Ha, Monster Hunter World. En un seul épisode, Capcom a su réinventer une de ses franchises phares, et fait exploser les compteurs, faisant du jeu le plus gros vendeur du studio d'Osaka devant des licences telles que Resident Evil ou Street Fighter, c'est dire. Aujourd'hui, alors que la saga revient avec cet épisode Rise, la pression est grande : ne souffrira-t-il pas de son statut d'exclusivité Switch temporaire ? Sera-t-il à la hauteur de World ? Autant de questions qui vont trouver leur réponse tout de suite !

Toukiden Rise

Après un passage dans un éditeur de personnage plutôt complet, il est enfin temps de se lancer dans la chasse aux monstres. Monster Hunter Rise reprend la formule classique de la saga, à savoir des missions en instance jusqu'à 4 joueurs en ligne ou réseau local - on vous rappelle de respecter scrupuleusement les gestes barrière - où il faudra chasser un ou plusieurs gros monstres, se forger armes et armures à partir de leurs restes fumants, puis repartir en chasse à nouveau ! Et dès nos premiers pas, on se rend compte que quelque chose a changé : là ou l'ambiance lorgnait plutôt du côté moyenâgeux de la Fantasy dans les précédents épisodes, ici, c'est le Japon féodal qui prend ses quartiers, et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce tournant en matière de design pourra en séduire plus d'un ! Des musiques - chantées et du plus bel effet, à la NieR Automata - en passant par les décors ou les menus, tout a été passé à la moulinette de cette charmante influence.

Les monstres sont représentés sous formes d'estampes, ils ont droit, tout comme les décors, à une présentation très onirique gazouillée par un poète et sa mandoline... Clairement, le maître Monster Hunter s'inspire de l'élève Toukiden, le surpasse sur son propre terrain et cela fait plaisir à voir ! Même le scénario (auquel on peut appliquer l'acronyme OSEF, entendons-nous bien) est pompé sur le jeu d'Omega Force : de vilains méchants monstres deviennent fous et attaquent notre petit village, qu'il va falloir défendre. Au moins, on perd un peu le côté "Safari sauvage" parfois un peu dérangeant et pas très "PETA-friendly" des précédents épisodes ! Votre serviteur, par exemple, se faisait toujours un devoir de capturer un maximum de ces bestioles plutôt que de les tuer. Dans Rise, il part au combat le coeur plus léger !

Nintendogs (and Cats !)

Si le design va se montre plus que séduisant, la jouabilité n'est pas en reste, malgré un verrouillage d'ennemi un peu capricieux. Pas mal de petites nouveautés sont de la partie, comme le Filoptère, un nouveau grappin dont l'utilisation se modère grâce à des temps d'attente. Et si la mécanique ressemble beaucoup à celle de Toukiden 2, elle fonctionne beaucoup mieux et ajoute un vrai dynamisme aux combats, que ce soit pour foncer à toute berzingue sur un adversaire, ou au contraire, s'enfuir le plus rapidement possible pour prendre une potion avant la seconde charge fatale d'un Rathalos ! Associé à vos nouvelles capacités de wall ride, vous serez parés pour jouer au Ninja et cela fonctionne plutôt pas mal. Dans le même ordre d'idée, votre arme favorite va bénéficier d'un nouveau coup fort qui pourra remplacer le précédent. Par exemple, pour les doubles épées, le coup tournoyant pourra être remplacé au camp par un autre, ou votre combattant va s'élever dans les airs avant de retomber sur sa proie, de quoi redynamiser certains affrontements et rendre votre arme de prédilection plus susceptible d'être utilisée en toutes circonstances, notamment en association avec le filoptère. Et on pense bien évidemment aux plus lourdes d'entre elles, avec un impact réel sur la jouabilité et l'aspect stratégique.

Pour vos déplacements, vous avez à votre disposition, en plus de votre traditionnel Palico (un chat qui vous suit partout et se bat à vos côtés), un nouveau compagnon, un canidé de la race des Chumsky. Ce dernier va vous aider en combat mais aussi vous servir de monture. L'occasion de voir que l'ergonomie offerte par World s'est encore améliorée, puisque, à dos de chien, vous pourrez continuer à ramasser plantes et autres gisements - plus qu'un seul coup de pioche requis ! - et même aiguiser votre arme tout en continuant à vous déplacer. Un vrai plaisir après presque 20 ans de galère, et ce même si la gestion du toutou hors combat reste parfois perfectible, avec des commandes qui peinent parfois à être prises en compte par le jeu. Et dans le cas où le meilleur ami de l'homme ne vous suffit plus, si vous arrivez à sonner un monstre suffisamment fort, c'est sur son dos que vous pourrez monter ! Les guerres de territoire entre les gros monstres en deviennent assez épiques puisque, régulièrement, deux bestioles géantes vont pouvoir se battre ensemble selon vos ordres, et en multijoueur, avec un camarade de chasse, les duels deviennent vraiment amusants, avec des destructions de décor en pagaille !

