Après Hellpoint, qui semble partager le même héros que le jeu qui nous intéresse aujourd'hui, et avant le premier DLC de Nioh 2, toujours dans le même style, c'est au tour de Mortal Shell de passer à la moulinette du TEST en bonne et due forme. Chauffe Marcel !

Mortal Saint-Jaques

Après avoir arpenté les mêmes couloirs de tutoriel que dans la démo, le zombie qui vous servira d'avatar virtuel dans Mortal Shell va se mettre en quête d'explications. Une aventure toute en filigrane, que vous pourrez parcourir sans vous soucier du pourquoi ni du comment, ou creuser un peu, via quelques descriptions d'objets, un peu particulières cette fois-ci comme nous le verrons un peu plus tard dans ce TEST, ou des conversations cryptiques avec certains PNJs. Mais en tous cas, malgré sa narration quasi absente, avec des dialogues anglais et des textes français, l'univers est séduisant. Que ce soit dans ses décors, ses monstres ou son héros, Mortal Shell propose un design qui saura accrocher le plus grand nombre, perdu quelque part entre la dark fantasy et les folklores celtes et nordiques. Seule la partie sonore semble un peu en retrait, avec des musiques convaincantes, mention spéciale aux mobs qui jouent du Luth , mais aussi des bruitages plutôt répétitifs, avec beaucoup de râles de monstres.

Balancé dans un monde impitoyable, notre héros devra donc se frayer un chemin dans les niveaux, articulés autour d'un grand noyau central. Si le milieu est très labyrinthique et sert de dangereux Hub géant pour l'exploration du reste, les donjons à visiter, séparés par des temps de chargement, sont plus linéaires, malgré la présence de quelques "raccourcis des familles". Malgré tout, l'exploration se montre intraitable, puisque vous ne disposez pas de fiole de soin, et qu'il faudra compter sur des consommables plus ou moins efficaces. Aussi, les mobs sont très dangereux, notamment en groupe, et n'hésitent pas à se planquer pour mieux vous attaquer dans le dos. Clairement, si l'univers de Mortal Shell n'est pas le plus vaste jamais vu dans un Dark Souls-like (il s'avère plutôt court si on le compare au maître), on prend tout de même pas mal de plaisir à en découvrir les nombreux pièges et secrets, et ses petites subtilités comme les animations qui permettent d'accéder aux combats de boss, souvent "fatales" pour notre avatar.

Une coquille dans le potage

Si l'exploration n'est pas de tout repos, c'est bien souvent à cause des combats, implacables dès les premières minutes. Devant composer avec la formule classique vie/endurance/magie, il ne faudra pas foncer tête baissée ou ce sera la mort assurée. Mortal Shell se targue d'être encore plus rude que la concurrence, et sur certains points, certains seulement, c'est le cas. Ici, pas de bouclier, mais deux mécaniques défensives aux timings serrés : le contre, qui doit être chargé, et ne peut pas tout parer, notamment contre les boss, et une autre fonctionnalité plus originale : la possibilité de durcir son corps, en le rendant immobile, pour absorber tous les dégâts et même sonner un ennemi qui tapera alors dans une surface aussi dure que de la pierre. On pourra même, et il le faudra tant les ennemis sont retors, durcir sa peau au beau milieu d'un combo quitte à l'interrompre, pour encaisser, sonner puis riposter aux attaques ennemies qui ne laissent bien souvent aucune autre fenêtre pour porter son attaque. La jouabilité est intéressante, les combats contre plusieurs ennemis difficiles, le bestiaire assez varié, mais le tout souffre d'une certaine rigidité, d'un peu de lenteur et d'inertie. Les animations aussi, même si certains coups restent très spectaculaires. Aussi, les boss sont dangereux, mais une fois leurs patterns assimilés et leurs failles identifiées, on n'en fera plus qu'une bouchée, même si le combat comporte plusieurs phases. Malgré tout, impossible de ne pas pester devant les temps de chargement longuets entre deux morts, lorsque le point de réapparition se situe juste à côté de l'antre d'un boss...

Fort heureusement, pour se simplifier la vie, on aura à notre disposition un système de Shell. Le héros pourra trouver dans la grande zone centrale, un peu cachées, parfois défendues par un boss, quatre "coquilles". Chacune possède ses propres caractéristiques, et on peut donc changer de build de personnage en cours de partie, en échange d'un objet consommable. Le chevalier possède une barre de vie géante, le voleur de l'endurance presque infinie, un autre est spécialisé dans la magie et le premier que vous trouverez est le plus équilibré des quatre. Pour les plus courageux, il sera bien évidemment possible de finir le jeu sans utiliser de coquille, et restant sous la forme d'un zombie zarbi à moitié à poil ! On pourra aussi gagner quelques nouvelles armes en combattant à nouveau le boss du tutoriel.

Bernard L'Hermite

Le système est intéressant, mais comme les autres aspects du jeu, imparfait. Même si on gagne de l'expérience dans les combats, et qu'on la perd en cas de décès - à ce propos, Mortal Shell propose un système de second chance à la Sekiro - elle ne sert qu'à acheter des objets, des améliorations d'armes, avec d'autres items uniques, des coups spéciaux et des compétences. Propres à chaque coquille, ces dernières sont peu nombreuses, et si certaines sont utiles, la plupart sont futiles. Ne comptez pas vaincre une difficulté récalcitrante avec un peu de farm, il faudra maîtriser les subtilités du système. Code Vein est loin devant et l'aspect RPG est ici vraiment réduit à peau de chagrin.

Il y avait pourtant quelques bonnes idées, comme le fait que les objets sont inconnus au départ, que leur utilisation révèle leur fonction - parfois piégeuse - et que c'est en les utilisant plusieurs fois que l'on apprendra à vraiment s'en servir et que l'on gagnera les fameuses descriptions d'objets qui vont nourrir l'univers avec moult anecdotes diverses et variées. Dommage. Mortal Shell n'en reste pas moins plutôt agréable à parcourir, mais dans les jeux du genre sortis cet été, on lui préfère Hellpoint, plus classique, mais autrement plus efficace.