Une licence qui a d’office une connotation mignonette. Lorsque l’on pense à Pikmin, on pense forcément à ces petits êtres colorés qui nous courent après et qui suivent nos ordres sur un claquement de doigts. Ou plutôt, un coup de sifflet. Des créatures qui ont permis à Nintendo de carrément créer un genre à mi-chemin entre le jeu de stratégie en temps réel, l’aventure et même le puzzle game. Étrangement, les représentants ne courent pas les rues. En tête, il ne me viendra instantanément que Tinykin, un jeu français assez exceptionnel qui reprend au mot près le concept du jeu de Nintendo. Mais c’est à peu de chose près tout. Pourtant, le genre fonctionne à merveille et Pikmin 4 confirme que la recette ne prend pas une ride. Mieux, qu'elle peut même encore surprendre.

Un sauvetage qui dérape

Un vaisseau à la dérive, un capitaine qui s’écrase sur une planète "inconnue" qui rappelle quand même vachement la nôtre… cette histoire, on la connaît. Cependant, le fameux Olimar, personnage principal des précédents épisodes, n’est pas ici le grand héros. Non, nous, on incarne l’un des petits gars de l’équipe de secours. Et c’est après un atterrissage forcé (un autre crash en fait, ne nous mentons pas), que notre aventure commence. Le fil de la trame, mignon tout plein, ne visera pas à vous faire vivre de grands moments d’émotion en vous prenant aux tripes. Non, ici tout se déroule presque bien de A à Z. Le scénario est un prétexte au voyage, et on n’en demandera pas plus de toute façon. C’est Pikmin, pas Zelda Tears of the Kingdom.

Notre petit avatar de l’espace, que l’on se créera au lancement du jeu d'ailleurs via un petit éditeur de personnage tout ce qu’il y a de plus simple, rencontrera dès son arrivée Otchin, un "chien" à deux pattes et sans truffe qui nous suivra ensuite tout au long de l’aventure. Celui-là, on l’a déjà longuement vu dans les différentes présentations du jeu. C’est notre acolyte, notre bras armé et notre monture à ses heures perdues. Un compagnon mignon tout rond qui nous sera très utile tout au long du voyage. Ce petit gars est capable de presque tout faire comme un grand. Il peut aller se battre en encaissant une bonne quantité de dégâts, il est capable de soulever des objets, de nous permettre d’accéder à des endroits autrement inaccessibles et même de porter des dizaines de Pikmin pour leur permettre de traverser les chemins accidentés. Cerise sur le gâteau, Otchin peut être dressé pour devenir plus fort. Petit à petit, l’animal glanera des points de dressage que l’on pourra ensuite dépenser auprès d’un de nos amis survivants. Il pourra ainsi devenir plus fort, au point d’avoir une force équivalente à plusieurs dizaines de Pikmin, encaisser davantage de dégâts, etc… En d’autres termes, Otchin est un compagnon en or et en plus il a une classe folle!

De vraies petites fourmis

On travaille de jour comme de nuit dans Pikmin 4

Il ne sera clairement pas de trop à nos côtés pour affronter les environnements hostiles qui composent le jeu. Jardins, maisons, grottes… les décors sont plutôt variés, souvent très bien pensés et conçus d’ailleurs. Certains sont même plus vastes que dans les précédents opus, bien que généralement moins tentaculaires. Il est donc toujours question d’explorer ces zones plus ou moins grandes en récupérant un maximum de trésors et de matériaux possibles durant un temps limité. Puisque oui, Pikmin 4 reprend encore le concept de journée pour son exploration, ce qui nous poussera à ne pas trop traîner puisque comme tout le monde le sait, la nuit, le danger rôde et les Pikmin n’aiment pas ça.
Sauf que cette fois, Pikmin 4 épouse totalement le cycle jour/nuit et nous permet de faire des expéditions nocturnes grâce à une espèce justement, les Pikmin fluorescents.

