Bien entendu lorsqu'il suffit de changer un numéro sur la jaquette d'un jeu, on est vite tenté de ne faire qu'une mise à jour des sponsors voitures et pilotes pour coller à la saison en cours. Investissement minimum, profit maximum. Au fil des années, la série de Codemasters a plus ou moins évolué selon ses éditions. Cette fois, il semble bien que l'équipe de développement ait décidé d'écouter les joueurs qui réclamaient un plus plus de drama et d'âme.

Drive to Survive

Car il ne suffit pas de placer toutes voitures du championnat méticuleusement reproduites pour qu'il se passe quelque chose d'intéressant sur la piste. Avec le mode Point de Rupture, vous allez tour à tour incarner Aiden Jackson et Casper "Cas" Ackerman. L'un est un jeune premier prometteur, l'autre un vétéran encore performant, mais sur la fin de sa carrière en F1. Une configuration qui fait les choux gras des journalistes sportifs, puisque les deux bonshommes ne s'entendent pas forcément très bien.

L'histoire se déroule à l'aide de cinématiques entre les courses, mais également pendant celles-ci à des moments clefs. Vous prenez le volant en cours d'épreuve, ou depuis le départ avec des objectifs qui collent au scénario. On retrouve ici des histoires qui font rapidement penser à la vie de la F1 décrite dans le docu-reportage Pilotes de leur destin ou Drive to Survive en anglais dans le texte. Ce mode scénarisé s'avère plutôt sympathique, le doublage en français correct, et c'est une aventure qui vous fera rouler pendant un peu moins de 8 heures avant d'arriver au bout. Les dialogues sont corrects, le scénario assez convenu et si on peut enfin se réjouir d'avoir une histoire, on regrette que ce galop d'essai ne soit pas transformé avec quelque chose de plus profond encore.

On regrette par exemple, qu'il n'y ait aucune référence plus directe à l'actualité récente de la Formule 1 ou à des événements marquant de la discipline (surtout qu'autour des deux personnages fictifs, on croise les véritables pilotes). Certes, nous ne sommes pas sur un jeu dont le côté narratif doit être la première qualité, mais comme c'est un des éléments qui sont mis en avant pour cet opus 2021, on aurait aimé un peu de rab. Peut être que des DLC arriveront ?

Plus en phase avec la Formule Un

Autre mode qui change un peu le fond, mais pas la forme, la Saison réelle qui va reprendre le classement des équipes de la saison en cours. À vous de choisir qui vous allez remplacer et voir si vous pouvez changer la donne. Il s'agit d'une alternative au mode Carrière classique (toujours présent) plutôt bienvenue. Cette intégration de la simulation au monde réel n'est pas encore au niveau d'un NBA 2K (interviews, résultats des matchs en actualité...), mais c'est un bon signe pour l'avenir. Tant qu'à disposer d'une licence FIA pour représenter ce sport, autant en tirer le maximum.

Le mode Mon écurie est d'ailleurs mis à jour régulièrement avec les statistiques réelles de la saison, histoire de coller aux véritables performances. Celles-ci ne sont pas figées et il est heureux de pouvoir coller le plus possible à la réalité. Tout cela donne presque le vertige tant les modes de jeu et les possibilités sont nombreuses.

Vous pouvez bien entendu jouer en réseau, créer des ligues, participer aux futurs championnats eSport, jouer en écran partagé, choisir de gérer toute l'écurie, ou vous concentrer uniquement sur le pilotage... Les alternatives sont pléthoriques et le contenu à l'avenant. Que vous ayez envie d'être le plus réaliste possible ou de juste en faire un jeu d'arcade, F1 2021 s'adapte à presque toutes les envies.

