Tiny Tina’s Wonderlands n’a en réalité rien à voir sur le papier avec Borderlands. Ici il n’est absolument pas question de chasseurs de l’Arche. Le jeu va nous plonger dans une sympathique partie d’un jeu de rôle appelé Bunkers & Brutasses (Bunkers & Badasses en VO), Tina faisant office de maîtresse du jeu. Néanmoins, les développeurs n’ont pas fait table rase du passé, le caractère de la demoiselle est toujours le même, et la partie va être sacrément mouvementée, avec des règles du jeu qui varient selon l’humeur de notre game master en pleine crise d’adolescence. Accompagnés de Valentine (un joueur qui aime foncer dans le tas) et de Frette (un robot qui est assez à cheval sur les règles, d’où de savoureux échanges avec Tina), le joueur va incarner la Bleusaille, un tout nouveau personnage qu’on va devoir créer de A à Z, avant d’en faire « la main du destin ».

Là où Borderlands nous fait incarner des personnages déjà définis, en bon jeu de rôle, Bunkers & Brutasses va ajouter une sacrée couche de RPG à l’ensemble. On a donc droit à un éditeur de personnage hyper complet qui va même s’étoffer au fur et à mesure de notre aventure puisqu’on pourra looter de nouvelles teintures ou de nouvelles émotes par exemple. Pour autant, la plastique de notre personnage n’aura pas vraiment grand intérêt, Tiny Tina's Wonderlands étant toujours un FPS. Une fois notre personnage créé, il va falloir choisir sa classe parmi les six disponibles. Concrètement on va retrouver les grands classiques sous des noms inventifs, avec l’assassin (trucidopathe), le mage (défouromage), le tank (Brr-Zerker), l’elfe (Sporôdeur), le guerrier (Frappaclysmique) ou le mage noir (Sème-la-mort). Quel que soit notre choix, on aura droit à deux arbres de compétences. Le premier permet d’améliorer les attaques spécifiques à notre classe, tandis que le second permet d’augmenter les capacités de notre personnage, comme sa santé ou sa capacité à infliger de gros dégâts. Chaque niveau gagné nous offrira un point à investir dans chaque arbre, afin de faire progresser notre perso. Ceci dit, toutes les classe vont favoriser un style de combat particulier, le jeu offrant un panel finalement assez large.

Forgotten Weapons

En effet, en plus des classiques pétoires qu’on pourra trimbaler, le jeu nous offre une arme de corps à corps, une attaque ultime, ainsi qu’un emplacement de sort, sachant que certaines classes disposent d’un familier (un pet) qui les accompagne afin d’avoir encore plus de possibilités de combos avec les effets élémentaires. Ces derniers sont peu ou prou les mêmes que dans Borderlands. On retrouve ainsi le feu, la glace, le poison et l’électricité. Dans Tiny Tina's Wonderlands, chaque ennemi sera sensible à un type de dégâts, ce qui sera identifié par la couleur de sa barre de vie. L’idéal est ainsi de se constituer un arsenal d’armes et de sorts qui puisse couvrir tout le spectre, sachant que les familiers peuvent aussi voir leurs compétences s’améliorer. À titre d’exemple, après avoir choisi un Frappacylsmique accompagné d’une wyverne cracheuse de feu, on a pu transformer notre soutien aérien en une force dévastatrice capable de jongler entre tous les éléments.

Car le cœur du jeu reste inchangé, et nous sommes toujours dans un looter shooter qui va nous gaver de matos jusqu’à l’écœurement, et nous faire spammer la touche pour ramasser le loot. Armes, armures, boucliers et sorts vont ainsi se trouver sur le corps des ennemis vaincus, ou dans les millions de coffres qui sont éparpillés un peu partout. Le système ne change pas vraiment, et chaque item dispose d’un score global, d’une couleur qui traduit sa rareté, et d’une fiche détaillé qui nous permet de connaître tous ses effets. On retrouve aussi les fameux fabricants d’armes de la série, mais avec des noms un peu différents. Dahl devient Dahlia, Hyperion se transforme en Hyperius, Jakobs devient Black Powder et Torgue reste Torgue. Les styles d’armes sont également identiques au reste de la série avec des pistolets, des SMG, des fusils d’assaut, des snipers, des shotguns et des armes lourdes. Vous avez compris l’idée, il va y avoir de quoi faire, surtout que la forge permet même de modifier un peu les armes en changeant (contre paiement) leurs dégâts élémentaires par exemple. Ceci dit, les travers habituels des pétoires générées aléatoirement sont toujours présents, et il ne faut donc pas s’étonner de trouver un fusil à pompe  - qui n’a plus aucune efficacité passé les 5 mètres – équipé d’une lunette grossissement X24.

Comme si tout ceci n’était pas assez fouillis, après un certain nombre d’heures de jeu, on débloque le système multiclasses qui va nous permettre de choisir une classe secondaire. On va ainsi pouvoir profiter de capacités radicalement différentes, et vraiment adapter notre personnage à notre style de jeu. Le hic, c’est qu’il faudra répartir les points de compétence sur deux arbres, et donc faire une croix sur les bonus les plus fumés qui se débloquent lorsqu’on met le paquet sur une seule classe. Vous l’avez compris, on va encore passer un sacré moment dans les menus, et aucun système de perk automatique n’est prévu. Plus encore que Borderlands, Tiny Tina’s Wonderlands va nous demander de passer beaucoup de temps entre nos arbres de compétences et notre inventaire afin d’optimiser notre personnage. Mine de rien, l’activité est extrêmement chronophage, et on s’en rend encore plus compte lorsqu’on joue en coop, où chaque fin de combat est ponctuée par une séance de loot, puis une séance de gestion du personnage.

