American style

Le concept de Skate. n'est pas très novateur dans le fond. Tout commence par une vidéo d'intro complètement débile, dans le plus pur esprit Jackass, avec des stars de la discipline qu'on ne se privera pas de regarder plusieurs fois. Une grosse influence Hooks-Ups derrière, avec des gags très cons mais très bons. Vient ensuite la création de son gaillard, que l'on va habiller de la tête aux pieds avec les grands marques de la discipline (Nike et ses fameuses skate shoes "SB", Girl, Adidas, Volcom, Chocolate...) et on passe directement au mode carrière. Comme d'hab', vous commencez en sachant à peine taper un ollie et votre but sera de finir en couverture des magazines en plein double heelflip nosegrind sur un rail de 30 marches... et c'est tout ! En effet, Skate. est l'exact opposé d'un Tony Hawk, car dans l'ensemble les tricks et leurs combinaisons sont réalistes. Ceux qui se voyaient déjà grinder sur un câble électrique entre deux pylônes EDF peuvent passer leur chemin.

Pures sensations

Ne perdons pas de temps : Skate. est une tuerie, une petite merveille, un titre incontournable, le meilleur du genre, bla-bla-bla... Mais voyons plutôt pourquoi et comment Skate. a su détrôner le roi Tony dans les règles de l'art. C'est tout simplement l'alchimie parfaite d'un gameplay entre arcade et simulation qui offre un plaisir de jeu renouvelé. A l'aide du stick droit, on saute et on effectue les différents flips, le stick gauche servant quant à lui aux rotations. Boutons et gâchettes complètent les figures par des grabs et autres tweaks. La prise en main est instantanée mais se révèle assez coriace. Skate. ne donne pas le droit à l'erreur ; si vous ne plaquez pas bien droit ou que vous buttez sur le plus petit des trottoirs, c'est la fracture ouverte assurée. C'est le sentiment de perfection dans la réalisation des tricks qui pousse le joueur à persévérer et lui donne envie d'effectuer la figure parfaite. Après une bonne dizaine de gamelles, on exulte en passant le grind qui va bien ou la "ligne la plus longue" (il s'agit d'une série de figures enchaînées avec très peu de temps morts). Autre point fort pour un jeu de ce type, un son parfait. La planche qui tape le sol, les roues qui claquent sans problème, c'est le kiffe ultime, presque comme en vrai. On pourrait rapprocher cette satisfaction de rentrer un trick bien difficile à placer, demandant une longue préparation, avec le plaisir de marquer un beau but dans PES. A tel point que je me suis repassé certains tricks avec le mode replay, chose que je n'avais plus faite depuis Tony Hawk premier du nom...

Œil de poisson

Autre innovation du jeu, le parti pris d'utiliser une vue "fish-eye". Un plan large positionné dans le dos du skateur que l'on dirige, renforcé d'une lentille grand angle particulière. L'origine du nom provient de l'image au combien symbolique de la perception que peut avoir un poisson - rouge - dans son bocal... Bref, cette technique est employée depuis des années par les professionnels pour tourner des vidéos au plus près de l'action. De fait, le joueur a véritablement l'impression d'incarner son personnage, de le maîtriser, et surtout de ressentir tout le stress et la satisfaction de ce sport, dans un jeu vidéo. Encore une fois, le plaisir de jeu s'en trouve décuplé au moment de rentrer un trick. En revanche, si le fish-eye particulièrement bien rendu renforce d'autant l'immersion, il peut aussi gêner dans certaines phases de jeu, notamment au niveau des grinds pour lesquels il aura du mal à estimer la hauteur d'une bordure ou d'une rampe d'escalier avant de s'y engager. En réalité, plus les spots sont difficiles, plus ça en devient très très énervant et frustrant ! Dommage.

Un must have

Vous l'aurez compris les passionnés de skate ont enfin le titre qu'ils attendaient depuis des années et les autres découvriront une discipline ô combien technique, venue des kids californiens. La culture skate est bien mise en valeur. Bataille de spot, battle de tricks, gamelles à mourir de rire et j'en passe... dommage cependant que la board ne plie jamais. On passera rapidement sur l'aspect graphique qui se révèle très honnête sans pour autant casser trois pattes à un canard. Il assure en contre-partie une fluidité quasi parfaite tout au long du jeu (sur 360) et c'est bien là l'essentiel dans un titre pareil. Au final, Skate. se paye le luxe de renouveler le genre, de détrôner Antoine Faucon, et d'offrir un gameplay sensationnel. J'y retourne.