Comme beaucoup d'oeuvres extraordinaires de nos jours, Before I Forget émerge d'une Game Jam, en l'occurrence de l'esprit de Claire Morwood et Chella Ramanan, co-fondatrices du micro studio 3-Fold Games. Cette expérience narrative constitue une véritable immersion dans la vie d'un individu atteint de démence, à la toute première personne donc. La désorientation dans l'espace, la disparition des repères temporels, les terribles angoisses, les perceptions altérées et surtout la perte de mémoire y sont finement retranscrits, grâce notamment aux conseils apportés par des psychiatres au fil du développement. Ainsi l'apparente austérité de son univers monochrome, qui se recouvre de couleurs à mesure que l'héroïne retrouve ses souvenirs, permet de conter cette histoire bribe par bribe, tout en étalant ses aspirations artistiques par petites touches graphiques et musicales. Certes le récit résolument poétique tire parfois un peu trop sur la corde sensible par le biais des monologues, mais la simplicité d'une telle mise en scène engendre de profondes émotions, et sert de fait son propos. Idem pour sa durée d'une heure à peine, les commentaires bonus venant éclairer en toute humilité cette production littéralement inoubliable, de surcroît utile dans l'absolu.