De manière assez globale, le jeu vidéo suit parfois une mouvance, une sorte de “mode du moment” initiée bien souvent par un titre précurseur au succès planétaire. On pense bien sûr à l'ère relativement récente du battle royale, démocratisée par PUBG avant de littéralement exploser avec Fortnite. Nombreux sont les créateurs qui s’y seront essayés avec leur propre vision du genre, et surtout le rêve d’un succès identique à Epic. Et pourtant, à l’image du battle royale, seuls quelques rares élus auront survécu. Du côté des jeux solo, ces dernières années ont vu elles aussi émerger un genre que l'on doit à From Software : le Souls-like. Si à l'origine leurs œuvres étaient avant tout destinées à des joueurs avertis et adeptes de difficulté sans concessions, c’est bel et bien Elden Ring, le jeu de l’année 2022, qui aura ouvert le genre au grand public. A tel point que l’on retrouve aujourd’hui du “Souls” dans un nombre incalculable de productions, comme avec le dernier Wuchang Fallen Feathers.

Tout le monde veut sa part du gâteau avec sa propre recette maison, ou parfois simplement en reprenant tous les codes FromSoft simplement transposés dans un univers plus ou moins identique. Les exemples sont légion et, à la différence du BR, les succès critiques et commerciaux bien plus nombreux. En 2024, un titre s’est particulièrement fait remarquer pour son aventure action-rpg à la sauce Souls : Black Myth Wukong, du studio chinois Game Science. L’Empire du Milieu l’a bien compris, un marché gigantesque est à aller chatouiller. Avec Wuchang Fallen Feathers, les développeurs de chez Leenzee l’ont eux aussi bien compris et comptent nous en mettre plein les yeux. Enième version sans âme ou véritable proposition originale ? Nous avons eu l’opportunité de nous essayer au jeu le temps du Summer Game Fest, l’occasion de vous apporter un premier élément de réponse.

Une technique maîtrisée et une véritable identité ?

Le jeu met donc en scène Bai Wuchang en pleine fin du règne de la dynastie Ming. Une guerrière que l’on suivra dans son périple à travers les terres chinoises de Shu, déchirées par la guerre et la peste. Nous devrons pour le moment nous contenter de ces quelques bribes de contexte, nous n’en saurons pas plus. Wuchang est atteinte d’un mystérieux mal qui se répand dans le royaume, se manifestant sous la forme de plumes prenant petit à petit possession de son être, dont les premiers signes visibles apparaissent sur son bras. Une gangrène possédant pourtant un avantage : celui de conférer à son hôte des capacités et pouvoirs surnaturels.

C’est ainsi que la démo essayée nous propulse au sein de son univers, perdu au beau milieu d’une grotte humide. A peine le temps d’en sortir que nous découvrons une jungle luxuriante et verdoyante dans laquelle se devinent au loin des bâtisses et autres temples noyés dans la brume. La direction artistique envoie du lourd, et nous n’avons pas encore commencé à jouer que nous sommes déjà en train de contempler le panorama offert par le jeu, debout au bord d’une falaise. Il ne fait aucun doute quant au fait que Wuchang Fallen Feathers promet une réalisation graphique de haute volée, à la condition bien sûr qu’il sache renouveler ses environnements tout en leur apportant une identité propre. Pas de monde ouvert, mais une imposante zone fourmillant de détails, jouant habilement avec la verticalité et la profondeur de champs pour nous immerger. L’ambiance sonore contribue d’ailleurs grandement à cette sensation avec des bruits environnants nous faisant deviner la présence de toute une vie autour de nous, mêlée au souffle du vent dans les feuillages.

Souls oblige, Wuchang propose à première vue plusieurs chemins mais aussi raccourcis qu’il faudra débloquer pour progresser plus aisément. Car vous allez mourir, et très souvent même, tant le titre s’annonce exigeant. Des points de passage sous forme d’autels, équivalent des sites de grâce d’Elden Ring, parsèment heureusement les lieux. De manière très classique, ils permettent de se régénérer et se reposer, synonyme du respawn des ennemis. C’est aussi via ces derniers que vous pourrez troquer les âmes glanées sur votre chemin pour développer un arbre de compétence à priori conséquent. Il faut aussi noter que chaque arme du jeu possède son propre arbre, pour un gameplay sur mesure.

Une différence misant sur le gameplay ?

C’est peut-être sur ce point que Wuchang tente le plus de se démarquer. Vif et dynamique, le gameplay du titre se focalise en premier lieu sur les esquives parfaites, illuminant de bleu les plumes de notre héroïne en cas de timing idéal, permettant une puissante riposte magique et visuelle. Pas de contre, sauf si vous débloquez la compétence requise sur une arme adaptée (dans notre cas une imposante hache à deux mains). Les animations m’ont parues quelque peu rigides, mais j’ai apprécié le panel de coups et d’actions mis à portée, adaptés aux types d’adversaires rencontrés. Soldats à l’épée ou à l’arme lourde, fantassins s’abritant derrière un bouclier, parfois seuls, parfois groupés, chaque situation se résout via un combo de touches adaptées, tout en ayant la possibilité de switcher à la volée entre deux armes équipées. Les boss bien plus imposants et monstrueux seront aussi de la partie, nous en avons fait l’amère expérience dès nos premiers pas sans possibilité de tryhard par manque de temps. Comme nous pouvons nous y attendre dans un jeu du genre, une mort fait perdre la totalité de nos runes que nous pouvons tenter de récupérer au spawn suivant avant de les oublier à jamais.

Le tout est complété par une jauge de folie : le Feathering. Vos affrontements vous permettront de récolter une substance appelée “Mercure Rouge”, laquelle pourra libérer la véritable capacité de votre statut de mutant. Utilisé au bon moment, le Feathering pourra faire tourner les situations critiques à votre avantage, mais un usage excessif pourra aussi vous fragiliser et vous rendre vulnérable. Un dosage qu’il faudra impérativement prendre en compte pour ne pas sombrer sous le coup d’une mutation précoce. Malheureusement, nous n’aurons pu que survoler toutes ces possibilités et particularités de gameplay en moins d’une heure de jeu, ponctué ça et là par des morts nous obligeant à reprendre certaines portions de zéro.

On attend Wuchang Fallen Feathers… avec envie et quelques interrogations.

Le jeu du studio Leenzee rejoint la danse très chargée des Souls-like avec Wuchang, la nouvelle proposition venue de Chine après le très bon Black Myth Wukong. Mais saura t-il se démarquer au milieu de cette jungle en proposant une véritable expérience à l'identité propre ? C'est là que demeure toute la question. Si la démo essayée nous a prouvé que sur un plan technique, Wuchang est capable de très belles choses, c'est dans la profondeur de son univers et de son gameplay que nous attendons d'en voir plus. Très ressemblant dans sa construction à un jeu From Software dont il reprend quasiment tous les codes, le jeu tente de se différencier via son gameplay et son système de progression basé sur un arbre de compétences aux nombreux branchements. Exigeant et dynamique bien qu'un peu rigide, Wuchang devra ainsi être éprouvé bien plus en profondeur sur l'équilibrage de sa prise en main lors de notre verdict final, un point que nous n'aurons pas pu réellement apprécier en moins d'une heure de jeu.