Étonnamment lancé en toute discrétion alors qu'il était censé ouvrir l'opération House Party sur le Xbox Live (il sera également disponible sur PC et PS3 à partir du 13 Mars prochain), Warp est la première œuvre de Trapdoor, un modeste studio indépendant québecois qui avait fait parler de lui lors de l'annonce d'une collaboration avec les développeurs de Polytron, sur (le désormais très en retard) Fez. Mais il s'agit aussi d'une commande du géant Electronic Arts dans le cadre de sa branche EA Partners, qui voit donc d'un bon œil ce décalque ingénieux de quelques productions davantage prestigieuses. En effet, Warp fait d'emblée penser à la rencontre illégitime entre Metal Gear Solid et Metroid... en version prix d'ami.

Rencontres du quatrième type

Dans Warp, vous incarnez Zéro, un petit extra-terrestre - de prime abord inoffensif et débarqué on ne sait comment sur Terre -, dont l'instinct de survie lui ordonne de s'échapper d'un laboratoire pratiquant des expériences peu ragoutantes sur ses congénères, afin de recouvrir sa pseudo liberté. Voilà pour le postulat de départ, basique. Son principe, assez simple lui aussi, repose avant tout sur le thème de l'exploration, tant cette dernière constitue véritablement le caractère dominant de l'aventure. Car la progression, très linéaire (si on omet la chasse aux documents classés et autres bonus optionnels), s'articule principalement autour d'une succession de salles qui s'étalent sur les différents étages d'un vaste complexe sous-marin, ce qui servira également de rythmique narrative à l'histoire. Dès lors, un canevas dramatique se tisse petit à petit sur un squelette simple en amont, ce qui a pour avantage d'imprimer une cadence soutenue, cohérente, et qui pousse le joueur toujours plus vers l'avant, à l'image du matriciel Metroid. Quant à la représentation en simili vue de dessus, qui évoque fortement le premier MGS sur PSone, on constate que les développeurs, ostensiblement fans, en ont aussi repris les codes à l'aide de couleurs froides et métalliques, via notamment une direction artistique et une bande sonore toutes en retenues tonales, proches du minimalisme formel des films de John Carpenter, dont le chef d'oeuvre de Hideo Kojima n'est pas la moindre des émanations numériques.

Téléportation, M. Spock !

Mais Warp paiera son tribu le plus direct aux classiques cités plus haut par l'intermédiaire de son gameplay, qui conjugue infiltration, action et réflexion. En effet, celui-ci demandera un minimum de doigté pour pouvoir se glisser parmi des soldats tantôt benêts (ils ont la mémoire courte), et une certaine dose de jugeote afin de traverser les nombreuses salles à l'aide de capacités nouvellement acquises. Car si au départ de l'aventure, on se retrouve plutôt pris au dépourvu face à l'adversité, on acquiert bien vite des aptitudes inédites - comme la téléportation sur une très courte distance ou la création d'une image écho qui fera office de leurre -, qui non seulement fonctionnent comme autant de bornes scénaristiques qui jalonnent la progression, mais permettent au passage de débloquer son cheminement. Il sera ainsi parfois nécessaire de se téléporter à travers un mur, à l'intérieur de barils et de tourelles, ou plus directement dans le corps d'un soldat ou d'un scientifique, qui serviront alors d'hôtes provisoires. S'ils seront privés de leurs mouvements lors de votre intrusion physique forcée, cela aura aussi pour effet de les sonner provisoirement, ce qui vous permettra dans ces conditions d'évoluer sans trop de difficultés. Le parfait exemple de la méthode douce donc, autrement plus risquée, mais qui s'avère aussi davantage gratifiante, même s'il reste une seconde alternative qui consiste en une approche bourrine qui autorise à déchirer littéralement votre carcasse d'accueil. En outre, notre E.T. aura la possibilité d'acheter quelques particularités supplémentaires à mesure que l'on récupère des Grubs, des petits artefacts de couleur rose parfois bien planqués ou difficiles d'accès. Des nouveaux pouvoirs qui fonctionneront comme autant de compétences passives dont le véritable but est de nous faciliter la tâche, déjà pas bien difficile au demeurant. Par conséquent, il vaut mieux les utiliser avec parcimonie si vous voulez faire durer le plaisir, le jeu ne proposant aucun niveau de difficulté.

En bref, Warp vient s'ajouter à la longue liste des bons « petits » jeux dématérialisés qui brillent par leur diversité et leur originalité. Une audace toute relative dans la mesure où Warp fait plutôt étalage de ses influences manifestes, mais qu'il régurgite sans peine en faisant preuve de suffisamment d'ambition pour se forger sa propre personnalité. Le passe-temps idéal entre deux titres plus conséquents.