Des petits êtres brillants (dans tous les sens du terme) qui deviendront des alliés de choix pour les sorties de nuit. Pas question d’explorer les mains dans les poches dans cette configuration puisque le danger est partout. La nuit, une substance rend les créatures sauvages hostiles et elles sont bien plus nombreuses que la journée. Il faudra donc redoubler de prudence pour faire face aux ennemis tout en récoltant un maximum de ressources, elles aussi en nombre la nuit. C’est là que les Pikmin luisants entrent en jeu. Ces derniers se promènent sans mal dans les endroits sombres et peuvent même étourdir les ennemis avec leur capacité leur permettant d'émettre une intense lumière. De nuit, tout est à la fois plus nerveux et plus intriguant, avec un petit aspect tower defense puisque votre principale occupation, outre récolter des matériaux, sera surtout de survivre face aux assauts répétés des créatures. Les expéditions de nuit sont assurément une bonne idée.

Pikmin 4 Nintendo
Fin de la journée, on rembale !

L'équipe de secours fait dans le light RPG

De jour comme de nuit, l'objectif principal de Pikmin reste tout de même l'exploration et la récolte. On se promènera donc à travers plusieurs environnements en les fouillant plusieurs fois pour bien en faire le tour et récolter ainsi toutes les ressources possibles. Plus on récolte, plus on verrouille de secteurs explorables. Bien entendu, l'objectif derrière tout ça est de retrouver et sauver nos camarades, chose qui se fera naturellement au fil de l'avancée. D'ailleurs, plusieurs amis que l'on sauvera proposeront par la suite des services très utiles. Entre deux missions, on retournera près de notre vaisseau qui fera office de hub et où chaque survivant souhaitant aider campera pendant que l'on part risquer notre vie. Oui, Pikmin suit lui aussi cette tendance désormais, et si l’on aurait pu penser que ça ferait tâche, il n'en est rien. C’est parfaitement intégré et cohérent.

Ce hub nous permettra donc de faire une petite pause entre deux expéditions et surtout de profiter de différents services offerts par nos camarades. L'un d'eux permettra notamment de dresser et d'améliorer Otchin, comme expliqué plus haut, tandis qu'un autre nous ouvrira les portes de son laboratoire. C'est ici l'un des personnages les plus importants d'ailleurs, puisqu'il nous permettra d'acheter des objets pour améliorer définitivement notre héros ou encore Otchin.

On y trouve des choses vraiment utiles comme des colliers permettant au chien d'être invulnérable à certains contrôles de foule (gel, brûlure, paralysie…) ou des outils pour l'exploration, comme un radar qui détecte passivement les trésors et points d'intérêt à proximité. Des consommables sont aussi disponibles pour nous aider à survivre lors de nos expéditions. Un aspect light RPG bienvenu qui apporte un peu de consistance et fait également ressentir une vraie montée en puissance (en restant raisonnable). Mais comme dans tous les autres opus, ce sont surtout les Pikmin les vraies stars. en fait.

Un hub où on retrouve nos copains, simple et efficace

Pikmin, exploration, baston et trésors

Il existe plus d’une dizaine d'espèces ayant toutes des particularités qui leurs sont propres. Les Pikmin rouges, par exemple, la base, sont insensibles au feu et représentent le gros des forces de base de notre petite armée. Ensuite, on a les Pikmin jaunes, insensibles à l'électricité, capables de creuser mieux que personne et pouvant être jetés plus haut que les autres Pikmin, ou encore les Pikmin de glace, pouvant geler les ennemis, mais aussi l'eau quand ils ne nagent pas directement dedans.

