Il aura fallu un jeu indépendant pour que les JRPG au tour par tour reviennent sur toutes les lèvres. Clair Obscur Expedition 33 et son succès fulgurant n’ont laissé personne indifférent : le jeu est cité dans toutes les conversations avec les pionniers du genre, notamment Final Fantasy. Mais avant que les Frenchies prennent toute l’industrie de court, il y avait les ténors. Ceux qui ont donné leurs lettres de noblesse au genre et pavé la voie à cette nouvelle génération émergente, dont l’une des sagas les plus légendaires : Dragon Quest. Avec presque quatre décennies au compteur, l’influence de cette vénérable licence se fait encore aujourd’hui ressentir et Square Enix est plus que déterminé à permettre aux nouvelles générations de la découvrir dans les meilleures conditions possibles.
En novembre 2024, Square Enix entamait un chantier de taille : démocratiser la licence Dragon Quest en dehors de son territoire de prédilection. Si au Japon la saga est une véritable institution et sa popularité surpasse celle de Final Fantasy, c’est l’inverse en Occident. Il aura en effet fallu attendre 2006 et un huitième épisode cultissime pour que le public européen découvre le fruit de la collaboration entre Yūji Horii et Akira Toriyama (Dragon Ball). Depuis, l’éditeur japonais s’est donné pour mission de réintroduire sa saga, d’abord avec un remake de Dragon Quest 3 en HD-2D, ce dernier ayant conquis 2 millions de joueurs en trois semaines seulement. Un succès qu’il espère reconduire avec la compilation Dragon Quest 1 & 2 Remake, suites directes qui paraîtront ce 30 octobre 2025 sur PS5, Xbox Series, Nintendo Switch 2 & 1 et PC. Nous les avons testés et il n’y a pas de surprise. Si vous avez aimé la proposition précédente, vous pouvez l’acheter les yeux fermés.
Deux remakes plein de charme en un

Dans la continuité directe de Dragon Quest 3 Remake, les deux épisodes fondateurs de la saga nous replongent au cœur de la mythologie originelle de la série, communément appelée « la trilogie d’Elric ». Si chaque aventure peut être appréciée indépendamment, ces deux récits forment ensemble une suite spirituelle à l’épopée de cette figure légendaire, dont les exploits ont jadis ramené la paix sur le royaume. Des générations plus tard, cette paix fragile est de nouveau menacée, et sa descendance devra marcher sur les traces de leur ancêtre au cours de deux voyages distincts. Si l’histoire et les personnages changent d’un épisode à l’autre, l’essence des remakes reste la même. Chaque jeu reprend presque à la lettre la formule éprouvée de leur prédécesseur, tout en peaufinant une expérience déjà amplement remise au goût du jour. Les vétérans ayant terrassé l’Archidémon se retrouveront en terrain familier et, surtout, toujours aussi séduisant.
Dragon Quest 1 & 2 Remake fleure bon la nostalgie avec cette refonte en HD-2D, toujours aussi splendide et pleine de charme. Il y a de la beauté partout et tout le temps. Dans les sprites modernisés, les environnements plus vibrants que jamais ou encore les effets de lumière qui magnifient de jolis tableaux. C'est un véritable bonbon visuel dont on ne se lasse pas. Les compositions réorchestrées, les doublages (anglais ou japonais) de qualité, et la mise en scène, un peu plus travaillée pour cette compilation, transmettent une fois encore toute la candeur si singulière de la saga. Le duo de jeux conserve tout son charme, et l’on retrouve les options de confort qui ont permis de moderniser les aventures d’Elric, agrémentées de quelques ajustements et nouveautés bienvenus. Par exemple, on peut désormais changer la vitesse des combats à la volée, sans avoir à passer par les menus, ou mettre en surbrillance les attaques exploitant les faiblesses des ennemis, si le cœur vous en dit.
Dragon Quest 1 Remake, l'épisode le plus faible

Si les remakes de Dragon Quest 1 et 2 se ressemblent trait pour trait, ils se jouent différemment, et c’est bien là toute la saveur de cette compilation. Là où Dragon Quest 3 affichait une certaine modernité dans son classicisme grâce à sa profondeur de gameplay, les deux jeux originels en étaient dénués. Plus rudimentaires, ils ont nécessité un travail de modernisation allant au-delà des options de confort déjà introduites. Les écarts avec les versions originelles sont plus importants, mais ne trahissent jamais leur essence.
L’aventure de Dragon Quest 1 se vit en solitaire : on ne contrôle qu’un seul héros qui se bat seul du début jusqu’à la fin. Une singularité qui se ressent de bien des façons au combat, tant au niveau du rythme que de la stratégie, d’autant que le remake introduit un changement de taille. Là où les affrontements étaient autrefois systématiquement des duels, ce sont désormais plusieurs ennemis à la fois que l’on affronte. Dragon Quest 1 Remake gagne alors en difficulté, bien que notre héros élargisse son éventail d’attaques pour l’occasion. Ce n’est sans doute pas l’aventure la plus palpitante de la compilation, malgré l’ajout de nouveaux pans scénaristiques de bonne facture et de donjons supplémentaires, mais c’est fort heureusement aussi la plus courte. Les diverses options de confort et les nouveautés uniformisés d’un jeu à l’autre, comme les mini-médailles ou des parchemins à découvrir lors des explorations pour apprendre des compétences indifféremment de la montée de niveaux, rendent l’expérience suffisamment plaisante pour donner envie d’en voir le bout.
Un deuxième épisode qui a plus de charme

Sans débat, la vedette de cette compilation est Dragon Quest 2 Remake, qui a forgé sa légende par sa difficulté parfois impitoyable et ses musiques mémorables. Dans ce deuxième épisode, nous incarnons trois cousins, tous descendants d’Elric… enfin quatre désormais. C’est la nouveauté la plus notable du jeu : l’ajout d’un nouveau combattant, la princesse de Cannock. Un personnage plus versatile, qui manie l’art d’entraver les monstres. Soutien et bon assaillant, la nouvelle tête blonde change par là même l’équilibrage du jeu. On rassure les puristes tout de suite : si elle facilite bel et bien les affrontements, Dragon Quest 2 Remake n’a rien perdu de sa difficulté. Le jeu peut toujours se montrer aussi sans-merci, notamment dans ses débuts, et même lors de combats de boss, dont certains ont été ajoutés spécifiquement pour ce remake. L’arrivée d’une quatrième combattante rend juste les combats un peu plus confortables, notamment pour les néophytes.
L’aventure gagne aussi en charme grâce à la personnalité solaire de la princesse et aux nouveaux scénarios, dont celui qui nous emmène sous l’eau, réussi surtout par son affrontement final et sa direction artistique, plus que par son écriture. Quelques nouveautés et ajustements, eux aussi bienvenus, viennent dynamiser l’ensemble, comme les tickets de tombola à récupérer tout au long de nos péripéties pour gagner des équipements rares, ou encore les sceaux, qui modifient désormais les combats en apportant de nouveaux attributs ou compétences. Dragon Quest 2 Remake se dévore davantage, c’est une petite douceur parfaite pour l’automne.
