Ces dernières années, le souls-like a le vent en poupe, en partie grâce à l’éclatant succès d’Elden Ring en 2022, par le même FromSoftware qui a popularisé le genre avec notamment le magistral Dark Souls en 2011, et n’a cessé de perfectionner sa propre formule. De nombreux studios ont donc naturellement voulu s’essayer à l’exercice de manière globalement plutôt convaincante, comme par exemple Team Ninja avec Nioh et Wo Long Fallen Dynasty, ou encore des studios coréens à qui l’on doit Lies of P et The First Berzerker Khazan. Malgré un genre de nos jours peut-être un brin saturé, cela n’empêche visiblement pas de nouveaux jeux d’essayer de tenter un duel contre le boss géant en la matière qu’est FromSoftware. Voici donc qu’arrive Wuchang Fallen Feathers ce 24 juillet 2025 sur PC, PS5, Xbox Series et le Game Pass, par le studio chinois Leenzee, qui veut à la fois proposer une approche très classique du souls-like, mais avec sa propre touche d’originalité. Et même s’il m’a souvent volé dans les plumes, force est de constater que le titre m’a séduit à bien des égards avec ses œillades nimbées d’un rouge un tantinet flippant.

Wuchang Fallen Feathers : un élève assidu du souls-like sur fond de fin de dynastie Ming

Contrairement à Black Myth Wukong qui s’est approprié le mythique conte chinois du Voyage vers l’Ouest pour raconter sa propre histoire, Wuchang Fallen Feathers nous narre un récit de son propre cru, qui place son intrigue dans l’Empire du Milieu, à la fin de la période de la dynastie Ming (grossièrement au 15ème siècle), alors que la rébellion fait rage face à un empire déclinant. Souls-like oblige, l’univers du titre de Leenzee adopte toutefois un twist dark-fantasy à ce contexte historique. Nous y incarnons donc Bai Wuchang, une pirate amnésique, qui s'est échouée dans la région de Shu, et a été mordue par une étrange créature ressemblant à un oiseau. Notre héroïne se trouve alors infectée de ce qu’on appelle l’Ornithropie, qui se manifeste par des plumes sur son bras gauche. 

Wuchang Fallen Feathers Heroïne
Notre héroïne démarre son aventure dans un sale état. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Cette maladie serait hélas incurable, et les personnes affectées finissent invariablement par se transformer en monstres. Pourtant, notre charmante guerrière a, ou du moins avait, avant de perdre la mémoire, une mission : retrouver sa sœur. Voici en substance le synopsis de Wuchang Fallen Feathers, et celui-ci ne va malheureusement pas vraiment décoller avant d’avoir atteint les derniers chapitres du jeu. Comme tout souls-like qui se respecte, l’histoire du titre se veut en effet assez cryptique et est surtout là en guise de prétexte pour évoluer dans un univers dangereux, et massacrer tout ce qui bouge… ou mourir (plusieurs fois) en essayant. Même s’il s’avère plus bavard que d’autres jeux du même style, avec plusieurs personnages à rencontrer, les férus de lore devront remplir les trous eux-mêmes en lisant par exemple les descriptions des nombreux objets qu’on ramasse au fil de notre quête. 

Ainsi, après une première cinématique bien cryptique qui nous donne notre première arme, nous voilà lancés avec Wuchang Fallen Feathers in media res dans l’aventure, qui prend directement une forme bien connue des vétérans des souls-like. Pas question en effet ici d’un énorme monde ouvert à explorer librement. La structure globale du jeu s’avère relativement linéaire, jalonnée ceci dit de  nombreux chemins avec divers embranchements, mais qui finissent toujours par se recouper, notamment via les fameux raccourcis salvateurs qu’on connaît bien. Rien que d’un point de vue level design, le jeu signe en tout cas une performance très convaincante, avec des niveaux bien pensés, bourrés de pièges pervers délicieusement soulsesque qui vont parfois vous faire vous arracher les cheveux (ou les plumes, c’est selon). En récompense de nos efforts, on finira invariablement par trouver moult trésors et, au bout du rouleau, un feu… un autel bien placé pour enfin se soigner, restaurer ses fioles d’est… de mana, et dépenser ses âmes… mercures rouges durement gagnés pour renforcer Wuchang, en remerciant tous les dieux du ciel après avoir longuement souffert, voire recommencé le même passage en boucle, en perdant évidemment dans l’exercice une partie (et non la totalité, contrairement aux habitudes du genre) dudit mercure rouge récolté au fil de la progression. 