Tiny Tina's Wonderlands : plus on est de fous plus on rit

Puisqu’on évoque la coop, sachez que le jeu est intégralement jouable jusqu’à quatre joueurs (la difficulté augmente avec le nombre de joueurs, forcément), et qu’il est possible de choisir entre un loot partagé (le mode coopétitif) ou un loot individuel (coopératif). Si c’est avec des potes que Tiny Tina’s Wonderlands s’apprécie le plus, lors de notre test la technique n’était malheureusement pas hyper fiable. La coop nécessite de passer par le système des serveurs Gearbox Shift, et dans notre cas, de nombreuses pertes de connexion ont été à déplorer malgré deux joueurs équipés de bons PC et d’une connexion fibrée. C’est d’autant plus dommage, que le jeu conserve son humour célèbre, avec d’innombrables références au monde du jeu vidéo qu’il s’agisse de Borderlands (avec la présence de ClapTrap), ou d’autres licences comme Pokémon (des ennemis qui surgissent des hautes herbes), ou même The Witcher (une side quest avec un certain Gerrit de Rav qui se vante de tuer des monstres et de trousser des dames sur une licorne). On sourit souvent lors de l’aventure, que ce soit grâce à notre héros qui commente ses actions, où du fait des savoureux échanges entre Tina et les autres membres de la partie. Tina change d’ailleurs assez souvent d’avis, ce qui a des conséquences radicales dans notre partie, avec des décors qui changent sur un coup de tête, ou des ennemis bien retors lorsque la demoiselle est contrariée.

Dans sa construction, Tiny Tina’s Wonderlands nous propose un vaste nombre de donjons interconnectés par une zone appelée la carte du monde. Cette dernière est tout simplement le plateau du jeu, et adopte une vue isométrique tandis qu’on y déplace une version cartoonesque de notre personnage. Cette carte renferme de très nombreuses zones optionnelles, et son exploration complète va nécessiter un sacré nombre d’heures de jeu. Là encore, on y retrouvera des éléments de jeu, mais aussi nombre de détails qui nous rappellent que nous sommes en pleine partie de JDR, comme du pop-corn et des capsules de soda un peu partout, tandis que des biscuits apéritifs deviennent des murailles qu’il faut franchir. Les personnages principaux sont aussi à l’image de la série, avec la reine « étalon du cul » qui règne sur l’univers du jeu, ou le méchant Seigneur Dragon qui s’avère être plutôt sympathique. Si le casting est globalement charismatique, c’est finalement le personnage incarné par le joueur qui s’avère être le plus transparent.

Nouvelles Frontières

Le bestiaire de Tiny Tina's Wonderlands a un peu évolué depuis Borderlands, avec l’arrivée de pirates, des légions de squelettes, des champignons des gobelins et des trolls, mais on retrouvera les classiques wyvernes (les Rakk), ou des crustacés mutants qui ont un sacré air de famille avec les crabworms. Le problème, c’est que quel que soit la forme, le fond ne suit pas. L'IA se contente de nous foncer dessus, ou de nos bombarder de loin, sans aucune variation. Plus le temps passe et plus on a cette sensation de faire de l’abattage bête et méchant. C’est d’autant plus vrai qu’il est assez simple de regrouper les ennemis tel un berger, avant d’utiliser des sorts de zone qui sont alors dévastateurs. Une fois le mécanisme compris, les combats deviennent alors diablement courts, et c’est encore plus vrai lorsqu’on joue en coop où seuls certains boss offrent un véritable challenge. Techniquement, on aurait aussi aimé pouvoir dire que la saga avait progressé, mais ce n’est pas vraiment le cas. On a toujours droit au même cel-shading, et même en plissant les yeux, il est bien difficile de trouver des évolutions par rapport à Borderlands 3. Pourtant la direction artistique réussit à relever le niveau grâce à des biomes très variés et radicalement différents. On passera ainsi du fond d’un océan vidé, à un haricot géant, sans oublier une oasis en plein désert et une crique remplie de pirates.

Comme tous les Borderlands, l’un des gros points forts de Tiny Tina's Wonderlands reste la durée de vie du jeu qui est plus que conséquente. Si la campagne principale se boucle en une vingtaine d’heures, le nombre incroyable de quêtes annexes permet de faire exploser ce chiffre sans le moindre problème. Et une fois le jeu retourné dans tous les sens, Gearbox a pensé à inclure un mode infini appelé l’arène du chaos qui permet de se battre contre des vagues d’ennemis et d’obtenir du loot de folie. Ce mode est plutôt bien pensé, car il joue sur l’avidité du joueur. Après chaque vague on devra choisir entre des handicaps plus ou moins importants, sachant que plus on se complique la vie, plus il sera probable d’obtenir du loot légendaire, avec des scores de folie. Enfin, petit détail plutôt inattendu, une fois les crédits passés, la plupart des développeurs ont pu se fendre d’un petit message, adressé au joueur ou à leur famille.