Comme son titre le laisse entendre, Gears 5 est la suite directe de Gears of War 4. Il axe cependant son intrigue différemment. Le quatrième épisode avait pour premier rôle JD Fenix, le fils de Marcus, héros historique de la série. Ici, c'est Kait Diaz qui est à l'honneur. Cette dernière est physiologiquement liée aux Locustes, ce qui peut poser de sérieux problèmes, et est bien décidée à découvrir pourquoi. Sa quête de vérité constitue un des deux axes majeurs de la campagne de Gears 5. Le second est la remise en service du Rayon de l'Aube, arme surpuissante à l'importance capitale dans la guerre qui oppose les humains aux envahisseurs. S'il est possible d'écrire ici que ce volet apporte plusieurs bouleversements la mythologie de la saga, et fait des révélations sur des éléments importants, nous nous abstiendrons bien évidemment de rentrer dans les détails et donc de gâcher la surprise de ceux qui souhaitent découvrir le scénario du jeu par eux-mêmes. Si la trame ne parvient pas à tirer la moindre larmichette au joueur, elle demeure intéressante (en particulier lorsqu'il s'agit du lien entre Kait et les Locustes) et saupoudrée des séquences grand spectacle comme la série sait si bien les faire. D'une manière générale, la licence se trouve en tout cas bel et bien au coeur d'un nouvel arc narratif.

En route pour l'aventure

Dans Gears 5, la série change donc de personnage principal. Mais là n'est pas la seule transformation connue par la campagne. Jusqu'à présent les Gears of War étaient connus pour des campagnes linéaires se déroulant dans des environnements relativement clos avec des séquences de gunfights entrecoupées de courts passages différents (sur rails par exemple). Ici, les séquences linéaires demeurent. Mais elles sont ponctuées, dans les chapitres deux et trois (sur les quatre que propose la campagne) par des passages en "monde ouvert." En effet, le mode Histoire de ce cinquième épisode se déroule en partie sur deux zones ouvertes sur lesquelles se trouvent les objectifs principaux ainsi que des quêtes annexes. Ces dernières peuvent être découvertes dans n'importe quel ordre et le jeu ne tient pas la main de l'utilisateur en indiquant d'emblée où elles se trouvent. Pour les découvrir, il va falloir explorer la map à l'aide du Skiff, le véhicule utilisé par Kait et ses compagnons. Ces quêtes permettent d'en apprendre un peu plus sur l'univers de Gears of War et surtout de récupérer des objets utiles. En plus de permettre de respirer entre deux affrontements, les déplacements en Skiff donnent lieu à plusieurs séquences haletantes de la campagne. L'arrivée du Skiff, des zones ouvertes et des quêtes annexes sert Gears 5 et l'on est désormais curieux de voir jusqu'où The Coalition pourrait pousser le concept.

Comme il était possible de le prévoir, ces modifications apportées à la structure de la campagne ont un impact net sur la durée de vie de celle-ci. Pour les besoins de ce test, votre serviteur a mis 14 heures pour terminer le mode Histoire en jouant seul avec le mode de difficulté Intermédiaire, en terminant plusieurs quêtes annexes et en récupérant 78,68% des éléments à trouver en cours de partie. Augmenter le niveau de difficulté, terminer toutes les quêtes annexes, trouver tous les objets cachés (pour certains disséminés des les zones "monde ouvert") ainsi que tous les éléments permettant d'améliorer Jack (parfois obtenus en terminant une quête annexe) fera logiquement grimper sensiblement le nombre d'heures passées sur cette campagne. Et Gears 5 est loin de ne proposer que cette campagne à se mettre sous la dent.

Coop chérie

Horde, le mode survie pour le moins addictif présent depuis Gears of War 2 est bien évidemment de retour dans Gears 5. Et lui aussi apporte plusieurs nouveautés vraiment bien senties. Outre la possibilité d'incarner Jack, avec le gameplay qui lui est propre, ce cinquième épisode fait de chaque personnage du jeu un protagoniste à part entière avec sa classe et ses propres capacités (ces dernières différentes même entre deux personnages d'une même classe). Pour s'en sortir le mieux possible, et surtout le plus longtemps possible (le mode demande de survivre à 50 vagues d'ennemis de plus en plus nombreux et acharnés), mieux vaut réaliser une équipe complémentaire en termes de compétences et penser à communiquer fréquemment. Car les adversaires ne font vraiment pas de cadeau. Le concept fonctionne en tout cas toujours aussi bien et donne de quoi s'amuser pendant de très nombreuses heures.

En plus des ajouts aux modes existants, The Coalition a également créé un nouveau mode coopératif. Appelé Fuite, il demande aux joueurs d'échapper le plus rapidement possible d'une structure labyrinthique peuplée de Locustes, le tout avec un équipement pour le moins limité. En effet, les joueurs plantent une bombe dégageant progressivement un gaz mortel et il faut réussir à décamper rapidement, tout en s'entraidant, pour ne pas mourir asphyxié. Ce mode donne lieu à des parties d'un tout autre genre que celles du mode Horde mais divertissantes à leur manière. Ici, la rapidité est de mise et il est souvent risqué de mélanger vitesse et précipitation. L'idée est en tout cas bonne et apporte quelque chose de nouveau et intéressant à la série. D'une manière plus générale Gears 5, a pour point fort majeur de permettre de jouer à plusieurs en local à la campagne, via le système d'écran partagé, au mode Horde ainsi qu'au mode Fuite. Car même si le jeu en ligne peut lui aussi être fun, rien ne vaut une partie à trois sur le même canapé. Bien évidemment, les joueurs qui désirent en découdre avec d'autres joueurs humains peuvent toujours prendre part à des matchs en ligne dans la plus pure tradition.