Wuchang Fallen Feathers Début
Notre quête dans la région de Shu commence par un bien beau panorama. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Pas de doute possible, Wuchang Fallen Feathers est donc un véritable cas d’école du genre souls-like s’agissant de sa structure labyrinthique et du sentiment grisant de progression que nous procure la conquête d’un passage particulièrement éprouvant. On ne peut toutefois pas décemment dire que ce jeu chinois se contente de faire un bête copier-coller de l’exemplaire formule des jeux de FromSoftware. Il se permet cela dit par moments d'habiles clins d’œil aux maîtres du genre qui m’ont bien fait rire, comme par exemple un message « Danger droit devant », alors qu’un énorme rocher déboule devant moi, et qui m’aurait tué si je n’avais pas fait une halte pour lire cet avertissement providentiel. 

Wuchang Fallen Feathers Clin d'oeil Souls-Like
Vous aussi, vous avez la réf ? © Geralt de Reeves pour Gameblog

Le titre dispose en effet par-dessus le marché d’une direction artistique franchement réussie, mélangeant avec une belle maîtrise et cohérence paysages forestiers, montagnes enneigées, temples chinois majestueux, catacombes glauques au possible, et même un ultime chapitre doté d’une ambiance totalement folle, que je vous laisserai le plaisir de découvrir. Le tout tournait de plus comme un charme grâce à un Unreal Engine 5 savamment exploité sur ma configuration équipée d’une RTX 4080 SUPER, d’un Ryzen 7 7800X3D et de 32 Go de RAM, le tout sans quasiment aucun bug à déplorer. J’ai toutefois relevé quelques petites chutes de framerate par moments, mais heureusement assez rares, dans une aventure véritablement de haute volée, dépassant largement les 100 FPS quasi constamment, qui plus est sans aucun temps de chargement entre les différents actes du jeu, hors téléportation d’un autel à un autre.

Wuchang Fallen Feathers DA
Le titre nous gâte avec une direction artistique de belle facture. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Des combats épiques, mais qui vont très probablement vous voler dans les plumes

Ainsi, Wuchang Fallen Feathers se présente de prime abord comme un souls-like on ne peut plus classique, avec cela dit une structure bien maîtrisée et habilement adaptée à son univers basé sur le folklore chinois. Mais qu’en est-il de ses combats, qui nous avaient tant fait de l’œil dans ses nombreux trailers ? C’est en effet sur ce point que le titre essaie de se démarquer de ce genre bien codifié, et il s’en sort globalement avec les honneurs, mais aussi peut-être un peu trop de zèle. Étant infectée par l’Ornithropie, notre héroïne va donc peu à peu développer des pouvoirs surhumains, caractérisés par les plumes sur son bras. Celles-ci représentent une mécanique plutôt originale pour un souls-like, qui vient remplacer la classique barre de mana par des points de Puissance Céleste, au nombre maximum de cinq. 

Wuchang Fallen Feathers Puissance Celeste
En effectuant diverses actions, on récupère de la Puissance Celeste. J'en ai ici cinq à ma disposition. © Geralt de Reeves pour Gameblog

En effectuant une esquive parfaite, un contre parfait, ou des mécaniques propres à Wuchang Fallen Feathers comme le choc armé (le fait de frapper avec son arme contre l’arme de notre adversaire) ou le miroitement/empressement (lancer une capacité ou un sort donné en même temps que l’attaque adverse pour faire une esquive), une des plumes de son bras s’allumera. Ces points de Puissance Céleste sont donc les seules ressources à votre disposition pour lancer des sorts ou des capacités d’arme. Les combats prennent ainsi la forme d’un véritable jeu d’équilibriste doublé d’un ballet digne des films d’arts martiaux chinois, où notre guerrière et son adversaire s’échangent des coups violents à toute vitesse, et où le plus redoutable des bretteurs l’emportera. Grâce à cette dynamique bien huilée et des animations joliment chorégraphiées, les affrontements s’avèrent donc particulièrement plaisants à jouer, d’autant que Wuchang répond impeccablement à des commandes agréablement bien disposées sur une manette. Il est hélas vivement déconseillé d’y jouer au clavier/souris, les contrôles étant très mal adaptés à cette configuration. On pourra également reprocher une caméra un peu traîtresse dans des endroits particulièrement exigus ou lorsque notre héroïne se trouve dos à un mur. Un mal que partagent quasiment tous les souls-like, en somme.

