Avec Windbound, les australiens de 5 Lives Studio se sont probablement inspirés de leur statut insulaire pour ajouter une bonne dose d'aventure et d'exotisme dans leur jeu. Ça, et l'épisode Gamecube de Zelda, assurément. Mais alors, Windbound est-il un fringuant trois mâts, ou une vieille épave qui prend l'eau ? La réponse dans ce test venteux.

Dès que le vent soufflera...

Avec son design un poil enfantin, ses faux airs de Wind Waker et son héroïne qui ressemble comme deux gouttes d'eau à la princesse Zelda, Windbound marque d'emblée des points et les esprits rien qu'avec les premiers visuels. Et en jeu, l'émerveillement reste permanent et on est séduit par l'univers. Question narration, c'est un peu plus chiche. Cette dernière est quasiment absente, et l'héroïne sait crier... mais pas parler. Passé la cinématique de début, qui voit notre avatar en bien mauvaise posture face à un calamar géant, on devra se contenter d'obscures et mystérieuses phrases poétiques lorsque l'on franchit une étape, sous-titrées en français, de quelques peintures animées sur des murs, et au final, Windbound est presque un jeu muet.

Musicalement, c'est plus intéressant, avec de belles compositions au piano, mais qui dérapent un peu pendant les combats avec d'inquiétants râles mélodiques. Et techniquement, la Switch en a suffisamment sous le capot pour faire tourner le tout de façon convaincante, sans vrai défaut si ce n'est des chargements un poil longuets, et une distance d'affichage parfois limitée, ou l'on voit toujours l'île finale au loin, mais pas toujours les objectifs qui se situent avant. Cela reste malgré tout bien suffisant pour profiter du voyage.

Le bateau ivre

Question gameplay, si Windbound emprunte à son modèle de design le déplacement entre îles avec un bateau, c'est à peu près le seul point commun que l'on pourra trouver aux deux titres. Et oui, ici, nous sommes face à un jeu de survie aux mécaniques rogue-lite sans pitié ! En mode histoire, si vous mourez, vous perdez tout, sauf quelques objets, et vous devez repartir du début du niveau. Et pour les plus courageux, en mode survie, vous devez repartir du début du jeu en cas de décès ! Et avec la génération procédurale des îles que vous allez explorer, vous repartez dans une "nouvelle" aventure à chaque fois, malgré le fait que les îles se ressemblent souvent toutes. Seules quelques nouvelles couleurs de végétation feront leur apparition dans les niveaux supérieurs, ainsi que quelques nouvelles bestioles.

Question progression, c'est très répétitif : On doit escalader trois tours, visibles au loin, pour dénicher trois clefs qui vont ouvrir la porte de l'île finale, qui lancera une course-poursuite avec le calamar géant de la cinématique du début. Et une fois échappé, rebelote pour le niveau suivant : Trois tours, une course poursuite. Et ainsi de suite sur les cinq niveaux que constituent le jeu. C'est très répétitif, les trajets entre les îles sont souvent plutôt longs, et peuvent être pénibles si le vent n'est pas avec nous, mais fort heureusement, l'aspect survie va venir mettre son grain de sel dans le déroulement de votre partie parfaite.

Aux sombres héros de l'amer

Windbound n'est pas tendre avec le joueur, soyez en assurés : avec très peu de tutoriel, le mode histoire n'est pas une promenade de santé et nécessitera une préparation sans faille, et une grande concentration pour ne pas tomber dans l'excès de confiance, la mort pouvant surgir de tous les côtés : même le feu de camp avec lequel vous allez faire cuire votre viande peut vous blesser ! Il faudra régulièrement chasser pour se nourrir, afin de ne pas voir le niveau maximum de sa jauge d'endurance diminuer de façon drastique, et faire attention à ne pas trop sprinter. La noyade est très facile, et on a vite fait de se prendre un récif de corail trop loin des côtes en regardant ailleurs ou en prenant des notes... pour son test ! Le bateau est plutôt fragile au début et on en perdra quelques-uns avant de pouvoir créer quelque chose de plus durable. Pour la chasse, vous pourrez attaquer vos ennemis à distance, mais aussi au corps à corps avec un mode de visée très rétro, qui ferait presque penser à celui d'un vieux Zelda 3D. Mais franchement, le mapping des boutons est vraiment très bizarre, embrouille le joueur, et les commandes sont plutôt rigides. On galère vraiment dans les combats, et on n'est jamais à l'abri d'une chute dans les escalades !

Ces commandes bizarres, on va aussi les retrouver dans les menus. Clairement, Windbound manque d'ergonomie dans tous les compartiments. Et c'est dommage car cela vient ternir l'aspect fabrication du jeu. Avec toutes les ressources amassées, il faudra se fabriquer de nouvelles armes, de nouveaux objets et on pourra aussi améliorer son bateau, passant du vulgaire radeau au trimaran. Le système se découvre au fur et mesure de nos loots et de nos besoins, mais l'inventaire est vraiment tout petit, nous oblige à choisir ce que l'on veut garder, et sa gestion est vraiment pénible. C'est réellement dommage, car Windbound proposait de bonnes idées en termes de survie, mais l'exécution niveau jouabilité reste grandement perfectible, et le tout se montre quand même bien répétitif.