Avec son atmosphère cosy et son habillage graphique un tantinet moins rudimentaire, Picross 3D : Round 2 réserve un accueil plus chaleureux que ses prédécesseurs. Cet opus a en effet pour cadre un café bibliothèque, dont les livres constituent chacun un recueil de casse-tête. Le premier d'entre eux vient naturellement exposer les principes de base, en l'occurrence déterminer les blocs qu'il faut colorier ou supprimer, selon les indices chiffrés placés au bout des rangées. Une explication d'autant plus salutaire que les blocs peuvent désormais prendre deux couleurs, le bleu ou l'orange, cette dernière permettant d'obtenir des formes moins cubiques une fois sculptées. Exit le voxel art, les objets ont un aspect plus arrondi, et de fait moins abstrait qu'auparavant. Au delà des considérations esthétiques que suggère la contemplation de telles oeuvres sous tous les angles (sans parler de leur subtil humour géométrique), cette évolution aide ainsi à deviner la structure de ces puzzles, ce qui ne s'avère pas inutile lorsqu'ils se montrent carrément massifs.

Tout en rondeurs

Dommage que la 3D auto stéréoscopique n'ait pas été exploitée afin de mieux visualiser les perspectives, les objets se manipulant uniquement via l'écran tactile, avec les boutons pour changer d'outils. En outre l'ajout de la deuxième couleur conduit parfois à s'emmêler les pinceaux avec les commandes durant les cogitations intenses, un écueil rendu encore plus regrettable par la pénalisation systématique des fautes. Heureusement, elles se raréfient avec la pratique, à mesure que l'usage des réglettes devient un automatisme. Celles-ci servent toujours à afficher des coupes qui rappellent la présentation en 2D initiale de Picross, dont la formule n'a décidément rien perdu en efficacité. Surtout que l'apparition d'une bombe pour effacer illico les blocs superflus et le recours éventuel aux conseils indiquant la manoeuvre la plus appropriée facilitent considérablement la tâche. Enfin l'avancée se veut plus progressive, des tomes spécifiques introduisant tranquillement les éléments supplémentaires, tandis que la difficulté est dorénavant ajustable pour chaque casse-tête.

Puzzlethèque pour tous

Le challenge réside donc dans le score, qui dépend du niveau sélectionné, de la rapidité de finition et du nombre d'erreurs commises. Si les étoiles se voient ici simplement remplacées par des joyaux, leur degré de "préciosité" entre en jeu dans le déverrouillage des livres, pour certains soumis à des règles d'infaillibilité ou de temps limité. Par conséquent il ne suffit pas de les terminer en mode fastoche pour accéder à l'ensemble bibliothèque, mais on a alternativement le loisir de faire l'impasse sur quelques bouquins. La diversité des objectifs pour avancer va de pair avec la variété des thèmes "littéraires", de sorte que les heures de réflexion se comptent vite par dizaines, voire centaines si l'on vise la perfection dans la soixantaine d'albums. Et bien que le téléchargement de puzzles ait disparu au profit de dix petits amiibo, au moins ceux-là ne risquent pas de s'évaporer une fois le service interrompu. De toute façon, le copieux volume du programme et l'exigence des livres experts pourra combler les amateurs les plus férus de Picross, qui devraient d'ailleurs augmenter proportionnellement à la consommation d'aspirine au vu de ce formidable exercice intellectuel, obnubilant, et définitivement passionnant.