Les briquettes les plus connues du monde n’ont pas fini de vous surprendre. Les projets s’enchaînent et offrent tout un tas de variations autour de la marque. Fin 2024, nous découvrions son premier jeu en collaboration avec PlayStation : LEGO Horizon Adventures. Puis, durant la Gamescom 2025, c’est une nouvelle anthologie Batman qui s’est annoncée. Mais dans l’immédiat, c’est LEGO Voyagers qui nous entraîne dans un périple apaisant aux frontières de l’espace. Disponible dès aujourd’hui sur PC, PS4/PS5, Xbox Series et Nintendo Switch 1 et 2, nous avons pu le tester en avant-première sur la console dernière génération de Sony. C’est l’heure du verdict.

Un voyage à deux vers l’infini et au-delà !

LEGO nous a plutôt habitués aux histoires tirées de grandes œuvres de la pop culture, mais de temps à autre, la marque nous offre des propositions originales. Pour son nouveau jeu, les équipes de Light Brick Studios se sont associées à l’éditeur Annapurna Interactive pour une production plus modeste, mais pas sans ambition.

Dans cette aventure en binôme uniquement jouable en duo via le multi local ou en ligne, vous incarnez deux mini-briques, chacune d’une couleur différente et dotée d’un œil. Ces deux voisines, ces deux amies peut-on même dire, ont établi leur maison respective sur une île isolée. On devine rapidement leur passion commune pour l’espace et leur rêve de s’envoler un jour vers les étoiles. Et si cela devenait possible ? Après le décollage raté d’une fusée, ses décombres dérivent non loin de chez elles. Nos deux briques entreprennent alors sa reconstruction.

LEGO Voyagers : Morceaux cassés
© AUR pour Gameblog.

Sans besoin de mots, à l’aide seulement de la narration environnementale et de séquences animées qui s’intercalent naturellement dans le gameplay, la petite histoire de LEGO Voyagers se déroule sous nos yeux. Plus que cela, on en devient les acteurs en dirigeant nos briquettes dans un des décors en vue isométrique. À nous de les conduire alentour pour rechercher les pièces de la machine. Même sans explication claire et explicite au premier abord, on comprend petit à petit leur projet en les guidant.

L’aspect narratif reste cependant en retrait. À titre de comparaison, un titre coopératif comme Unravel Two indique le sens de la marche du fait qu’il s’agisse d’un side-scroller. De plus, la progression est rythmée par de nombreuses péripéties. De son côté, LEGO Voyagers joue davantage la carte du jeu contemplatif. Il renoue par la même occasion avec la philosophie de la marque. Jamais il ne nous presse, tout se construit à notre rythme. Pendant 4 à 5 heures de paisible aventure, on apprécie de prendre le temps avec ces drôles de briquettes aux regards expressifs. On s’attendrit devant leur lien d’amitié qui se joue discrètement à l’écran et on se plaît à méditer avec elles en regardant le ciel. Mais qu’on se le dise, tout le monde ne parviendra pas à se complaire dans cette proposition où l’aventure se joue par petites touches et où le gameplay se montre lui aussi minimaliste.

LEGO Voyagers : île
© AUR pour Gameblog.

LEGO Voyagers, la philosophie du minimalisme en jeu

Light Brick Studios a fait de l’épure du gameplay sa marque de fabrique. Puisque LEGO Voyagers doit s’adapter de multiples supports, des consoles au PC, en passant aussi par le mobile via Apple Arcade, il lui fallait des commandes simples. Il nous invite à jouer à l’aide d’un stick, pour diriger sa brique, et de trois touches. Chacune a une fonction propre : le saut, la parole et la capacité à s’imbriquer sur d’autres pièces. Cette association permet de réaliser des tâches basiques qui permettront d’accomplir de grandes choses.

On l’aura compris avec son titre : LEGO Voyagers place l’excursion au cœur du jeu. Notre duo de briquettes traverse ainsi plusieurs décors, sortent de dioramas interactifs, dans lesquels on va devoir trouver son chemin. La fluidité dans les déplacements rend la progression très simple et intuitive. Les sauts seraient la seule petite anicroche, en raison de la vue isométrique qui complique leur précision. C’est un peu frustrant, mais on s’y fait. Autrement, on comprend vite comment évoluer sur les surfaces lisses. Selon les cas, il peut aussi être préférable de s’imbriquer sur les tenons, ces appendices circulaires qui dépassent des briques, pour évoluer dans un espace circonscrit. Cerise sur le gâteau : on peut même conduire des véhicules, comme un bateau ou une voiture de chantier. Ça peut donner lieu à des moments un peu fouillis si on s’emmêle les pinceaux avec son binôme, mais c’est aussi ce qui offre de bons moments de cohésion. En somme, on sent une volonté d’être facile d’accès et c’est réussi.

LEGO Voyagers : Bateau.
© AUR pour Gameblog.

Par ailleurs, on pourrait distinguer deux sortes d’approches dans le gameplay de LEGO Voyagers. Parfois, l’aventure consiste seulement à avancer et profiter de la zone. L’idée est clairement de nous laisser interagir avec l’environnement pour découvrir des animations sympas, comme on le ferait dans Split Fiction par exemple. Il peut simplement s’agir de s’asseoir sur une balançoire ou de sauter sur une parcelle à part. Pour autant, cela ne procure pas le même sentiment de récompense que dans un jeu à la Hazelight. Dans ces derniers, l’interaction entre les personnages donne justement du poids à ces petites parenthèses d’accalmie qui interviennent entre des moments de tension. Là, l’essence même du jeu est la zénitude. Dès lors, il n’y pas cet effet « bulle d’oxygène » et cette expérience reste finalement plate.

