Le jeu de combat a le vent en poupe ces dernières années et la plupart des éditeurs l’ont bien compris. Entre Street Fighter 6, Mortal Kombat, Tekken 8, Guilty Gear Strive (et la liste ne s’arrête évidemment pas là), l’offre est conséquente, de quoi donner, aussi, des idées de revival à certains. C’est le cas de SNK, qui a relancé il y a trois The King of Fighters XV et qui cette année, dépoussière la saga Fatal Fury, avec City of the Wolves. Un épisode qui succède directement à Garou : Mark of the Wolves, sorti en 1999, soit il y a 26 ans. Tout cela ne nous rajeunit pas, mais Fatal Fury reste un nom important, culte, un “classique” du jeu de combat, de la borne d’arcade et de la Neo Geo. Reste désormais à faire honneur à cet héritage, tout en le rendant le plus sexy possible, le but d’un jeu vidéo, rappelons-le au cas où, étant de plaire à un public plus large afin de générer un grand nombre de ventes.

Cristiano Ronaldo pour quoi faire ?

TEST Fatal Fury City of the Wolves
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Pour cela, et avant de rentrer dans le gameplay pur et dur, Fatal Fury City of the Wolves a fait parler de lui avec un contenu bien particulier : l’accueil dans son roster d’un DJ international, l’Italien Salvatore Ganacci, réputé pour ses fantaisies lors de ses shows, et la star mondiale du football Cristiano Ronaldo. Deux personnalités qui n’ont rien à voir, mais qui touchent un large public, compte tenu de leur notoriété, des millions d’impressions qu’ils génèrent sur leurs réseaux sociaux et de l’engagement potentiel que leur arrivée dans un jeu vidéo, de combat qui plus est, peut provoquer. Après tout, soyons honnêtes, par curiosité, quel fan de ballon rond ne serait-il pas tenté d’essayer de jouer une fois dans sa vie avec CR7, autrement que dans une simulation de foot ?

L’ennui, c’est que dans un cas, on a senti la volonté de vraiment bosser le personnage pour l’adapter au jeu, tout en respectant son ADN et dans l’autre, on a moins voulu s’arracher les cheveux, alors que la portée publique du deuxième était probablement la plus forte. Déjà connu pour ses acrobaties et ses excentricités, Salvatore Ganacci joue les trublions dans Fatal Fury City of the Wolves et son gameplay, ses coups et sa façon de se déplacer, au-delà de l’aspect drôle qu’elle est censée susciter, se marie bien avec les mécaniques du jeu. Cristiano Ronaldo un peu moins, même si ses jongles avec le ballon et sa façon de l’utiliser (jongle sur place, frappe, reprise de volée) font de lui un parfait “zoneur”, un personnage capable de tenir ses adversaires à distance et de les harceler, les maintenant dans une zone précise, hors de portée d’une confrontation au corps à corps. On reviendra sur cet aspect plus tard, mais pour finir sur CR7, ce dernier n’est pas disponible dans tous les modes de jeu, à la différence de Salvatore Ganacci - ce qui devrait être rectifié plus tard - et sa modélisation nous a paru quelconque. Ok, c’est Cristiano Ronaldo, mais de loin quoi. Preuve, s’il en fallait, que son ajout est purement marketing, sans aucune volonté de faire vraiment quelque chose de chouette avec le personnage. Dommage.

Une mécanique solide, très solide même

TEST FF City of the Wolves
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Restons sur le gameplay. Entrer dans l’univers de Fatal Fury requiert de la patience et de la pratique, ce qui tombe bien puisque le jeu nous fournit un tutoriel détaillé, complet et réparti en trois étapes, avec les techniques de base, avancées et les techniques très avancées. De plus, un système d’exercices et de missions est aussi présent, afin d’effectuer les techniques apprises plus tôt. Libre à chacun dès lors d’appréhender le jeu comme il le souhaite et Fatal Fury City of the Wolves suit la tendance appliquée depuis quelques années, à savoir proposer une jouabilité évolutive au public : un style de commandes Arcade, donc classique, et un style de commandes spéciales, dit intelligent, qui se calque sur le mode Classique et le mode Moderne de Street Fighter 6 par exemple. Dans les faits, le deuxième type de commandes est vraiment pensé pour permettre au joueur lambda de s’amuser avec n’importe quel perso, sans forcément avoir besoin de le poncer pour cela. Évidemment, la pratique a une limite et tout le potentiel du personnage en question n’est pas exploitable avec ce mode. Encore heureux, diront les puristes.