Spider-Hunter

Le décor, parlons-en. Sachez déjà que l'on retrouve l'esprit des cartes de Monster Hunter World - forêt, désert, neige - dans celles de Rise, le côté japonisant en plus. Au nombre de 5, les arènes sont indépendantes, mais les zones qui les constituent sont plus que jamais reliées entre elles, avec même une verticalité appuyée, où l'on pourra aisément passer du fond d'une grotte à la plaine qui la surplombe en deux-trois coups de grappin. En effet, les capacités de courses sur les murs et le filoptère, ainsi que le Chumsky rendent l'exploration bien plus aisée. En revanche, plus de navicioles, ni de traque du monstre avec les traces au sol qui donnaient un fort côté "trappeur" à la chasse. Dommage, cet aspect de World était carrément réussi. Le brouillard de guerre qui cache la carte sera très vite levé, et l'exploration révèlera bien des surprises. En plus d'un casting de monstres bien fourni (une petite cinquantaine pour l'instant), avec mal pas de petits nouveaux bien inspirés du folklore nippon et qui n'auraient pas volé leur place dans Nioh ou... Toukiden, quelques têtes connues feront bien évidemment leur retour. Si le jeu se limite pour l'instant aux quêtes de rang 7, du contenu supplémentaire et du post-game arriveront régulièrement via des mises à jour gratuites, comme World a pu en bénéficier. Dans le cas où votre objectif est de compléter le compendium et ses couronnes, ainsi que d'avoir tout le stuff existant, nul doute que vous aurez de quoi faire.

En attendant, en plus de ces grosses bestioles, l'univers de Rise est plus vivant que jamais ! Un cycle jour/nuit défile sous vos yeux en direct, pour peu que vous titillez les 50 minutes du chrono d'une mission, et le moindre insecte qui traine ici ou là aura son petit effet sur votre constitution. Les Vita guêpes ne sont clairement plus toutes seules. Et avec vos nouvelles capacités d'escalade hors du commun, vous pourrez aussi vous lancer dans la chasse aux objets cachés dans le décor, à flanc de falaise ! Bien évidemment, la pêche est de retour et vous fera encore perdre de longues minutes de votre vie, ô combien exaltante. Tout un programme.

Monstre Chasse Avènement

Les combats sont plus dantesques que jamais, bien qu'un peu faciles pour le chasseur aguerri, et le plaisir de se constituer le stuff parfait demeure. Les arbres de forge des armes sont toujours assez démentiels, et les tenues toujours très inspirées pour peu qu'on soit sensible au style, et particulièrement sexy, notamment pour les combattantes, les hommes devant devant se contenter de brutalité ou d'androgynie. Et si les quantités de matériaux requis ont été revus à la baisse, il faudra toujours s'enchainer plusieurs fois le même monstre à la suite pour tenter de récupérer sa gemme la plus précieuse. Et ensuite, à vous les joies de combattre cette bestiole auparavant si récalcitrante avec la bonne arme et l'armure adéquate ! Bien évidemment, il ne faudra pas non plus oublier de dévorer un bon repas avant de partir en mission, et le festin a ici été remplacé par des brochettes de boulettes aux effets plus simples à appliquer, mais moins spectaculaires. Notons aussi que la mort s'avère moins punitive sur les effets des repas. Enfin, on apprécie l'apparition de nouvelles missions très sympathiques, les "calamités", qui saupoudrent le jeu d'une dose de tower defense avec des accessoires et des installations qui vous permettront de repousser des vagues d'ennemis.

Monster Hunter Rise, bien que perfectible - et il sera très certainement amélioré vu le travail abattu par Capcom sur World - est une grande réussite. Ne reste plus qu'à parler chiffons avec les spécificités de cette version Switch. Au demeurant, c'est très beau. Peut-être même un des plus beaux jeux qu'on ait vu tourner sur Switch, le design rendant bien évidemment la tâche plus facile. Alors oui, il y a de l'aliasing, les monstres au loin bénéficient d'animations en 2 FPS - comme dans World sur PS4 Pro - la résolution est faiblarde, et de menues chutes de frame rate non préjudiciables se présentent parfois en mode télé. En portable, tout se passe très bien, et quoi qu'il arrive, le jeu bénéficie de temps de chargements très rapides ! À 4 dans le métro, on ne donne pas cher de la batterie de votre console, pour peu que vous ayez prévu de vous faire toute la ligne. Avec votre masque, les fenêtres ouvertes et en silence, on vous le rappelle.