La Mortarmée est dans nos campagnes, elle vient égorger nos filles et nos compagnes. Aux armes Verteliens, qu'un sang impur... Ah bah non, ils n'ont plus de sang, ils sont morts. C'est balot. De toute façon, la guerre est perdue d'avance, et en tant que mercenaire, vous ne faites même pas confiance aux érudits sous votre protection pour trouver une solution de dernière minute. Et pourtant, malgré un léger cafouillage, l'espoir renait... en vous. Vous êtes Volcan, l'artificier des Lames Franches, et alors que les érudit rouges foirent leur invocation, un démon de flamme s'installe dans votre corps. Un démon, ou une entité équivalente... En tout cas, cela va grandement améliorer vos performances au combat. Au point, peut être, de sauver votre monde des Seigneurs de Glaces qui dirigent la Mortarmée ?

Demi-Démon

Ne vous encombrez pas des détails, Spider mord encore dans un morceau trop gros pour lui. Mars : War Logs était pareil, mais l'histoire présentée était plus intime, ce qui laissait imaginer d'autres scénarios à venir pour découvrir l'ensemble du tableau. Dans Bound by Flame, on tient le sort du monde entre ses mains, on voit donc mal ce qui pourrait rester à raconter après cela. De nombreux aspects intéressants du background ne sont qu'effleurés, mentionnés ici et là pour finalement n'avoir aucun impact sur le déroulement du jeu. Spider devrait vraiment apprendre à écrire en fonction de ses moyens !

Concert de voies

Néanmoins, la narration s'est améliorée. Les devs reprennent le système des embranchements à la Bioware, avec des choix et de la romance comme dans un Mass Effect. Mais Bound by Flame est très fluide et cache assez bien ses rouages pour une meilleure immersion. Dommage en revanche que tous les compagnons ne se valent pas en termes de personnalité. Au final, l'histoire demeure un peu confuse et lutte pour faire ressortir ses thèmes sympathiques, en offrant par exemple des parallèles sur l'écologie, mais les différentes conclusions se montrent satisfaisantes et une deuxième session de jeu est totalement envisageable pour découvrir un autre versan de votre schyzophrénie démoniaque.

Mieux vaut être seul...

Il faudra néanmoins se blinder contre les combats, qui risquent de vous faire pleurer des larmes de sang. Mars : War Logs était déjà dur. Avec Bound By Flame, les game designers de Spider ont dû fumer plusieurs boites de Dark Souls avant de bidouiller les réglages, et vous allez en faire les frais. Imaginez des groupes de 3 à 5 monstres vous attaquant, au corps à corps et à distance, chacun pouvant vous tuer en deux ou trois coups, alors que vous devrez les marteler à répétition pour en mettre un hors de combat. Bien entendu, comme dans Mars, l'IA des compagnons les rend inutiles, et leur faiblesse ne leur permet que de détourner l'attention de quelques ennemis pendant une poignée de secondes avant qu'ils ne soient à terre et que tout le monde se retourne contre vous. Au moins, le jeu vous oblige à utiliser tout ce que vous avez comme défense et attaque : pièges, arbalette, sorts de pyromancien, potions de santé et de soins, améliorations sur les armes et armures. Soyez au top ou soyez mort.

Là tu me bats, là tu me bats plus !

Même ainsi, vous aurez du mal. J'ai débuté en mode Buffle (difficile) pour revenir au mode Faucon (normal) pour ne plus m'arracher les cheveux (ou moins). Pour le boss final, j'ai dû passer en Recrue (facile) afin d'en finir. Le mode sensé être pour ceux que les combats n'intéressent pas trop... Précisément, la difficulté est en dent de scie. Certains passages vont vous stopper net un temps, avant que la montée en niveau applanisse les problèmes. Ensuite, vous allez rencontrer de nouveaux adversaires plus puissants et mordre à nouveau la poussière. Souvent, le problème prendra la forme d'un ennemi particulièrement retors : celui qui possède une attaque de zone au corps à corps. Ces dernières font terriblement mal, ne peuvent être parées et s'activent très vite. Vos seuls espoirs : fuir à temps, interrompre la cible ou esquiver avec un contre. Tout cela demande de la chance et des nerfs d'acier. Nerfs qui ont tendance à criser après plusieurs échecs.

RPG engineering level 5

Frustrant ! Car on sent bien que Spider est à deux doigts d'équilibrer correctement son jeu. Il ne faudra pas non plus tomber dans l'effet inverse ! Mais en corrigeant deux trois trucs, comme les performances de l'IA par exemple, on pourrait sûrement affronter une difficulté qui puisse au moins sembler voulue par les développeurs et non pas le fruit de mécanismes bancals.

Il est vrai que doucement, un peu trop apparemment, Spider s'améliore sur de nombreux points : les graphismes restent sous le joug de la Previous Gen, mais le choix artistique d'un visuel assez Comics à la Borderlands (sans être aussi marqué) fonctionne très bien. L'intro utilisant le moteur du jeu se montre assez bluffante ! Les éléments RPG s'affinent, l'interface fait son boulot, la musique (en Bulgare ?) est inspirée... On regrettera juste le level design qui reste vraiment trop claustrophobique, les animations faciales toujours rigides et une pelleté de petits défauts quasi anodins indépendamment les uns des autres, mais bien fatiguants quand on les empile (caméra parfois foireuse, être tué par une attaque hors champ, cinématiques des fins de combats de Boss pas pêchues, des mécanismes pas clairs ou inutiles, affrontement final trop sombre...).

Je ne serai pas contre un bon petit patch d'équilibrage pour Bound by Flame, mais dans l'ensemble, je dois avouer que je ne me suis pas vraiment ennuyé. Les missions annexes qui impliquent que l'on reverra ou non certains personnages au chapitre suivant sont une bonne idée, et on se laisser porter par les événements sans perdre intéret. La difficulté a aussi son côté positif, puisque la satisfaction est bien présente quand on fini par gagner. Même si elle est injuste, la douleur est pardonnée et oubliée. Reste une aventure sympa, pour 15/20h de jeu selon comment vous galererez, avec une bonne rejouabilité et juste un poil cher, nottamment sur console.