Avec le divorce entre le studio des têtes dirigeantes
du studio de développement Infinity Ward et son éditeur Activision
Blizzard, le monde du jeu vidéo et la communauté des joueurs ont été
secoués par cette affaire absconse entre les deux parties, les rumeurs se succédant allègrement sur l'Internet. Cette affaire est d'autant
plus importante que Infinity Ward, qui s'occupait de développer les jeux Call of Duty (ceux estampillés Modern Warfare récemment)
était considéré comme la poule aux œufs d'or de l'éditeur n°1 mondial.
Une annonce à remettre en contexte avec l'annonce du départ de toute une partie de l'équipe vers un nouveau studio fondé pour en reformer un, le bien nommé Respawn Studio. Et cela ne manque pas de piquant lorsque ce
même studio compte travailler pour Electronic Arts, ancien éditeur
leader, désormais dauphin et challenger d'Activision.

Le cycle de développement sous l'ère Activision se déroulait suivant un système de roulement : une année, Infinity Ward développait un jeu Call of Duty (les fameux Modern Warfare) tandis qu'une autre année,
c'était le studio de développement Treyarch qui développait un nouveau Call of Duty. Cela permettait à
l'éditeur Activision de présenter sa série phare chaque année au public
tout en permettant à ses deux studios de développement de disposer de
suffisamment de temps pour proposer à chaque fois un nouveau jeu.
Ceci étant dit, le rapport était déséquilibré puisque c'était bel et bien Infinity Ward qui avait l'initiative. Depuis leur coup de maître
commercial Call of Duty : Modern Warfare, Treyarch était un
studio sommé d'imiter la patte Infinity Ward, indissociable de
l'identité Call of Duty. En clair, Treyarch effectuait un travail de commande, qui était celui de réaliser un jeu dans l'esprit Infinity
Ward (des transferts de technologie avaient lieu).
Les joueurs et les journalistes ne furent pas dupes, puisque
généralement, les épisodes développés par Treyarch étaient beaucoup plus critiqués à cause de leur qualité. Comme souvent dans cette industrie,
une imitation n'est jamais l'égal de l'original. Le studio de jeu fut
boudé voire très sévèrement critiqué pour son manque de génie, ses
approximations (et disons-le, les critiques étaient parfois démesurées).

Avec l'implosion de Infinity Ward et la cassure fatale de la série,
nous pouvons espérer pour Treyarch que cela mette fin à sa situation peu enviable de second couteau. Car en 2010, c'est au tour de Treyarch de
développer le nouveau (et dernier ?) Call of Duty, sous-titré Black Ops. Première nouveauté, le jeu ne se déroule pas lors de la
Seconde Guerre Mondiale, époque fétiche de Treyarch, mais semble
dessiner, pour l'heure, un jeu où le joueur serait convié à participer à différents conflits dans le monde à différentes époques (à moins que ce soit pendant la Guerre Froide), dans le fantasme de ces opérations
secrètes menées derrière les lignes ennemies niées par les gouvernements en cas d'échec. Plus encore, à la vue du premier teaser, le jeu
semble miser sur une certaine maturité du propos esquissant des thèmes
comme la douleur, la souffrance, la torture, le rapport à la nation, à
la hiérarchie, à l'humain etc. En clair, nous sommes loin, à priori, du
soldat patriote, héros par essence. Ces thèmes, s'ils sont traités avec
plus de clarté (et de courage ?) par Treyarch, peuvent interroger le
joueur sur la situation de soldat.
En quelque sorte libéré de l'ombre de Infinity Ward, nous espérons
que Treyarch pourra avoir plus de champ libre pour pouvoir exprimer ses
propres idées à l'avenir, que ce soit dans ce jeu (cela est peut-être
prématuré) ou les suivants. Et de voir seulement là, s'ils ont
effectivement du talent.

 

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