Avec Four Last Things, Joe Richardson n'avait heureusement pas dit son dernier mot. Car celui qui décrit probablement le mieux ses oeuvres, le collage en l'occurrence, s'applique également à son successeur spirituel - dans tous les sens du terme - The Procession of Calvary. La toile éponyme de Pieter Brueghel fait ainsi partie des décors de cette production, composée de divers paysages et personnages issus d'autres peintures datant de la Renaissance. A commencer par la Bellone de Rembrandt, héroïne ici munie d'une épée et bien décidée à poursuivre le massacre malgré la fin de la guerre. Ce processus créatif de découpage se traduit donc non seulement à travers un rendu visuel saisissant, souligné par de subtils ajouts d'animations, mais aussi dans le scénario, ou plus exactement la succession de saynètes que suggèrent ces assemblages étonnamment cohérents. Le ton décalé tantôt satirique, tantôt trivial, voire franchement vulgaire des dialogues provient en effet de ces associations improbables imaginées par l'auteur. Par conséquent, mieux vaut partager son sens de l'humour pour avancer sans fâcheux contretemps. D'autant qu'à l'instar de l'irrévérence des propos politiques ou religieux, ce Point and Click prend le risque de donner la possibilité d'occire les protagonistes qui viendraient à ralentir, ou même bloquer les opérations avec leurs énigmes trop barrées. Des choix radicaux qui ont naturellement des conséquences sur la, ou plutôt les conclusions. Aux joueurs, souvent sollicités directement en abattant plus ou moins lourdement le fameux quatrième mur, d'en juger en somme. Idem quant à l'appréciation de cette production subversive, résolument personnelle.