Insurgency : Sandstorm est totalement à contre courant du jeu compétitif actuel, et c'est ce qu'on aime chez lui. Ici, nulle question de kill-cam ou de danse de victoire, l'ambiance est des plus sérieuses, nous sommes dans une simulation précise. Même si le contexte en lui-même est fictif, il s'inspire très largement des horreurs qui se passent au Moyen-Orient. Un mélange intelligent entre ce qui se passe en Syrie et en Irak, mais le "scénario" (même si l'on parle de multijoueur) reste volontairement assez flou, avec des combats entre insurgés et groupes paramilitaires (comme ce qui se passe en Syrie et en Irak avec des groupes russes et américains comme les Blackwater). Ça n'en reste pas moins assez osé et c'est une décision à saluer.

Entre classicisme et nouvelles approches

Le jeu propose un système PVP (classique, avec notamment des modes de prise de territoire) mais aussi, et c'est plus surprenant, un mode PVE dans lequel on doit se battre en équipe contre des bots. Plus les joueurs sont nombreux, plus les IA le sont aussi et plus elles sont agressives (cela dépend aussi du niveau d'expérience des joueurs). Et pour une fois dans les FPS (et contrairement à Battlefield V pour ne citer que lui), l'IA n'est pas aux fraises et propose un vrai défi intéressant. Cet aspect rude et viscéral est renforcé par le fait qu'une balle ou deux suffisent à vous mettre à terre. Quel plaisir de retrouver le ressenti d'un Red Orchestra dans les gunfights... Évidemment l'intelligence artificielle n'est pas sans faille et on retrouve quand même quelque faiblesse comme des comportements un poil trop linéaires.

Un mode PVE multijoueur de qualité

En PVE, une fois mort, il faut attendre que l'équipe prenne l'objectif suivant pour pouvoir respawn, on a donc aussi un sérieux coté survie où chaque mouvement de troupe doit se faire avec intelligence. Une pointe tactique qui accentue le coté simulation de la plus belle des manières. Pour ne rien gâcher, chaque classe est complémentaire, avec un total de 8 possibilités (le commander, chef d'escouade pouvant demander des appuis hors map, le gunner, le sniper, etc. Avant chaque partie, le joueur doit dépenser un nombre limité de point pour sélectionner son équipement, et autant vous dire qu'il va falloir faire des choix cruciaux. Le simple oubli d'une optique ou d'une grenade peut s'avérer catastrophique pour le déroulement de votre mission. En PVP les choix sont encore plus cruciaux car le joueur possède encore moins de points qu'en PVE, et évidemment les ennemis humains sont bien plus coriaces (quoi que...).

Le nouveau ARMA ?

Contrairement à un ARMA, la balistique des armes n'est pas si poussée et il ne faut pas s'attendre par exemple à ce que le vent ait une influence sur la trajectoire de nos ogives, etc. On ne rentre donc pas dans l'extrême et on peut considérer que c'est un bon point. La quête de réalisme se retrouve plus volontiers dans le recul des armes : pas question d'avoir une sensations de paintball comme dans les FPS de mauvaise facture. Idem pour les munitions que l'on ne trouve pas en masse un peu partout : on doit préserver nos ressources un maximum car le réapprovisionnement est inexistant ou presque, si ce n'est via quelque caisses pendant un temps très limité.

Quelques défauts

Même si le contenu est pour l'instant limité avec un ensemble de 6 maps, on saluera déjà les ajouts fréquents de contenu (5 nouvelles armes vont arriver peu de temps après la publication de ce test par exemple). De plus, le level design et la direction artistique sont très réussis et ne vous laissent pas le goût amer du déjà-vu d'une carte à l'autre. Il y en a pour tous les goûts, de la raffinerie pétrolière au petit village paysan de montage. On a vraiment la sensation d'être au beau milieu de la Syrie ou de l'Irak.

Au rang des déceptions, en plus du contenu un peu léger, on notera l'absence d'une campagne solo initialement prévue, d'autant que celle-ci avait de quoi de susciter les curiosités avec un scénario portant sur une jeune rebelle des forces kurdes (sans préciser réellement ce fait, pour ne pas s'attirer d'ennuis). Le jeu n'en reste pas moins une bonne surprise, comme un vent de fraîcheur permettant de savourer le FPS d'une manière différente.


Le coin du PC : Avec la configuration de la rédaction à base de grosse RTX 2080 ti et d'i7 8700K, vous pouvez vous douter qu'il n'y aucun problème de framerate. Mais nous avons essayé aussi la configuration sur une configuration bien plus modeste à base d'i5 et de GTX 970, et force et de constater qu'il est bien difficile de faire tourner le jeu dans des conditions optimales. Il va falloir faire des concessions car l'optimisation n'est pas le point fort du jeu, même si cela à tendance à s'améliorer avec les très récents patchs.