Sega compte bien empiéter sur les plate-bandes d’un certain plombier moustachu. La course en kart s’annonce serrée pour la rentrée avec l’arrivée d’une nouvelle itération mettant le célèbre hérisson bleu en vedette. Six ans après le dernier opus de la saga, nous retrouvons la mascotte iconique au volant de Sonic Racing CrossWorlds pour une formule entre nostalgie et nouveautés.
Il va y avoir de la concurrence sur la piste. Alors que Mario Kart World, l’exclusivité de Nintendo, a pris la relève d’un certain MK8 Deluxe en juin dernier, Sega prépare sa contre-attaque avec Sonic Racing CrossWorlds. Six ans après le dernier épisode de la licence, le célèbre hérisson bleu s’apprête à reprendre la route, bien décidé à porter le jeu de course dans une autre dimension. Les mondes se croisent sur le circuit dans ce nouvel opus qui veut se positionner comme une alternative solide au plombier moustachu, sauf qu’il sera disponible non seulement sur Switch 1 et 2, mais aussi sur PS4, PS5, Xbox One, Series et PC. Nous l’avons testé sur la dernière console de Sony avant sa sortie, le 25 septembre 2025. C’est l’heure du verdict !
Des pilotes venus des quatre coins du gaming
L’univers vedette de Sega se repeint sur fond de jantes brillantes et de pots d’échappement dans Sonic Racing CrossWorlds. Les fans auront plaisir à retrouver le héros aux pieds véloces et ses compagnons, de Tails à Amy, en passant par Knuckles et Cream. Shadow, son éternel rival, est également de la partie, ainsi que l’incontournable Dr Eggman et ses acolytes même les plus récents, à l’instar de Sage, introduite dans Sonic Frontiers. Qui plus est, chacun y va de ses petites répliques dans les courses, certaines étant même adaptées selon les concurrents sur la piste, ce qui dynamise l’expérience et nous immerge d’autant plus. Cela dit, compte tenu de tout ce que la franchise propose, on aurait pu s’attendre à encore plus de figures iconiques. On compte tout de même une vingtaine de personnages jouables, ce qui paraîtra un peu léger comparé à un Mario Kart, mais reste honorable. D’autant plus que le jeu promet déjà de s’enrichir grâce à du contenu régulier qui ne puisera pas que dans la licence.

En effet, Sega ouvre pour la première fois le roster d’un Sonic Racing à d’autres univers. L’éditeur saute sur l’occasion de mettre en avant plusieurs de ses licences phares avec l’introduction de Joker de Persona 5 et Ichiban Kasuga de la saga Yakuza. Même si le design des personnages ne colle pas avec l’univers du hérisson bleu, c’est une attention qui fera vraiment plaisir aux fans. Comme Nintendo, qui nous permet d’incarner les héros de Zelda, les villageois d’Animal Crossing et consorts dans les Mario Kart, on s’imagine déjà ce que ce CrossWorlds pourrait nous réserver avec de futurs DLC
En revanche, on a quelques doutes sur les collaborations avec des éditeurs externes. Sonic Racing CrossWorlds introduit plusieurs figures étrangères à sa franchise ainsi qu’à Sega, comme Hatsune Miku, les personnages de Minecraft ou encore de Pac-Man, ainsi que des noms issus de la chaîne Nickelodeon, à commencer par Bob l’éponge. En somme, le jeu se pense comme un point de rencontre entre les univers. Pour autant, c’est un risque de voir des contenus très hétérogènes se mélanger sans parvenir à trouver un équilibre visuel. Cela se ressent déjà avec les premiers personnages disponibles, assez éloignés de l’esthétique Sonic. L’enjeu pour les équipes est donc de parvenir à agencer ce roster pour qu’il reste tout de même harmonieux. À défaut, c’est au moins la garantie de nouveaux contenus sur le long terme, ce qui saura faire vivre le jeu et même augurer des événements prometteurs, à l’instar de celui autour de Persona 5 à l’occasion de la beta.

