Oui c’est mieux, oui c’est chouette. Mario Kart World est un shoot de fun immédiat qui n’est peut-être pas exempt de défauts, mais qui réussit ce qu’il entreprend dans la plupart des cas, et nous fait aussi de très belles promesses pour l’avenir. Il opère un virage plutôt raide pour la franchise qui illustre assez bien le tracé de la nouvelle stratégie de Nintendo avec sa Nintendo Switch 2 : satisfaire les fans juste comme il faut, gagner en maturité et essayer de séduire les joueurs les plus hardcores. Le moins que l’on puisse dire, c‘est que c’est mission accomplie, au-delà des espérances mêmes.

Un virage à 90° plutôt bien négocié pour ce Mario Kart World

Mario Kart est plus qu’une licence culte de Nintendo, c’est une véritable institution qui séduit toutes les générations de joueurs, et ce depuis des dizaines d’années. On ne compte plus vraiment le nombre de jeux que comprend la franchise (au-delà de la simple numérotation) et chaque fois, ou presque, c’est le même constat : mais quel plaisir ! Pour ce nouveau volet pourtant, la licence prend de gros risques qui vont finalement s’avérer payants même s’il y a quelques bémols. Mario Kart World prend ses inspirations de très gros jeux de course pour moderniser sa recette, un certain Forza Horizon en tête. Les jeux de Playground ont visiblement donné envie au plombier et à ses camarades d’explorer le vaste monde. Mario Kart World se lance donc dans l’open world avec tout ce qu’il y a de cool à y trouver, mais aussi ses défauts principaux.

Pour réussir son coup et profiter pleinement des nouvelles capacités de la Nintendo Switch 2, Nintendo a fait appel au studio Monolith, réputé pour son travail sur la série Xenoblade notamment. Pourquoi ? Eh bien parce que ce sont des experts du monde ouvert qui ont jusqu'ici toujours su faire briller leur univers malgré les limitations techniques des machines Nintendo. Le résultat est sans appel : ça fonctionne à merveille, Mario Kart World est superbe et profite d’une distance d’affichage impressionnante que l’on n’attendait pas pour être honnête.

Test Mario Kart World Nintendo Switch 2 par Jérémy.H « KiKiToès » pour Gameblog
©KiKiToès pour Gameblog

Un monde ouvert vivant, mais pas trop

Conscient qu’il s’ouvre, le jeu en profite pour nous offrir de beaux panoramas et mettre en valeur ses circuits désormais implantés dans l’environnement de manière parfaitement organique. Avec plusieurs dizaines de pistes, parfois visuellement impressionnantes, le monde ouvert est intéressant à découvrir. C’est d’autant plus vrai qu’on peut en profiter en mode balade et ainsi sortir des sentiers battus et découvrir des secrets ici et là. On aura même l’occasion de voir que les circuits regorgent de raccourcis et de chemins de traverse qui, pour certains, demanderont un usage précis de nouvelles mécaniques de jeu comme le grind ou les courses murales. De quoi venir chatouiller la curiosité des joueurs en quête de performances.

Comme Forza Horizon, on aura quelques activités à faire en se promenant dans le vaste monde ouvert. De gros interrupteurs sont disséminés aux quatre coins de la carte et réservent de petits défis à relever. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont relativement variés : courses, sprints, cascades… on nous demandera même de faire des cabrioles et une version locale du trial en nous poussant à utiliser les courses murales pour faire des rebonds par exemple. Entre ces défis, les pièces cachées de Peach à récolter, des boutons « ? », on ne manque pas vraiment de choses à faire. 

On croisera par ailleurs souvent des véhicules, d’autres personnages contrôlés par l’IA, des PNJ, des animaux et tout ce qu’il faut pour nous donner une impression de vie. Ça ne sera malheureusement pas suffisant pour habiller cette vaste carte qui semble parfois être remplie de manière artificielle entre les points d'intérêt majeurs que sont les circuits. On aurait peut-être aimé davantage d’activités, notamment lorsqu’on joue avec d’autres joueurs sur la même carte. Ça semble finalement assez chiche passée la découverte, même si les complétistes s’amuseront bien évidemment dans cet immense bac à sable.