Wuchang Fallen Feathers Combat Mob
Les combats ne manquent certainement pas de panache. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Pour venir à bout des nombreux adversaires qui n’ont que la seule envie de nous écharper et/ou de manger nos entrailles, Wuchang Fallen Feathers nous propose un total de cinq armes (épée longue, épée à une main, doubles lames, lance et hache), chacune disposant de cinq variantes, pour un total donc de 25 armes. D’un point de vue martial, vous avez donc un solide panel de possibilités, chaque arme disposant de ses propres capacités uniques pour coller avec votre style de jeu. Les adeptes de magie ou d’Ornithropie (l’équivalent de la « Foi » dans le jeu), en auront également pour leur argent avec une panoplie fournie de sorts à découvrir au fil de l’aventure, aux effets toujours uniques et, cerise sur le gâteau, de jolis effets visuels qui vont avec. Une telle diversité, on ne la retrouve malheureusement pas vraiment au niveau du bestiaire, avec grossièrement deux factions : les humains et les monstres. À part deux ou trois nouveaux ennemis par chapitre (au nombre de cinq), vous allez ainsi vite tomber sur les mêmes adversaires, et connaîtrez donc rapidement les méthodes pour les occire efficacement. Ce malgré des configurations parfois perverses, qui vont maintiendront toujours sur le qui-vive, au risque de périr dans d’atroces souffrances.

En parlant de souffrance, abordons justement le sujet brûlant de tout souls-like qui se respecte : les boss. Sur ce point, Wuchang Fallen Feathers signe globalement une belle performance, chaque ennemi majeur proposant un combat unique et proprement épique, évidemment en plusieurs phases. Les premiers ne devraient pas trop poser de problème, car servent grossièrement de didacticiel aux différentes mécaniques du jeu. En revanche, dès le boss final du premier acte, le titre va subitement vous retirer les roulettes, pour mieux vous rouler dans la boue. À partir de cet instant, tel Genichiro dans Sekiro Shadows Die Twice, Wuchang Fallen Feathers vous dit en substance : « maîtrise mon gameplay, ou rentre chez toi ». Et la difficulté des prochains boss ne va cesser de monter crescendo, avec des adversaires faisant littéralement pleuvoir les coups sur Wuchang, ne lui laissant que de petites fenêtres pour respirer et se soigner. 

Wuchang Fallen Feathers Boss Fin Acte 1
Ce boss m'a franchement rendu fou... et ce n'était certainement pas le dernier à le faire. © Geralt de Reeves pour Gameblog

C’est là qu’une autre mécanique entre en jeu pour notre héroïne (et accessoirement le joueur) : la Folie. À force de tuer des humains ou de mourir, notre protagoniste va en effet devenir progressivement folle, et ses yeux se nimber de rouge. Si cela permet de débloquer de puissantes capacités sur lesquelles je reviendrai juste après, être à 100% de Folie a aussi un double tranchant. Wuchang va en effet infliger plus de dégâts, mais aussi en recevoir davantage. De plus, hors combat de boss, votre réserve de mercure rouge perdu à votre mort prendra la forme d’un démon « envahissant votre monde », une sorte de double maléfique de l’héroïne particulièrement retors, qui risque de vous martyriser au début. Le vaincre vous permet toutefois de perdre toute votre Folie, et de récupérer votre mercure rouge. 

Wuchang Fallen Feathers Folie
En accumulant trop de folie, un démon comme celui-ci finira par venir vous hanter après votre mort hors combats de boss. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Ainsi, si vous mourrez en boucle contre un boss, cette jauge de Folie va certes d’une part vous donner des clés supplémentaires pour le vaincre, mais d’autre part rendre l’expérience encore plus difficile en prenant plus de dégâts. Un aspect plutôt original qui mérite d’être salué, mais qui m’a personnellement rendu tout aussi fou que Wuchang, tant certains boss m’ont sérieusement volé dans les plumes. En toute franchise, c’est principalement grâce à un sort extrêmement puissant récupéré à l’acte trois du jeu, ne coûtant qu’un point de Puissance Céleste et garantissant une esquive parfaite, remboursant donc le point dépensé, que j’ai pu réussir à venir au bout de l’aventure. Si vous ne trouvez pas ce sort ou que vous voulez un challenge relevé, vous allez clairement avoir votre content sur Wuchang Fallen Feathers. J’espère toutefois pour vous que vous avez les réflexes suffisants pour enchaîner plusieurs esquives parfaites d’affilée, pour votre propre sanité. 

Quand le ramage de la Fashion Souls se rapporte au plumage de Wuchang

Fort heureusement, les boss ne sont pas les seuls à gagner graduellement en puissance dans Wuchang Fallen Feathers. Tout d’abord, le mercure rouge permet naturellement de faire monter en niveau notre héroïne auprès d’un autel. La chose prend cependant une forme différente des traditionnels souls-like. Pas question en effet ici d’attribuer des points dans des statistiques telles que la Force, l’Agilité, la Santé, etc. L’arbre de progression du titre lie en effet ces caractéristiques à des branches de talent pour les cinq armes à notre disposition. Si vous souhaitez par exemple vous spécialiser dans l’épée longue, vous devrez donc investir des niveaux dans ce segment, débloquer des capacités propres à cette arme, améliorer son niveau pour augmenter les dégâts qu’elle inflige, et en même temps obtenir des points de caractéristiques adaptés (en l’occurrence Force, Agilité, Endurance, Vitalité et un peu d’Ornithropie). À noter que, si vous pensez avoir raté votre distribution de points, pas de panique : vous pouvez à tout moment tous les récupérer gratuitement, pour les réattribuer à votre guise.  