Un garage bien rempli dans Sonic Racing CrossWorlds
Le garage de Sonic Racing CrossWorlds déborde déjà de véhicules. 45 sont disponibles au lancement, dont une bonne partie à débloquer en participant aux courses afin de vous donner des objectifs en jeu. Ils affichent des designs affutés ou, bien au contraire, plus imposants pour marquer leur poids sur la route. De plus, les hoverboards Extreme Gears, ces planches flottantes apparues avec Sonic Riders en 2005, sont de nouveau de la partie ici, offrant toujours plus de choix. Et c’est peu dire ! Car chaque véhicule est personnalisable : vous pouvez le repeindre, le décorer d’autocollants, mais surtout le combiner autrement. Le jeu a la bonne idée de démultiplier les possibilités en permettant de changer la partie avant ou arrière avec une autre de une même catégorie de véhicules. Le jeu pousse à fond son concept de « croisement » jusque dans la mécaniques de ses engins et c’est une excellente idée.

De plus, cette fonctionnalité rebat d’autant plus les cartes de la stratégie dans Sonic Racing CrossWorlds. Contrairement à d’autres titres du genre, les personnages ne sont pas associés à un véhicule fétiche. Dès lors, leur personnalisation joue encore plus sur les statistiques. Vitesse, Accélération, Conduite, Puissance et Turbo, voilà les différents profils qui vous attendent. Chacun a ses avantages en course, mais aussi ses points faibles. Par exemple, les véhicules puissants sont globalement plus lents, mais augurent de belles vitesses de pointe en ligne droite par exemple. Plus équilibrés, ceux privilégiants la “conduite” n’ont pas une accélération folle mais offrent une meilleure tenue de route, tandis que ceux misant sur la vitesse sont plus nerveux mais pas forcément les plus maniables. En outre, le choix de personnage joue d’ailleurs lui aussi, puisque chacun affiche un profil type.
L’équilibre dans l’ensemble est bien jaugé, offrant des sensations différentes et permettant vraiment de s’adapter aux préférences de chacun. Par conséquent, c’est au joueur de trouver la combinaison qui lui sied le mieux. Le fait d’avoir autant de choix est d’autant plus profitable qu’on se plaît à essayer diverses combinaisons pour trouver celle grâce à laquelle on performera le mieux. Les habitués de Mario Kart seront peut-être un peu déboussolés au départ, car les sensations sur la route sont assez différentes, avec des véhicules qui semblent plus légers. Mais, au-delà d’un petit temps d’adaptation, la prise en main est très intuitive. L’équilibre entre les statistiques est bien jaugé et on se plaît à essayer des combinaisons différentes pour repousser toujours plus loin ses performances sur la piste.

De magnifiques circuits qui vont faire de l’œil aux nostalgiques
La galerie de CrossWorlds s’étend en outre avec ses nombreux circuits. On en compte 24 à ce jour, mais d’autres sont déjà annoncés pour un avenir plus ou moins proche. Dans un premier temps, le jeu nous fait évidemment voyager dans les décors les plus emblématiques de la franchise Sonic. On retrouve des pistes inspirées de tout un tas d’anciens titres, comme Sonic Adventure 2, Superstars, Heroes, Rush… Les fans de la première heure auront plaisir à s’élancer sur des tracés qui leur rappelleront d’anciennes aventures en compagnie du hérisson bleu. D’autant plus que les équipes de développement ont su adapter ces environnements issus de genres de jeux très différents, du plateformer à l’excursion 3D, pour en faire des circuits très fidèles et plus encore. Même les pistes inédites regorgent d’Easter eggs d’anciens jeux. Ainsi, Sonic Racing Crossworlds ne se contente pas de réinventer de vieux circuits ou niveaux des titres historiques de la franchise, il en profite aussi pour intégrer des routes originales jonchées de clins d’œil.
Au-delà du côté fan-service, c’est la réalisation de ces circuits qui nous ébahit. Sonic Racing CrossWorlds propose des courses bien construites qui se permettent quelques verticalités de temps à autre pour varier les sensations. Renouant avec l’esprit de Sonic & All-Stars Racing Transformed sorti en 2012, nos véhicules s’adaptent au terrain. On passe alors du bitume plat aux virages aériens, sans oublier les virées sur les eaux. Le jeu casse ainsi la dynamique que nous aurions eue en restant au sol, et il le fait brillamment. La transition d’une surface à l’autre se fait de manière très fluide en traversant un arceau spécial, sans qu’on se heurte à un quelconque ralentissement. Sega est parvenu à trouver le juste équilibre pour nous faire rouler, voler et voguer sans s’ennuyer.