À ma Guise (of War)

Manette en main, Gears 5 fait ce qu'il fait de mieux, c'est-à-dire du Gears of War. Bouton utilisé pour activer la tronçonneuse du Lanzor mis à part, les automatismes reviennent immédiatement et le plaisir est intact. De leur côté, les nouveautés liées à l'arrivée de Jack viennent s'intégrer naturellement à l'expérience. Lors d'une session sur la campagne en solo, donner des ordres à Jack n'est pas compliqué et ses fonctionnalités bénéficient d'une utilisation intuitive. Même les joueurs de Gears of War de la première heure prendront du plaisir à utiliser les capacités du petit drone. Autre intérêt de Jack, varier les manière d'envisager les différentes séquences de combat. Votre serviteur était par exemple friand de la capacité qui rend invisible Kait et Del. Cette dernière permet en effet d'enchaîner les éliminations rapprochées et donc de tailler dans le gras avant d'engager l'affrontement à proprement parler. D'autres pourront à l'inverse décider de demander à Jack de prendre le contrôle d'un ennemi pour semer la zizanie dans les rangs adverses, ou encore d'activer un bouclier pour faciliter les échauffourées. Les possibilités sont nombreuses et enrichissent véritablement l'expérience. Histoire de chipoter, nous dirons qu'il n'aurait pas été désagréable que The Coalition rafraîchisse un peu la prise en main des personnages "normaux" de Gears 5. En l'état, les choses n'ont pas vraiment bougé depuis l'épisode original et il est parfois curieux de voir les héros se retrouver bloqués contre des éléments invisibles des décors.

Et la lumière fut

Comme nous vous l'indiquions dans notre (très) récente preview de Gears 5, le jeu tourne en 4K/60 fps sur Xbox One X. Et le rendu flatte bien la rétine. Les environnements s'avèrent variés, riches en détails, et vraiment plaisants à regarder. Mais ce qui permet vraiment à ce cinquième épisode de se démarquer d'un point de vue technique, c'est le travail effectué par The Coalition sur la gestion de la lumière et les différents effets atmosphérique. Alors que la saga est connue pour son action frénétique ultra-gore, votre serviteur s'est surpris à plusieurs reprises à s'arrêter pour admirer les décors et les effets de lumière habilement exploités par les développeurs. Sur Xbox One X, le seul petit bémol réside dans quelques rares baisses de framerate. Sur Xbox One "normale," le jeu reste propre et le travail sur la lumière toujours bien visible et appréciable. En revanche, la résolution et la richesse des décors en prend logiquement un coup et le jeu apparaît bien plus terne. Sur Xbox One première du nom, il est également possible de noter des baisses de framerate par-ci par-là. Le rendu global figure parmi ce qui se fait de mieux sur Xbox One, mais est clairement plusieurs crans en dessous de ce à quoi ressemble le jeu lorsqu'il tourne sur Xbox One X.

Si Gears 5 est globalement une réussite technique, plusieurs éléments viennent noircir le tableau. Lors de la réalisation de ce test, des scripts ne se sont par exemple pas lancés à quatre moments différents de la campagne, qui plus est après des séquences tendues. Le jeu n'ayant pas comptabilisé la fin d'un affrontement, il refusait tout simplement de permettre de continuer l'aventure. Face à ce problème, la seule solution était donc de relancer au dernier point de sauvegarde. Pénible. Un autre curieux problème se trouve au niveau des sous-titres en français. Tout au long de l'aventure, ces derniers avaient une fâcheuse tendance à passer en cours de dialogue sur des répliques venues de scènes autres que celle en cours. Pour les sourds et malentendants, ce bug peut tout simplement rendre le jeu incompréhensible. Qu'il s'agisse du premier problème ou du second, il faut espérer qu'un patch viendra corriger ça rapidement.

Le tronçonnage pour tous

Les nouveaux venus sont accueillis à bras ouverts dans cet épisode. Outre le personnage de Jack à la jouabilité simplifiée dont nous vous parlions dans nos deux previews de la semaine dernière (sur la campagne et sur le mode Horde), le jeu propose un récapitulatif des événements marquants de Gears of War 4 ainsi qu'un rappel d'éléments importants de la mythologie globale. De plus, un tutoriel permet de se familiariser avec les commandes si besoin est. Autre élément bien pensé, Gears 5 permet de faire de nombreux réglages en matière d'accessibilité : taille des sous-titres, mode daltonien, jeu avec un seul stick analogique, désactivation des mouvements brusques de caméra, etc. Bien évidemment, la manette Adaptative est elle aussi compatible et sa configuration est proposée lors du premier lancement du jeu. Cela pouvait paraître audacieux de la part de The Coalition que de dire que Gears 5 est le meilleur épisode avec lequel découvrir la licence. Et pourtant, il est clair, vues toutes les qualités du jeu, les améliorations apportées à sa campagne et à la Horde, ses nouveaux modes de jeu et les efforts consentis en termes de contenu et d'accessibilité, que le studio canadien disait vrai.