Le moins que l'on puisse dire, c'est que le développement de Crackdown 3 n'aura pas été de tout repos, et que toutes ces péripéties sont venues entacher l'image du jeu avant même sa sortie. Multiples reports, changements d'équipe de développement, destruction des bâtiments revue à la baisse et limitée au multi... Difficile de créer un climat serein dans ces conditions ! Mais faisant fi de toutes les moqueries de l'internet 2.0, le voilà qui pointe enfin le bout de son nez, et comme on avait déjà pu s'en apercevoir en partie lors de notre preview, force est de constater que si l'on est clairement pas devant le jeu de l'année, on est quand même loin de la catastrophe annoncée.

Touchdown !

Côté univers, ça part très bien. En tête de gondole, Terry Crews, un ex-footballeur américain reconverti dans le divertissement bien souvent comique, est modélisé dans le jeu et offre ses traits cel-shadés à l'un des membres de l'Agence, dans un style tout de même parfois bien caricatural. Ainsi, dès le début de l'aventure, après un laïus mémorable de notre cher Terry, toute l'équipe meurt dans la destruction de sa navette de transport. Grâce aux technologies modernes, on vous ramène à la vie, mais il va falloir tout ré-apprendre et repartir du statut de simple troufion. Entre temps, une corporation maléfique à pris le contrôle de la ville, et il va falloir la reprendre. Le tout nous est narré avec des cinématiques plutôt cools, un mélange de séquences in-engine et d'autres dessinées à la main puis légèrement animées, qui sont du plus bel effet. Les musiques ne sont pas en reste et marquent bien l'esprit du jeu, entre sonorités électro et hip hop, tandis que les doublages français sont de plutôt bonne qualité. Le ton est bien badass et l'humour, la dérision, répondent bien présent. Bref, l'univers coloré à souhait de Crackdown 3 a mine de rien de quoi attirer le chaland.

Pour ce qui est de la jouabilité, le constat sera en revanche un peu plus mitigé. Les fusillades sont assez basiques, puisqu'il suffit de verrouiller ses ennemis et se déplacer autour d'eux. C'est un peu bourrin, mais on prend tout de même du plaisir à défourailler ses adversaires avec quelques armes bien stylées. Les phases de plateforme sont en revanche assez intéressantes et plutôt bien fichues, avec de bonnes sensations de sauts contrôlés et techniques, une bonne physique nous emmenant à des hauteurs assez hallucinantes jusqu'en haut des gratte-ciels... On prend aussi plaisir à explorer le décor, à chercher le bon chemin ou les orbes cachés.

Malheureusement l'enrobage global est tout de même assez daté, il faut bien le dire, avec parfois des animations bien pourries ou des téléportations du personnage au beau milieu d'une action, comme lorsqu'on vole une voiture. Parlons de la conduite, d'ailleurs... ce n'est clairement pas le mode de transport que vous privilégierez : on s'en sort bien mieux à pieds ! Les véhicules sont en effet assez rigides et la gestion des collisions va du mauvais au pire en passant par le grand n'importe quoi. Bref, le gameplay est assez varié mais au final générique et loin d'être exempt de défauts.

Les parrains

Pour faire montre de tout son skill et récolter de nouveaux points de compétences - et donc les compétences qui vont avec -, il faudra progresser dans le jeu et explorer une assez vaste carte en monde ouvert, qui propose en son centre une zone faite de buildings démesurés, et tout autour des décors urbains assez variés allant du quartier résidentiel au bidonville, en passant par des coins branchés ou craignos. On retrouve aussi quelques zones industrielles de-ci de-là.

Crackdown 3 est entièrement jouable en coopération, et au menu des activités, on retrouve pas mal de choses différentes. De l'escalade de tour de propagande, tout d'abord, avec des épreuves de plateforme de plus en plus difficiles mais prenantes. On libérera aussi des camps de prisonniers, on prendra d'assaut des stations de métro, on stoppera des usines d'extraction et de raffinage de drogue, on se débarrassera de tourelles de défense qui couvrent toute la ville, on mettra hors-service des dépôts de véhicules... on pourra même participer à des courses, à pied sur les toits ou en véhicule. On trouvera également quelques cascades à faire en voiture, et on passera comme évoqué plus haut pas mal de temps à récolter des orbes cachées ici et là. Globalement, les épreuves arrivent à se diversifier en proposant des petites variations d'une mission à l'autre, et également des affrontements de plus en plus difficiles. Mais à part pour le 100% et les succès, il n'y a pas de grand intérêt à compléter les objectifs d'affaiblissement des lieutenants une fois le combat contre eux débloqué. Du coup on rushe un peu vers la fin.