Test Mario Kart World Nintendo Switch 2 par Jérémy.H « KiKiToès » pour Gameblog
La carte du monde de Mario Kart World ©KiKiToès pour Gameblog

Des circuits inédits entre nouveautés et nostalgie

Quand bien même l’open world peut décevoir, il reste une excellente base sur laquelle pourront venir se greffer de futures mises à jour et peut-être même des évènements, rêvons un peu. Mais ce qui fait réellement le sel de Mario Kart World, comme pour les précédents, c‘est bien évidemment les courses ! Là-dessus, le jeu ne nous déçoit pas avec une trentaine de pistes, plusieurs façons de les aborder et même la possibilité de faire la course entre deux circuits puisque ces derniers sont désormais reliés entre eux. On en prend tout de même plein les mirettes là encore avec des circuits à mi-chemin entre le classique et la folie d’un Mario Kart 8 Deluxe.

Il n’est plus question d‘aller sous l’eau ou de rouler la tête à l’envers, mais on ne perd en rien le fun du level design qui joue davantage sur la verticalité et les cheminements multiples cette fois. Les pistes reprennent parfois les codes de circuits bien connus de la franchise, et nous servent aussi plusieurs nouveautés. Dans tous les cas, les tracés sont tous inédits pour le coup, bien que leurs thématiques ne le soient pas forcément. Entre nouveautés et nostalgie donc, tous les joueurs y trouveront leur compte.

Test Mario Kart World Nintendo Switch 2 par Jérémy.H « KiKiToès » pour Gameblog
Certains circuits sont très inspirés ©KiKiToès pour Gameblog

Des nouveautés qui changent toute la dynamique, c’est génial !

Désormais, ce sont pas moins de 24 participants qui se tapent la bourre en même temps sur la piste, ce qui a forcément ouvert les circuits. La route est globalement plus large, plusieurs embranchements sont souvent possibles, c’est relativement aéré même si souvent les joueurs auront tendance à se taper dedans dans la mêlée pour prendre les passages les plus rapides (c’est logique). Cette nouvelle dynamique pourrait ne pas plaire aux puristes qui trouveront peut-être ça un poil bourrin, mais il est très difficile de bouder son plaisir tant c’est l'éclate total.

Outre cette approche très différente, la conduite est également l’un des plus gros changements de ce Mario Kart World. De nouvelles mécaniques viennent se greffer aux indéboulonnables dérapages boostés dans les virages qui sont quant à eux toujours présents. Il est désormais possible de grind sur les rampes ou à peu près tout ce qui y ressemble, mais aussi de faire des sauts boostés et des courses murales. De prime abord, ce n’est pas forcément évident à prendre en main dans la mesure où rien ne viendra nous aiguiller au lancement d’une première partie.

Il faudra jeter un œil au petit manuel intégré au menu principal pour voir les nouveautés, mais une fois qu’on a pris connaissance des mécaniques, ça roule tout seul. Mieux encore, elles montreront très rapidement toute leur puissance grâce à un level design globalement ingénieux qui pousse à l’expérimentation, propose des chemins alternatifs et des raccourcis évidemment, mais également d'autres qui demanderont un sacré coup de main. Vous aurez en prime une rewind (retour en arrière) de disponible dans certains modes de jeu. Utile pour tenter de passer certains raccourcis acrobatiques ou récupérer une erreur de conduite.