Quelques Pikmin sont particulièrement remarquables, comme les venimeux, insensibles au poison et capables d'empoisonner leurs adversaires, ou encore les Pikmin de roc, de gros bébés très robustes. Les mastodontes du coin. Et enfin les Pikmin luisants, dont je parlais plus haut, qui nous permettent de survivre de nuit. Il en existe bien d'autres, mais je ne vais pas en dresser la liste complète. Chaque créature a son intérêt et vous sera utile, et pas qu'une seule fois. Les différents environnements que l'on arpentera sont savamment conçus pour nous forcer à utiliser l'intégralité de nos petits copains pour récupérer des trésors, ouvrir des voies ou résoudre de petits puzzles sur le terrain. Comme dans les précédents épisodes, des objets, des combats de créatures ou encore certaines actions spéciales demandent un certain nombre de Pikmin. Les trésors les plus rares, ou les actions les plus importantes, demandent parfois plusieurs dizaines de petits monstres ou des créatures spécifiques pour être réalisés. Ce sera d’ailleurs à vous et vous seul de gérer votre petite armée en fonction de vos besoins. Une note de gestion que l’on retrouvait déjà dans les précédents jeux, mais qui ici prend une autre dimension puisque l’on peut maintenant compter sur Otchin pour compléter le groupe. Et ça ne parait pas, mais ça change un peu la dynamique et les approches, notamment lors des combats.

Bon après, Pikmin 4 n’est pas un jeu bien difficile et vous n’aurez pas trop à vous casser la tête. Par contre, n’espérez pas tout tracer à vitesse grand V, c’est impossible et ce n’est pas le genre de la maison.
Parce que oui, il est totalement impossible de visiter une zone complète en une seule fois, il faudra faire plusieurs expéditions en variant vos objectifs et en vous faisant accompagner par toujours plus de Pikmin. Si, au départ, vous ne pourrez en avoir que quelques dizaines, ce chiffre gonflera rapidement à mesure que vous améliorerez l'Oignon, votre base d'opération qui permet de faire apparaître vos créatures. Et quoi de plus amusant que d’avoir une centaine de petites bébêtes qui nous colle l’arrière train ? En résulte une espèce de cercle ultra-addictif où l'on a envie sans cesse d'explorer plus, pour avoir toujours plus de petites créatures derrière nous afin de bouger les objets les plus gros, généralement synonymes de grosses récompenses, et ainsi de suite. En cela, la formule est d'une efficacité redoutable et n’a presque pas changé depuis toutes ces années. Le jeu vous réservera tout de même quelques surprises, notamment à sa toute fin, qui n’est pas vraiment la fin… mais je vous laisserai découvrir par vous-même. Ici, on ne fait pas dans le spoiler.

Pikmin 4 test Switch
Otchin porte le monde sur ses épaules

A consommer sans modération

Quoi qu’il en soit, Pikmin 4 est un vrai régal à parcourir, on ne s'ennuie finalement pas un seul instant quand bien même le jeu nous demande sans cesse d’explorer les mêmes niveaux et parfois même plusieurs fois. On s’amusera même à récupérer des objets de notre quotidien érigés ici au rang d’artefacts légendaires dont l’utilité a totalement été transformée. Un bouton devient un “radeau d’observation”, une éponge à tableau, un “lit douillet” ou encore une pêche qui devient un “petit popotin”. Nintendo en profitera d’ailleurs pour placer une quantité folle d’easter egg amusants, parofis en lien avec son propre univers.

L’avancée dans l’aventure quant à elle, est plutôt bien fichue et mélange habilement les phases de récolte, avec les phases de puzzle. Ces dernières se passent généralement à huis clos dans des souterrains (une première pour la franchise) et font généralement avancer l’aventure en nous permettant de mettre la main sur des nouveautés. Globalement ça veut dire que c’est là-bas que l’on apprendra de nouvelles mécaniques ou que l’on découvrira de nouveaux Pikmin, mais ce n’est pas une science exacte puisque parfois, ces grottes ne font office que de transition nous permettant d’atteindre des zones inaccessibles autrement, puis de déverrouiller un raccourci.