Son interface très claire vous permet de vous en sortir et des aides contextuelles vous font comprendre à peu près tout ce qu'il y a à savoir. Goutte d'huile sur le bouchon, les "Pit Points" cèdent aux sirènes mercantiles des achats in-game pour des options aussi superflues qu'indispensables : nouvelles tenues, casquettes, attitudes, livrées, sponsors... Tout cela bouge bien entendu avec votre carte d'identité de pilote et votre progression en niveaux (façon RPG), mais l'argent fait tout avancer plus vite... Les divers challenges qui offrent des bonus d'expérience prennent alors tout leur sens.

Une conduite sans fin

Concernant les sensations, F1 2021 était déjà très proche de la perfection. Pour autant qu'il nous est possible de juger du réalisme d'un baquet dans lequel nous ne mettons jamais les fesses... Ceci dit, une fois les assistances retirées, la conduite est éminemment intéressante et gérer sa concentration et la voiture sur une course complète est un plaisir. Le challenge de garder l'engin sur la piste est déjà satisfaisant en soi mais le plaisir vient ensuite à chercher les dixièmes sur la trajectoire idéale tout en ménageant la monture.

Il faut conduire tout autant avec la tête qu'avec ses réflexes. Faut-il changer la richesse du moteur pour gagner une demi seconde ? Au contraire, vais-je rester derrière pour profiter de l'aspiration garder des temps assez bons, mais économiser ma réserve ERS ? Faut-il que je respecte le plan de mon arrêt au stand alors que la piste est libre et que les pneus me permettent encore de faire de bons chronos ? Vais-je sortir dans le trafic ou en piste dégagée ? Autant de questions en course qui nécessitent d'utiliser l'interface pour reconfigurer la voiture correctement (son attitude change en fonction de l'état des pneus et de son poids en consommant le carburant). Le principe reste le même et peut-être faudrait-il ici aussi évoluer un peu en proposant des raccourcis préenregistrés ou un pseudo "bullet-time" afin de ne pas perdre la piste de vue. Pourquoi pas non plus proposer ces choix en centre de l'écran avec beaucoup de transparence pour que le regard n'aille pas se perdre en bord de cadre ?

On peut aussi considérer que cela fait partie des difficultés à gérer pour un pilote virtuel. Quoi qu'il en soit, vous n'aurez pas assez d'une année pour maîtriser tous les tracés et vous adapter à toutes les situations de course. Des situations bien gérées dans l'ensemble par l'IA qui se place juste ce qu'il faut pour ne pas vous laisser les portes grandes ouvertes et fait aussi le nécessaire (peut être un tout petit peu trop ?) pour éviter de vous harponner. Si vous ne jouez pas en ligne, le peloton est géré de façon tout à fait satisfaisante par le CPU.

Le mot de la F1N

F1 2021 assure une transition plus intéressante que ne l'avait fait son prédécesseur. Vous n'y trouverez pas de révolution, mais un ajustement de trajectoire salutaire pour la série. On ne peut pas demander à un jeu sensé simuler une épreuve qui ne se réinvente pas à 100% d'une année sur l'autre de renverser la table.

Les bases techniques sont solides, la modélisation des voitures et des dégâts sont tout simplement bluffants et les temps de chargement sur PC aussi bien que sur PS5 sont très courts (le PC d'essai est équipe d'un SSD et d'une 2080 Super). Bien sûr, le jeu est plus beau sur ordinateur grâce en partie au Ray Tracing et il a été possible d'y jouer à 60 FPS en constant et en ultra sans avoir une configuration délirante. La PS5 vous propose de donner la priorité à la qualité graphique ou à l'animation. Astuce : désactivez le rétroviseur central si vous voulez pouvoir à la fois avoir une belle fluidité et rester en meilleure qualité sur la PS5. Si vous avez la curiosité de brancher votre DualSense sur le PC vous pourrez constater que le retour haptique est identique à celui de la PS5. Vous aurez ainsi des sensations plus précises, car le point de résistance de la gâchette correspond à la limite de blocage des roues en appui maximum. Cette édition 2021 a donc tout pour plaire et si vous hésitiez à vous mettre à jour l'année dernière, il n'y a plus de doute cette fois.