Test Mario Kart World Nintendo Switch 2 par Jérémy.H « KiKiToès » pour Gameblog
On peut faire des grinds et même des figures ©KiKiToès pour Gameblog

Tout est plus grand dans Mario Kart World, peut-être même un peu trop

Quoi qu’il en soit, les nouveaux circuits sont parfaitement calibrés pour accueillir autant de bolides et les nouveaux éléments de gameplay. On pourrait même parfois leur reprocher d’être un peu trop généreux en termes d’espace. Il arrive que la linéarité prenne le dessus, comme pour imposer des moments de répit entre deux zones particulièrement chargées. Certains pans de la route peuvent paraître un poil trop grands, pour ne pas dire en panne d’inspiration. C’est notamment le cas lorsque l’on passe d'un circuit à l’autre en empruntant les chemins du monde ouvert, forcément moins séduisants que les pistes endiablées des circuits eux-mêmes.

Toutefois, il est bon de noter que certaines pistes comportent aussi des tronçons entiers un peu mous du genou. On les remarque d’autant plus que les sensations de vitesse ne sont pas toujours exceptionnelles, même lorsqu’on est sous booster et que l’on joue en mode 150cc. Ça manque parfois de patate, on aurait bien aimé pouvoir pousser davantage les curseurs, rien qu’avec un mode 200cc malheureusement aux abonnés absents. Qu’à cela ne tienne, si ça fait retomber la tension lors des grands prix, ça ne va certainement pas complètement ramollir le rythme effréné des courses pour autant. Et encore moins avec le nouveau mode de jeu indispensable : le mode Survie. 

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Le monde ouvert est habité, mais paraït quand même assez vide ©KiKiToès pour Gameblog

Une nouveauté incontournable qui fait une entrée spectaculaire

Outre le mode balade pour explorer la carte, on retrouvera les courses libres, les grands prix (passage obligatoire pour déverrouiller des pistes cachées), le mode contre la montre ou encore les batailles, ici vraiment anecdotique. Mais une nouveauté fait son arrivée : le mode survie, et il se place très facilement comme un nouvel incontournable de la franchise. Sur le papier, c'est un mode connu des joueurs de jeux de course, notamment de Forza Horizon. Il oppose 24 joueurs dans une longue course d’endurance durant laquelle les derniers pilotes de la file sont éliminés à chaque checkpoint (ici, après chaque tronçon principal représenté en général par un circuit de plusieurs minutes).

Les parties sont longues et véritablement intenses. Il faut lutter pour sa survie dans le classement en s’assurant de toujours être dans le peloton de tête sous peine de quitter la course. Chez la concurrence, ce mode de jeu est déjà particulièrement exaltant, mais dans Mario Kart World, ça sonne carrément comme une évidence. Le fait de pouvoir renverser ses concurrents à coup de carapaces, de klaxons et autres bonus amusants pimentent la recette et la rendent carrément délirante, bordélique même parfois.

Les bonus sont toujours aussi nombreux, certains sont mêmes inédits comme la fleur de glace, et d’autres sont toujours aussi frustrants comme la fameuse carapace bleue. On ne change pas une équipe qui gagne. Un festival de bonne humeur, qui pourra se mélanger à un peu de frustration pour les plus attachés au classement, mais qui a totalement sa place ici. Il est certain que ce mode sera squatté par des millions de pilotes (c’est déjà le cas).

©KiKiToès pour Gameblog

Un mode classique en pleine sortie de piste

En revanche, dans le flux de nouveautés, l’un des modes classiques de la licence a pris du plomb dans l’aile : le mode Bataille. C’était l’une des craintes de ma camarade lors de sa première prise en main et c’est confirmé ici, le mode est carrément anecdotique. Les arènes disponibles sont peu nombreuses et peu inspirées, souvent des bouts de la carte du monde, tandis que les modes de jeu sont maigres au possible : Bataille de Ballons ou de Pièces.

On s’y amusera de temps en temps, entre deux grosses courses de survie par exemple, mais il est difficile de s’y projeter davantage. On sent ici qu’aucun véritable effort n’a été fait pour redonner un coup de neuf à ce mode pourtant présent depuis de très nombreuses années. C’est un peu dommage, mais pour ma part, ce n’est pas une raison valable pour bouder ce Mario Kart World tant tout le reste est fantastique.