Pikmin 4 se fait d’un trait, ou presque, puisque le jeu vous tiendra en haleine plus d’une douzaine d’heures au bas mot, et sans aller farfouiller dans tous les recoins. Honnête, mais on en redemande. Toutefois, le jeu a quelques cordes à son arc pour vous tenir en haleine après son générique de fin, sans compter le mode multijoueur qu’il serait dommage de sous-estimer.

Elle nous manque parfois cette "Dalle Avancée", c'est loin tout ça...

Le mode Duel Dandori, c'est génial

On ne parle pas ici du mode coopératif assez anecdotique qui place le second joueur dans la peau d’un… d'un rien du tout. En réalité, le second joueur ne contrôle qu’un viseur qui peut jeter des objets à tout bout de champ pour interagir avec le décor, on est loin d’être dans le fun. Non, Pikmin 4 a un vrai mode multijoueur, le Duel Dandori. Dans ce mode, deux joueurs s'affrontent en face à face dans des cartes plus ou moins grandes. L’objectif sera d’accumuler le plus de points possible en un temps limité. Il faudra donc récupérer un maximum de trésors dans la carte et empêcher votre adversaire d'en prendre. Pour ce faire, vous pourrez par exemple lui voler ses trésors en jetant plus de Pikmin que lui sur l’objectif pour lui piquer des mains, ou même demander à vos Pikmin de récupérer de saboter le score de votre adversaire en allant, par exemple, charger des objets explosifs dans son vaisseau.

Ça ne paie pas de mine comme ça, mais le Duel Dandori est franchement amusant et excitant. Là où vous pouvez presque prendre votre temps et jouer à la campagne en toute détente, le mode multijoueur prend tout le monde de court et vous demande de vous battre comme un acharné dans des affrontements qui se révéleront vraiment stratégiques et où vos réflexes seront mis à contribution. Une excellente surprise donc, qui aurait même mérité d’être davantage mise en avant avec, par exemple, un mode en ligne, puisque pour l’heure il n’est possible de jouer qu’en local. La bonne nouvelle, c’est qu’une Switch suffit puisque vous pouvez vous partager les joycons. De quoi bien s’amuser pour quelques soirées entre amis ou en famille à l'occasion d'un petit tournoi organisé sur le pouce, par exemple.

Pikmin 4
Les Duels Dandori sont vraiment, vraiment cool

Pikmin 4 fait simple, efficace et modernise sa recette. C'est parfait.

Ah, avant de conclure, vous aurez certainement remarqué que je ne relève pas grand-chose de négatif finalement, c’est simplement parce qu'en réalité, il n’y a pas grand chose à redire. Même sur le plan technique, Pikmin fait un sans-faute. Qu'il est agréable de pouvoir profiter d'un jeu sans une once de bug, pas même un personnage coincé dans le décor. Alors, il en existe peut-être, je ne dis pas, mais en tout cas durant ce test, je n’en ai rencontré aucun.

En fait, ce que l’on pourrait reprocher à Pikmin 4 serait éventuellement le fait qu'il ne va peut être pas assez loin. Il apporte quelques nouveautés et se modernise en se rendant plus amusant, stratégique et accessible, certes, mais dans le fond, c'est la même recette qu’il y a dix ans. Visuellement, c’est pareil. C’est joli comme tout, très mignon et coloré. La direction artistique se reconnaît au premier coup d'œil, mais elle ne cherchera pas à se réinventer ou à "marquer le coup" pour ce nouvel opus. On notera au passage quelques textures disgracieuses ici et là.

C’est donc davantage une affaire de goût ici, puisque dans les faits, ce n'est nullement pénalisable puisque l’expérience, elle, est excellente de bout en bout, passionnante et l’on ne s’ennuie jamais. Un chef-d'œuvre ? Non, je n’irai pas jusque-là, mais assurément un excellent jeu Switch et certainement LE jeu de cet été.