Ryzen 7 7800X3D et de 32 Go de RAM, j’ai en tout cas pu jouer tranquillement à largement plus de 60 FPS, sans aucune chute de framerate. J’ai par ailleurs été confronté à assez peu de bugs, à part dans la toute dernière partie du jeu. Ce qui s’apparente à un Patch Day One a toutefois rapidement corrigé les rares problèmes relevés. 

The Outer Worlds 2 Direction Artistique
En plus d'être très joli visuellement, le jeu affiche également une technique très solide. © Geralt de Reeves pour Gameblog

On appréciera également une modélisation globalement réussie des personnages, avec une expressivité au niveau du visage et de la gestuelle plutôt bonne, là où Avowed se montrait particulièrement pauvre à ce niveau. On retrouve toutefois dans The Outer Worlds 2 le même syndrome de PNJ en mode « poteau », qui ne bougent pas de leur position et attendent sagement qu’on vienne à eux pour nous donner des choses à faire, ce qui nuit un peu à l’immersion.