Pour couronner le tout, les équipes ont concocté de petites surprises pour ce Sonic CrossWorlds. Comme son nom l’indique, il se place à la jonction des univers. Cela se retrouve dans le roster, certes, mais également en course avec l’irruption de dimensions alternatives en pleine partie. En passant un Ring de transfert, on est propulsé dans un monde totalement différent du circuit initial pour un tour de piste avant d’en revenir au décor de départ. On a en plus le choix de se lancer dans un prédéfini ou d’opter pour un aléatoire, un choix qui peut se révéler quitte ou double en course. Non seulement l’immersion d’un monde à l’autre impressionne, comme Ratchet & Clank Rift Apart avait su le faire en 2020, mais elle offre encore plus de challenge. Il faut se montrer réactif pour s’adapter à une piste qui change soudainement du tout au tout. Particulièrement grisants, ces tronçons de route ajoutent du piment à l’expérience. De plus, celles et ceux qui n’y verraient pas d’intérêt ont toujours la possibilité de désactiver l’option, comme ça, tout le monde est content !

Sonic Racing CrossWorlds, une recette classique modernisée
Dans l’ensemble, Sonic Racing CrossWorlds a tout du jeu de course le plus classique. En solo ou en multi, on choisit son pilote, on entre en piste face à 11 autres conducteurs, puis c’est parti. À nous de gérer la conduite pour tenter d’arriver en tête. La prise en main est très intuitive, d’autant plus pour les connaisseurs de la licence ou les aficionados du rival issu de l’écurie Nintendo. On gagne de la vitesse en récoltant des rings sur la piste et on peut la booster temporairement en effectuant très facilement des dérapages ou des figures aériennes. On a aussi accès à tout un arsenal (bouclier, bombe, Chao le donneur de rings, shurikens…) d’objets à récupérer sur la piste pour attaquer ses adversaires ou s’en protéger. En plus de cela, le jeu introduit un système de « gadgets », au nombre de 70, qui permet de booster cet arsenal. Déjà qu’on aime bien balancer des armes contre ses rivaux concurrents en course, cette option ajoute encore plus de fun à la compétition. Il faut se montrer stratège pour obtenir la combinaison ultime qui nous aidera à passer la ligne d’arrivée en premier. Un bon choix de gadgets peut changer le cours de la course, ce qui rend vraiment le tout très addictif.

Cependant, ne vous laissez pas avoir par son apparente accessibilité. Avec son approche très arcade, qui se rapprocherait plus d’un Mario Kart 8 que d’un MK World, il requiert une certaine maîtrise pour dépasser tous ses adversaires. Eh oui, il ne sera pas si facile d’arriver premier, même pour les pilotes avertis. Les sorties de piste sont particulièrement punitives et si on peut aisément rattraper ses concurrents, on a aussi vite fait d’être recalé en queue de peloton. Heureusement, il y a plusieurs niveaux de difficulté pour adapter le challenge à ses capacités. Ainsi, on peut aussi bien se faire la main à une vitesse moindre ou, au contraire, mettre tout de suite la gomme pour tenter de débloquer le niveau super sonic, encore plus redoutable. C’est aussi ce qui nous pousse à nous dépasser pour battre ses adversaires et atteindre la vitesse le plus élevée. C’est aussi ce côté modulable qui rend le jeu intéressant et donne envie d’y revenir pour toujours se dépasser, quel que soit le mode de jeu choisi.
Car oui, Sonic Racing CrossWorlds propose plusieurs modes, à commencer par le traditionnel Grand Prix. On prend ainsi part à plusieurs championnats de quatre courses chacun, dont le dernier est en fait un mix des trois précédents, ce qui n’est pas sans rappeler les circuits connectés de Mario Kart World. Comme quoi, les idées se rejoignent d’un jeu à l’autre. Cependant, notre hérisson a encore fort à faire avec cette partie pour rivaliser vraiment avec son concurrent. Seulement 6 grands prix sont en effet disponibles à l’heure où nous écrivons ces lignes. D’autres sont déjà annoncés pour bientôt et on espère que le jeu continuera de s’enrichir de la sorte pour éviter trop de redondance.

