Petit instant nostalgie : en l’an de grâce deux mille, le petit Joniwan - seize ans - découvre les joies du hack’n’slash avec un titre révolutionnaire et plus que marquant. Il avait déjà vu jouer son petit frère - alors âgé de 12 ans, #balance ton PEGI - au premier épisode, et il profita d’un instant d'inattention de ce dernier pour lui subtiliser le CD-Rom d’installation. S’ensuivront d’innombrables heures à arpenter les plaines de tristram et à jouer à Tetris avec l’inventaire d’un barbare répondant au doux nom de ‘Vigo, fléau des Carpates”, et tout cela, au lieu de faire ses devoirs. Bravo !

Deal with the devil

Aux commandes de cette version revisitée de Diablo 2, on retrouve Vicarious Vision, un studio de la région New Yorkaise plutôt habitué aux portages en tous genres. Pour la petite histoire, votre serviteur avait joué à un de leurs jeux en même temps que Diablo 2 : Tony Hawk Pro Skater en version GBA. Notez aussi que c’est à eux que nous devons la version 1+2 du jeu de skate précédemment cité sortie l’an dernier. A priori, nous sommes donc entre de plutôt bonnes mains pour le projet qui nous intéresse aujourd’hui. Mais le challenge reste de taille : la mission qui leur à été confiée aujourd’hui est de remettre au goût du jour un monument, la presque consécration d’un genre, le hack’n’slash qui portera même un temps une étiquette avec son nom : Le Diablo-Like ! 

Turbo-Land

Passé l’usine à gaz de la connexion à Battle.net quand tu as oublié ton mot de passe, clairement, dès le logo Blizzard qui défile au lancement de l’application, on est en terrain connu et la couleur est annoncée : cette mini cinématique dévoile un aspect résolument rétro, mais ne s’affiche pas en 680x400 : un avant-goût de ce qui vous attend dans le jeu. A savoir, une expérience quasi-identique en termes de gameplay, de RPG, de loots à gogo et d’exploration. Seuls les graphismes ont vraiment changé, et là, c’est le grand ravalement de façade.

On aurait du mal à comparer le résultat de ce Diablo 2 Resurrected avec ce que propose par exemple Demon’s Souls sur PS5, puisque la caméra est isométrique, vue de haut, mais le gap générationnel entre les deux versions du jeu est aussi spectaculaire pour l’un comme pour l’autre. Notez qu’un mode classique en 680x400 sera quant à lui de la partie, et qu’on pourra switcher entre les anciens et les nouveaux graphismes d’une simple pression sur une combinaison de boutons. 

Tir à Baal réel

Quand on choisit d’évoluer avec les graphismes de la remasterisation, clairement, on en prend plein les mirettes. C’est beau, les lumières sont belles, tout comme les textures ou les reflets dans l’eau. Mais on aura bien du mal à juger les modèles 3D à une si grande distance. Mais clairement, le tout fait son petit effet, et ce même si on pestera parfois envers un certain flou ambiant lors des déplacements, ou de petits tressautements de la caméra lorsque l’action devient trop intense.

Notez que les cinématiques ont été entièrement revues, et que si elles gardent exactement la même mise en scène, comparatifs à l’appui, elles sont bien plus belles et modélisées avec des moyens actuels. Clairement, en des termes purement visuels, sur PS5, le remaster fait très bien le taf, avec en plus, la possibilité de choisir entre un affichage en 4K ou 60 FPS.  

Flou artistique

La bande son marche encore à merveille, avec des compositions qui n’ont pas mis longtemps à revenir hanter notre fibre mélodique, et les dialogues sont quasi identiques. Si la narration de Diablo 2 - hors cinématiques - est un peu datée en 2021, force est de constater que cela fonctionne toujours malgré tout. Et ne parlons pas du design, des décors, des bêtes ou de votre héros : cela reste encore ultra varié et aussi qualitatif aujourd’hui, même si les skins d’armures ne sont toujours pas légion. Mais ne vous y trompez pas, si l’expérience visuelle à bel et bien été améliorée, en termes de jouabilité, c’est une autre paire de manches...

Super Diablo 2 Turbo

Au même titre qu’un Demon’s Souls, qu’un Mass Effect Legendary Edition ou qu’un Wonder Boy III, l’expérience en termes de jeu sera la même qu’avec la première édition du jeu. Et si quelques conforts vous sont accordés - l’or se ramasse seul et le coffre est plus grand - sur le reste, c’est quasi identique, et parfois, bien austère. Si la partie RPG est toujours aussi démentielle, avec du loot à n’en plus finir et des heures à passer dans les menus, l’ergonomie de ces deniers laisse clairement à désirer, et le tout petit inventaire de votre héros vous forcera à faire de multiples aller-retour en ville pour vous débarrasser du surplus !

Coté action, c’est encore très nerveux malgré l’eau qui à coulé sous les ponts, et attendre que sa potion de soin ait fait effet est un stress permanent. Le côté “die & retry”, voire “rogue très lite” est toujours très présent, et la mort douloureuse car elle vous force à revenir sur les lieux de votre trépas - sans encombre de préférence - pour récupérer votre précieux stuff si chèrement acquis. Le level design à quant à lui bien vieilli, et se montre très anguleux. Il faut dire qu’on a pas mal joué à Diablo III entre temps, mais au diable les zones rectangulaires qui s’enchaînent, on prend toujours autant de plaisir à poutrer du mob par palettes de cent. 

Une vraie résurrection ?

Enfin, sachez que si vous craquez et que vous vous acquittez des 40€ demandés au lancement de ce Diablo II Resurrected, vous aurez d’autres choix que celui de jouer avec d’anciens ou de nouveaux graphismes. Comme par exemple la version du jeu - avec ou sans extension, pour 5 ou 7 classes - mais aussi la difficulté, qui peut vite devenir démentielle : outre les modes enfer qui demanderont patience et doigté, le mode extrême proposera encore au plus fous d’entre vous de tenter de finir le jeu sans jamais mourir, sous peine de devoir tout recommencer…

Si vous visez le 100% de trophées, accrochez-vous, et vous en aurez clairement pour votre argent. Aussi, sachez que vous pourrez partager votre progression entre toutes les plateformes si d’aventure vous décidiez d’investir dans deux versions différentes de ce Diablo 2 Resurrected. Notez enfin que la coopération ne se fera qu’en ligne et pas en local comme avec les précédents jeux de la licence sur console, un mal pour un bien tant cela pouvait devenir source de crêpage de chignon en direct pour des histoires de loots volés...