Plein de modes de jeu sont disponibles ©KiKiToès pour Gameblog

Des fonctionnalités pas toutes au point

Même si le mode Bataille tire la langue, le jeu est extrêmement généreux. Les circuits sont nombreux pour un lancement, peuvent être traversés de différentes façons, sans compter les routes entre chacun. En mode Course VS, il est même possible de faire ses propres choix en reliant les circuits proches les uns aux autres. On aurait peut-être aimé la possibilité de faire de vrais tracés sauvages à même le monde ouvert, ce qui aurait certainement pu donner une dimension communautaire intéressante là aussi. Mais quoi qu’il en soit, on a largement de quoi faire que ce soit en solo ou en multijoueur, en local ou en ligne.

On pestera tout de même sur deux points : le fait qu’en local, le jeu passe à 30 fps dès que l’on joue à plus de deux, ce qui est vraiment insupportable pour le coup, et le fait qu’il est impossible de créer un groupe en ligne pour rejoindre d’autres joueurs en matchmaking. Là aussi, ça n’a pas de sens et Nintendo devrait vraiment se pencher sur le sujet de ses fonctionnalités en social qui sont vraiment très en retard par rapport à toute la concurrence, et ce depuis des années.  

Beau comme un Kart neuf, la Nintendo Switch 2 peut être fière

Mario Kart World est archi fun, seul ou à plusieurs, c’est un régal et en prime, il est beau comme tout. Clairement, le visuel est nettement amélioré quand on le compare à un Mario Kart 8 Deluxe pourtant déjà très joli. Les personnages ont tous subi un petit lifting plus ou moins marqué et se rapprochent davantage du film d’animation. C’est plus naturel, humain et vivant tout en gardant une identité rondouillarde et cartoonesque. La direction artistique fait des merveilles et profite des capacités de la Nintendo Switch 2 pour nous en mettre plein les mirettes en dock (4K et HDR sous le coude) comme en portable (même si le HDR ici est de moins bonne qualité).

Peu importe le mode de jeu, c’est extrêmement fluide et sans aucun ralentissement. Le plaisir et le confort de jeu sont au summum, on n’en perd pas une miette. Il n’y a finalement que ce mode local qui nous fait perdre de précieuses images par seconde et peut venir gâcher la fête. Notons enfin l’utilisation très gadget de la caméra pour afficher son visage en course lorsqu’on joue avec des amis et la fonction Gamechat activée. L’utilité est limitée, mais qu’on se le dise : c'est quand même hyper drôle.

Test Mario Kart World Nintendo Switch 2 par Jérémy.H « KiKiToès » pour Gameblog
Le mode photo permet d'immortaliser quelques clichés ©KiKiToès pour Gameblog

L’un des Mario Kart les plus complets

Mario Kart World reste extrêmement généreux en termes de contenu. Le roster est gigantesque, malgré quelques absents que l’on remarque évidemment, mais qui pourraient faire l'objet de DLC ou de mises à jour à venir. On pourra par ailleurs déverrouiller pléthore de costumes alternatifs pour presque tout le monde et même incarner une vache ! Côté kartings aussi c’est la folie avec plus de 40 bolides (karts, motos ou voitures), tous plus fous les uns que les autres. Il ne sera toutefois plus possible de les personnaliser si ce n’est de coller des stickers totalement oubliables.

Les stats sont toutefois bien présentes et globalement l'équilibrage est correct, même si un ou deux véhicules sortent du lot en multijoueur en ligne. Quoi qu’il en soit, on a largement de quoi faire, d’autant qu’ils sont tous loufoques et amusants. Le tout accompagné d’un monde ouvert à explorer et de tout un tas de modes de jeu dont le fameux Survie, difficile de venir faire la fine bouche même si certains ajouts des derniers jeux, comme le mode 200cc, manqueront certainement.