Wuchang Fallen Feathers Arbre Progression
L'arbre de progression du jeu est très complet et flexible. © Geralt de Reeves pour Gameblog

À noter toutefois qu’un tel système dispose donc d’un nombre de points fini. Une fois tous achetés, il ne sera ainsi plus possible d’améliorer encore les statistiques de Wuchang. Ceci étant dit, même avec un personnage de niveau 100+, je suis encore loin d’avoir fait tout le tour de l’arbre de progression. Une sixième branche permet enfin de son côté, avec les ressources correspondantes à trouver en explorant au peigne fin le jeu, d’améliorer le nombre et l’efficacité de vos fioles de mana, et aussi débloquer diverses capacités en lien avec la Folie ou la Trempe. Cette dernière, en utilisant un objet spécifique, viendra renforcer votre arme pendant un temps donné en lui octroyant divers bonus à obtenir au fil de la progression, comme des dégâts élémentaires ou de poison supplémentaires. Il s’agit donc d’un bon moyen d’être flexible et d’exploiter les faiblesses d’un ennemi ou d’un boss donné. 

En parlant de faiblesses, Wuchang Fallen Feathers dispose également bien sûr d’un système d’équipement en l’occurrence classique, mais efficace. Notre héroïne présente en effet quatre emplacements d’armure (tête, torse, bras et jambes). Chaque pièce vous donnera des bonus de résistance à un type de dégâts donné, comme les coups tranchants/contondants ou contre divers éléments/statuts tels que le froid ou la corruption. Au fil de la progression, vous récupérez naturellement plusieurs types d’armure, qu’il faudra donc mixer pour s’adapter à chaque rencontre. J’aurais même tendance à dire que cette composante du jeu s’avère plus cruciale que dans d’autres souls-like, tant une résistance élevée à un type de dégâts spécifique peut faire une différence vraiment significative. À noter par ailleurs que l’on peut changer l’apparence de son équipement avec celle d’autres armures, afin de marier l’efficacité et l’esthétisme. Un point qui va certainement ravir les férus de Fashion Souls comme moi, en somme. 

Wuchang Fallen Feathers Equipement
Le système d'équipement n'est pas en reste non plus. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Outre l’armure, Wuchang peut également s’équiper de trois pendentifs/amulettes, qui apporteront différents bonus pour compléter un build donné basé par exemple sur le corps-à-corps, les capacités d’arme ou un type de magie spécifique. Enfin, vous pouvez encore personnaliser votre build grâce à trois bénédictions ou runes à inscrire sur vos armes. Là encore, la panoplie de possibilités va s’étoffer au fil de la progression, pour encore plus tailler votre Wuchang sur-mesure. Ainsi, le titre se montre donc tout aussi solide sur cet aspect RPG du genre souls-like, avec une large panoplie d’outils pour développer et équiper notre personnage comme bon nous semble. 

Wuchang Fallen Feathers Bénédictions Armes
Même constat pour le système de bénédictions à appliquer à nos armes. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Dans la majeure partie de ses aspects, Wuchang Fallen Feathers s’avère donc plutôt généreux, et tel est également le cas de sa durée de vie. Terminer le jeu la première fois, avec un nombre de morts que j’ai arrêté de compter tant il est élevé, m’a pris une quarantaine d’heures, en essayant d’explorer chaque acte dans ses moindres recoins. Comme tout bon souls-like, le titre dispose en supplément d’un New Game+, qui implique de garder ses niveaux et son équipement, et de recommencer l’aventure avec des adversaires plus dangereux. Et autant dire qu’il est plutôt agréable de revenir au début du jeu et de tout détruire avec une Wuchang nettement plus puissante. Le New Game+ revêt par ailleurs un autre intérêt, puisqu’il existe différentes fins en fonction de vos choix, si vous avez vaincu des boss optionnels et si vous avez ou non terminé des quêtes secondaires en lien avec les personnages que vous rencontrerez. En l’état actuel de ma seconde partie, j’ai déjà terminé les deux premiers actes du jeu, cette fois en moins d’une dizaine d’heures. Vous en aurez donc largement pour votre argent s’agissant d’une durée de vie particulièrement solide sur Wuchang Fallen Feathers.