Dans la longue liste des ex-arlésiennes du jeu vidéo, je demande Dead Island 2 ! Voilà presque 9 ans que la suite de Dead Island a été annoncée en grande pompe à l'E3 2014. Alors que le jeu devait être développé par Techland, il a changé plusieurs fois de mains avant que Deep Silver ne décide de confier le projet à Dambuster Studios. Les développeurs anglais sont connus pour Homefront : The Revolution. Un choix payant qui fait de Dead Island 2 un incontournable pour les fans de zombies ? Notre cœur balance, et pas qu'à cause de la vue du sang.

De charmants tueurs

Avant de vous lancer en pleine action, vous devrez choisir le personnage avec lequel vous vivrez l'intégralité de Dead Island 2. Les "tueurs" sont au nombre de cinq : Dani, Bruno, Jacob, Amy et Ryan (un sixième personnage arrivera plus tard). Chacun possède ses propres statistiques de base. Si vous préférez un personnage agile, mais peu résistant, il faudra choisir Amy. Les plus bourrins jetteront certainement leur dévolu sur Jacob. Au final, le choix du personnage n'orientera pas véritablement votre façon de jouer. Ce qu'on apprécie, c'est surtout que chaque protagoniste apporte un ton différent à l'aventure (léger pour Dani, plus sérieux pour Ryan).

Comme son prédécesseur, Dead Island 2 commence fort avec, cette fois-ci, un crash d'avion. Une fois les premiers effets visuels aperçus et quelques dialogues avec les PNJ, c'est incontestable : le titre de Dambuster Studios est très joli. Tant au niveau des textures que des différents visages que l'on croisera durant l'aventure, Dead Island 2 s'en sort très bien. Côté direction artistique, nous sommes un peu plus mitigés. Le jeu souffle le chaud et le froid avec quelques lieux qui ne manquent pas de cachet et d'autres beaucoup trop convenus, surtout dans le premier tiers du jeu.

Heureusement, on apprécie particulièrement l'effort réalisé sur la mise en scène et la narration, de manière générale. Attention, on ne vous dit pas que le scénario va vous faire tomber à la renverse, loin de là. Mais l'histoire plutôt convenue se laisse suivre justement parce que les dialogues importants rythment plutôt bien la progression et nous immergent dans cette L.A. désolée. On alterne entre des moments légers et d'autres au ton bien plus graves, ce qui fonctionne plutôt pas mal. Les animations faciales ne font pas de merveilles mais, grâce au voice acting très réussi, on suit avec plaisir les cinématiques du jeu.

Les personnages que vous croiserez sont plutôt intéressants.

Un manque de sensations dans les combats

Bien sûr, ce n'est pas par sa finesse que Dead Island 2 ambitionne d'attirer les joueurs. Cette plongée au coeur de Los Angeles ne serait rien sans son tas de zombies à dégommer. A l'instar du premier Dead Island, la part belle est faite aux armes de mêlée. Vous disposez de tout un tas d'outils pour démembrer vos ennemis : batte de base-ball, hache, clé anglaise, poing américain, katana, ou encore club de golf. On s'amuse à essayer de toutes les utiliser et à tuer les zombies de plusieurs manières différentes. Chaque arme possède une attaque faible et une attaque puissante. Malheureusement, les attaques faibles manquent clairement d'impact et surtout, sont étonnement très lentes. On a presque l'impression d'essuyer le sang de notre arme sur le zombie plutôt que de le frapper.

Ce sentiment de lenteur est encore plus marquant avec les armes plus lourdes. Impossible de les utiliser sans préparer votre coup bien en avance pour ne pas vous faire submerger. Lors de notre partie, nous avons privilégié les frappes puissantes, qui, elles, sont redoutablement efficaces et permettent de démembrer facilement les zombies. Un plaisir, autant pour les armes contondantes que tranchante. Le démembrement FLESH fait donc très bien le job, que les ennemis soient debout ou au sol. Jouer les bourrins est aussi bien plus efficace que de miser sur la mécanique d'esquive et de contre du jeu, car le tout se révèle relativement imprécis. Même si réussir permet d'asséner un coup critique à l'ennemi, difficile de prendre du plaisir à s'en servir, sauf contre les trop rares boss du jeu. L'utilisation des armes à feu peut aussi vous sauver la mise dans certaines situations, mais là encore, le tout manque vraiment de patate.