Plus on avance dans LEGO Voyagers, plus on est amené à récupérer des pièces ou des générateurs d’énergie pour résoudre quelques puzzles. Même si on garde cette atmosphère reposante, ces moments de réflexion sont les bienvenus, d’autant qu’ils restent très abordables. On a alors un objectif et on se démène à deux pour l’atteindre. C’est aussi là qu’on retrouve l’esprit LEGO, mêlant construction et destruction. On va bâtir des ponts à l’aide de pièces éparses à assembler. Avec un peu d'ingéniosité, on trouve comment passer par-dessus un trou ou atteindre des zones en hauteur. À d’autres moments, il s’agit de trouver comment détruire un mur ou comment transporter un objet d’un lieu à un autre… On a enfin une direction à suivre, ce qui rend ces segments plus engageants. C’est probablement dans ces moments-là que les joueuses et joueurs, s’ils sont peu adeptes des jeux contemplatifs, trouveront de l’intérêt.

LEGO Voyagers : Personnalisation fusée.
© AUR pour Gameblog.

Cela dit, l’avantage de LEGO Voyagers est d’expérimenter en duo. Le fait de découvrir ce monde tout de briques à deux décuple l’émerveillement, car on s’amuse ensemble à éprouver l’environnement autour de soi. Même si on en a généralement vite fait le tour, cela pallie un peu l’ennui. Mais l’aspect coop ne va pas beaucoup au-delà, ce qui pousse à se demander pourquoi il nous est imposé et pas juste en option. Certes, transporter des pièces à deux est un gain de temps, mais là encore, la comparaison avec les autres jeux coopératifs pèsent sur ce nouveau venu. La collaboration est peu mise en avant et quand elle l’est, elle consiste souvent à ce que l’un des joueurs attende pendant que l’autre agit, puis à refaire exactement la même chose que lui. Dans un Unravel, on va être amené à se coordonner. Même A Way Out, prémisse des excellents It Takes Two et Split Fiction, avait trouvé comment nous faire ressentir le sens de la solidarité à travers le jeu. Dans un cas comme dans l’autre, l’entente et la complémentarité donnent leur force au gameplay en duo. Ici, la collaboration est presque facultative, ce qui représente quand même un échec pour un jeu entièrement coopératif.

LEGO Voyagers : Plateforme.
© AUR pour Gameblog.

LEGO Voyagers émerveille les sens

Au bout du compte, le gros point fort de LEGO Voyagers est assurément son esthétique. Si le gameplay peine à trouver l’équilibre pour faire mouche, Light Brick Studios fait une nouvelle démonstration de son talent artistique. Le studio avait déjà impressionné avec Builder’s Journey, et il remet le couvert cette fois avec un rendu qui n’a rien à envier au magnifique Horizon Adventures. Sans faire trop plastique, c’est un peu comme si on était dans un film d’animation particulièrement mignon. La lumière resplendit et rebondit sur ces décors qui rendent honneur à la marque. Le jour passe à la nuit, les saisons défilent et on en prend plein les yeux. Les équipes ont même le sens de l’événement ! Alors qu’on se déplace, il arrive que des animations se déclenchent dans l’environnement, nous émerveiller avec douceur. Des papillons qui s’envolent, des poissons qui frôlent le bord de l’eau, la neige qui survient... Tout est conçu pour créer une atmosphère reposante et vivante. C’est un régal pour les yeux.

Dans cette même perspective, LEGO Voyagers laisse entendre une bande-son méditative qui nous transporte et participe vraiment à l’ambiance du jeu. D’ailleurs, les fans de Life is Strange premier du nom trouveront certainement quelques similitudes avec l’OST du jeu de Don’t Nod. On retrouve ces mêmes nappes qui caressent l’oreille et nous mettent dans les conditions parfaites pour apprécier ces moments sereins. Pour autant, Light Brick Studios ne manque pas d’apporter quelques rebondissements auditifs. Le studio ponctue les moments d’action avec sonorités plus percutantes et enjouées, propices au sentiment d’aventure.

Ce dernier est enfin soutenu par une technique quasiment irréprochable. Les équipes de développement nous ont concocté un beau jeu qui tourne très bien sur PS5. Nous n’avons pas eu à déplorer de bugs pendant nos sessions, ni de ralentissements quelconque. Nous noterons seulement quelques effets de tearing dans l’affichage. Aussi, du côté du gameplay, nous nous sommes retrouvés dans des situations où nous étions incapables d’interagir avec une pièce qui aurait glissé dans un endroit inaccessible. L’avantage est que les sauvegardes automatiques interviennent à chaque changement de tableau. On peut donc recharger la scène en un clin d’œil pour recommencer. Ça peut être un peu rébarbatif si vous aviez bien avancé dans la zone, mais ça se fait vite. Tant qu’on parle du menu, on espère qu’un petit patch viendra ajouter de la couleur ou des contrastes. Pour l'instant, on ne distingue pas bien l’option sur laquelle on s’apprête à appuyer. Autrement, Light Brick Studios s’en sort à merveille sur le plan technique !