La milice adverse est en tout cas bien organisée, avec une hiérarchie répartie sur trois secteurs : la drogue, la sécurité et la logistique. Il faudra faire tomber leurs installations une à une pour accéder aux combats de boss ou l'on pourra tuer l'un des 9 membres de l'organisation. C'est une progression assez plaisante, car priver un boss de ses lieutenant l'affaiblit, en rendant son niveau plus bas et en désactivant les pièges gérés par le défunt. Les combats de boss sont certes assez inégaux, avec quatre robots géants, un hélico, une surprise à la fin, tandis qu'un des 9, trop lâche, n'a pas droit à sa confrontation directe. Lors de la preview , les développeurs nous avaient dit qu'il serait possible d'aller directement à la fin, mais la difficulté de la chose rend son accomplissement presque impossible au début, sans certaines caractéristiques comme le double ou le triple saut. En dehors donc d'un new game plus ou d'une partie plus facile avec un héros boosté à fond dès le début, dans un autre monde... Oui, car notre avatar peut en effet évoluer dans plusieurs univers différents, avec la même progression. Mais pour la première partie en Normal, si on suit bien le fil directeur du jeu, il se montre assez clément et on mettra un peu plus de 10 heures pour tuer les 9 boss en validant un peu plus de la moitié des objectifs - tout en prenant un certain plaisir à le faire.

Bonus Trackdown

Vous l'aurez compris, en proposant quelque chose d'un peu hors du temps, avec un univers assez séduisant mais quelques carences dans sa construction et son exploitation, le solo de Crackdown 3 nous a tout de même procuré quelques bonnes sensations. On a même pris du plaisir à défourailler les 9 boss qui nous faisaient face. Pourtant, le premier contact avec le jeu, sur Xbox One S, fut assez compliqué, avec un framerate clairement pas à 60 fps, quelques petite chutes et, surtout, des freezes de parfois plusieurs secondes, durant lesquels on flippe bien pour sa partie et son avancement... Mais le jeu n'ait au final jamais planté. Cela dit sachez-le : sur les 10 heures de jeu passées sur Xbox One S, nous avons été confrontés à ces problèmes de fluidité une bonne centaine de fois. Ça et d'autres réjouissances telles que le son coupé après une mise en vieille de la console. Difficile de dire si notre console était défaillante, mais une fois passé sur Xbox One X, tout était d'un coup bien plus confortable. Le framerate était bien plus appréciable, et surtout les freezes intempestifs avaient enfin disparus. Pour rester sur la partie technique, la gestion des couleurs et des lumières est plutôt convaincante, quelle que soit la machine, avec beaucoup de détails chatoyants. De nuit, sans éclairage, tout devient en revanche une vraie galère lors des phases d'exploration ou de plateforme.

Mais il est temps de conclure en parlant rapidement (vous allez comprendre pourquoi) du multijoueur... Tout d'abord, même sur Xbox One X, le bilan ne sera pas aussi flatteur dans ce mode, qui est en réalité une application à part, distincte, s'installant en parallèle du jeu solo de base (avec d'ailleurs ses 500 points de Gamerscore distincts des 1000 de base). Les graphismes y sont bien moins beaux et la réalisation globale revue à la baisse. En ligne, on récupère un héros monté à fond, avec toutes les capacités, et on va pouvoir affronter d'autres joueurs humains dans... deux modes de jeu seulement. Un premier où il faut ramasser la médaille de l'ennemi qui vient de mourir, un second tout aussi classique façon Roi de la Colline. Après un matchmaking assez longuet et pour l'instant sans aucune des fonctions communautaires prévues (elles arriveront plus tard), on se retrouve à batailler dans... trois cartes seulement. Très verticales, elles nous proposent de détruire tous les murs et bâtiments pour se planquer derrière ou tendre un piège à son adversaire. La destruction est calculée via le cloud de Microsoft, et le résultat, s'il oscille entre le gadget et la vraie fonctionnalité de gameplay, reste assez fun mais pas inoubliable. Le netcode est globalement fiable, mais quand il se met à déconner, notre personnage commence à se téléporter, ce qui peut être assez déroutant. Bref, très clairement, ce mode multijoueur est si rachitique au lancement qu'il ne devrait pas tenir occupé plus d'une poignée de minutes. Et avec sa jouabilité au lock au final peu adaptée, il reste même assez anecdotique pour l'instant... en attendant de sérieuses mises à jour ? On n'en doute pas, mais pour l'instant c'est très, très limité..