Véritable complément du Grand Prix, Sonic Racing CrossWorlds dispose en plus d’un mode solo Contre la montre. C’est là un véritable atout, car il permet de s’entraîner seul sur le circuit de son choix. Là aussi, cela rejoint l’esprit arcade qui demande de connaître parfaitement les circuits, leurs virages et autres variations pour maîtriser sa conduite de bout en bout. Or, quoi de mieux que de réitérer une course pour se familiariser avec ? D’autant qu’on se retrouve à affronter son propre fantôme pour tenter de se dépasser, à moins qu’on préfère repousser ses limites en tentant de battre les records des joueuses et joueurs du monde entier ! En plus de cela, on reçoit une note et des récompenses selon nos performances, ce qui rend l’expérience aussi satisfaisante qu’addictive.

En revanche, on fera davantage l’impasse sur le mode Aire de compétition. Pensé pour le multi (en local ou en ligne), il invite à prendre part à des courses en équipe de 4 ou 6 joueurs avec des objectifs bien à part comme le fait de récolter le plus de rings sur la piste ou de faire la course en se fonçant dedans les uns les autres pour gagner en vitesse. Sur le papier, ça semble amusant, mais le fait est que ça n’en reste pas moins… des courses. L’expérience ne varie pas tellement du Grand Prix, bien que le chaos que certaines de ces parties peuvent puissent occasionner soit délirant. Mais à ce compte-là, on aura aussi vite fait de lancer une compétition standard pour s’affronter plutôt que se perdre dans les règles d’un mode qui n’apporte pas grand-chose au bout du compte.
Une technique bien huilée pour Sonic Racing CrossWorlds
La réussite de ce Sonic CrossWorlds tient en bonne partie à ses performances. Le jeu est d’abord très joli, oscillant entre réalisme et aspect cartoon pour un mélange qui donne vraiment de la personnalité au titre. L’arrivée sur la dernière génération de console profite également très bien à la licence, avec des effets de lumière bien plus convaincants et un rendu de l’eau qui impressionne. En revanche, on en prend littéralement plein les yeux… Le jeu serait disponible en salle d’arcade qu’on ne serait pas étonné, tant il déborde d’effets visuels à tout-va, au risque de tomber dans le kitsch (et surtout de vous fatiguer la vue).

À l’inverse, la bande-son de Sonic Racing CrossWorlds nous aura laissé plus indifférent. Même si les orchestrations sont entraînantes et solaires, il manque ce petit côté rock qui donnait une énergie plus sauvage à un Team Racing par exemple. De plus, on arrive vite à une overdose du thème principal, qui passe en boucle sur le menu d’accueil avant de se laisser écouter dans des versions alternatives pendant les courses. Heureusement, nous avons quelques surprises en jeu, notamment en plongeant dans les autres dimensions, pour bousculer un peu cette OST bien trop entêtante.
Mais ce n’est là qu’un petit bémol dans la réalisation d’un titre qui, par ailleurs, affiche une technique aussi fluide que solide. Ayant testé le jeu en solo ainsi qu’en multi local à deux, nous n’avons jamais souffert d’aucun ralentissement pendant des courses qui tournent parfaitement à 60 FPS sur PS5. Même changements instantanés de décors ne ralentissent pas l’expérience. Bien sûr, on remarquera un public animé à un framerate bien moins élevé, mais c’est le genre de détails qui permet de ne jamais se heurter à des problèmes d’affichage ou de chargement. Le plaisir est ainsi maintenu de bout en bout, sans besoin de repasser par la case garage.