En revanche, on s'amuse bien à utiliser l'environnement pour réguler la population de zombies. Le feu, l'électricité ou encore le vide, ils n'aiment pas ça. Les batteries et l'eau au sol (ou dans les piscines) peuvent créer des flaques meurtrières, alors que l'essence ne fera pas bon ménage avec vos cocktails molotov. Rivaliser d'ingéniosité pour faire ressortir notre côté bourrin nous a fait oublier le manque de diversité du bestiaire. Il existe surtout plusieurs versions d'un même ennemi (électrisé ou explosif, par exemple) que des zombies radicalement différents les uns des autres. L'hurleur, qui peut rameuter un tas d'ennemis si vous le laissez crier, sort du lot. Le sprinteur sera certainement l'ennemi qui vous gênera le plus, car il est le seul capable d'esquiver vos attaques.

Monarch Studios, la meilleure zone du jeu.

Plus une promenade qu'un périple

Dans Dead Island 2, chaque arme possède un degré de rareté et peut surtout être personnalisé. Vous pouvez y appliquer un modificateur, capable d'infliger une altération d'état et des avantages qui augmentent les statistiques de l'arme (dégâts, coups critiques, durabilité...). Mais la personnalisation ne s'arrête pas là. Dambuster Studios introduit un système de compétences assez complet qui s'articule autour de cartes. Ce système se compose en cinq parties. Les cartes d'aptitudes débloquent de nouveaux mouvements, comme la capacité de frapper le sol pour déstabiliser les ennemis. Les cartes de survivant appliquent des bonus aux aptitudes, ce qui nous pousse à chercher une bonne synergie entre ces deux catégories. La catégorie "tueur" concerne les cartes réservées à votre personnage ainsi que d'autres buffs. La dernière, Numen, concerne une capacité spéciale dont nous ne vous dirons rien ici pour garder la surprise.

Problème, on chercherait vraiment à exploiter au maximum les mécaniques RPG de Dead Island 2 s'il ne souffrait pas d'un écueil : celui d'être beaucoup trop facile. On peut parfaitement travers les zones du jeu sans trop se poser de question, là où l'on aurait aimé que le titre nous pousse à avancer pas à pas, voire en regardant par-dessus notre épaule de temps en temps. La tension est presque totalement absente, hormis vers la fin de l'aventure et pendant les trop rares combats de boss. Le sound design pourtant bon ne suffit pas à créer un sentiment d'oppression. Ne comptez pas sur un cycle jour-nuit pour vous mettre un peu plus en état de stress : il n'y en a pas.

Si vous choisissez de foncer à votre objectif sans calculer les zombies, vous ne rencontrerez presque aucun obstacle. En parlant d'objectifs, on regrette aussi que le jeu nous prenne autant par la main en nous bombardant d'indications dès qu'on effectue la moindre action dans une quête principale. "Poussez la porte", "appuyer sur le bouton", "tirez le levier" : on a vraiment l'impression d'être au volant avec un de nos parents sur le siège passager. Des objectifs un peu plus généraux pousseraient davantage à l'exploration. Mais à ce niveau-là, le bât blesse aussi...

Plutôt claymore ou katana ?

L.A. pas si folle

Dead Island 2 n'offre ni de zones assez vastes, ni de vraie carotte pour qu'on cherche réellement à découvrir en profondeur ce Los Angeles dévasté. Quelques armes rares cachées çà et là et deux ou trois édifices intrigants par niveau, ça reste bien peu pour nous donner envie de retourner la carte.

Finalement, l'aventure principale est tellement facile que ce seront plutôt les ennemis un peu plus puissants qui protègent occasionnellement ces trésors qui nous attireront. Les 33 quêtes secondaires et les quêtes d'objets à trouver (souvent par des énigmes) rallongent la durée de vie du jeu, mais n'apportent rien de très innovant. Dommage également que le jeu ne mise pas davantage sur la verticalité pour nous engager un peu plus, sans aller aussi loin qu'un Dying Light 2.

Même si on prend de plus en plus de plaisir au fur et à mesure que l'aventure progresse, Dead Island 2 nous laisse surtout le sentiment qu'il aurait pu aller encore plus loin dans chacune de ses idées. Sa fin, qu'on peut atteindre en une quinzaine d'heures, illustre à merveille ce propos. Alors qu'on pense que le scénario va enfin franchir un cap et nous impliquer pleinement, Dead Island 2 expédie totalement sa conclusion. On aurait vraiment du mal à digérer que le morceau manquant arrive en DLC payant... Précisons que nous n'avons pas pu encore tester le mode multijoueur du jeu, mais nous ne manquerons pas d'ajouter notre avis le concernant lorsque ça sera le cas.

Non, vous ne pourrez pas aller jusque-là.