Pour le reste, Fatal Fury est un jeu de combat qui prime l’agressivité. Les mécaniques de jeu sont faites pour harceler l’adversaire et le rendu à l’écran est plutôt satisfaisant. Les personnages sont grands, plutôt massifs et chaque coup porté fait mal, autant à la barre de vie qu'à vos oreilles, avec un effet adapté. Le graphisme en cel shading nous a plu, même si on a vu mieux niveau détails et finitions. Le jeu se veut aussi et surtout tactique, avec une barre, le SPG (Selective Potential Gear) qui est une jauge à ajuster soi-même dans le combat (au début, au milieu et à la fin d’un round) et qui booste considérablement les coups de votre personnage et permet l’usage de certaines attaques spéciales. Mais le plus important, c’est la jauge de REV, qui se remplit à chaque fois que l’on effectue des actions de ce type. Les options sont nombreuses : Rev Blow (qui permet d’attaquer tout en absorbant un coup porté), les Rev Arts qui boostent un coup spécial, le Rev Accel, qui permet d’enchainer deux Rev Arts et le Rev Guard qui assure une protection avancée contre les attaques adverses.

Une Histoire dont on n’est pas vraiment le héros

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Évidemment, comme toute ressource dans un jeu de ce type, la barre de REV n’est pas infinie. Une fois remplie, votre personnage entre en surchauffe et ne peut plus utiliser certaines attaques. Il devient plus lent, donc moins mobile. Le but est de gérer cette barre et ces effets, sans compter qu’une fois les arcanes de Fatal Fury bien maîtrisées, vous allez vous rendre compte du potentiel de combos et d’attaques énormes que le jeu propose, avec la possibilité d’annuler un coup, totalement ou en partie, voire même de ralentir son exécution pour pouvoir enchaîner une autre attaque derrière. Tout un programme.

On aurait aimé en dire autant du mode Histoire, baptisé “Episodes of South Town” et qui se résume à une succession de combats, répartis sur une carte avec trois zones distinctes. Le but est simple : battre tous les ennemis et/ou être suffisamment fort pour vaincre le boss de chaque zone, et ce jusqu’au boss de fin. Chaque victoire vous octroie de l’expérience et des compétences à répartir pour personnaliser votre combattant, sachant que vous pouvez choisir l'entièreté du roster sauf… Cristiano Ronaldo. L’idée a du bon, puisqu’après tout on est là pour enchaîner les combats mais, malgré une certaine variété (affrontement solo, mode survie…) on ne peut reprocher que l’approche vieillotte du concept. Les cinématiques laissent place à des visuels sans âme, les dialogues ne sont pas franchement intéressants. Résultat, on peine à entrer dans l’histoire et la motivation est relative quant au fait de rejouer plusieurs fois le mode avec les autres persos proposés.

Ce qui n’aide pas non plus, c’est l’interface, lente et lourde. Pour un jeu de 2025, le constat est terrible. La navigation est assez compliquée, on a l’impression d’avoir du lag à chaque commande demandée et le rendu n’est pas très sexy. Sans compter les temps de chargements intempestifs, jamais bien longs mais beaucoup trop présents et qui contribuent au manque de fluidité dans son ensemble de ce Fatal Fury. Du moins, en dehors des combats. Pour le reste, en ligne, pas de problème. Les combats sont fluides, le matchmaking cohérent et même avec des différences de connexion, lors d’un round, cela ne se fait pas du tout sentir en termes de réactivité. Tant mieux, car si Fatal Fury City of the Wolves vise un bel avenir, cela passera forcément par du contenu additionnel - cinq persos arrivent dans le premier Season Pass, qui sera entièrement gratuit, avec notamment Andy Bogard, Chun-Li et Ken de Street Fighter - et un mode en ligne aux petits oignons.

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