Quel est le meilleur moyen de rendre hommage à Final Fantasy ? Une question à laquelle Square Enix tente de répondre tous les cinq ans à grands coups de merchandising et de spin-offs plus ou moins obscurs. Pour le 35e anniversaire de la licence, l’éditeur japonais voit les choses en grand avec Final Fantasy 16 en tête d’affiche et quelques jeux dérivés dont Stranger of Paradise et FF Pixel Remaster. Il signe également le retour du jeu de rythme Theatrhythm Final Fantasy qui revient dans une version encore plus aboutie avant de tirer définitivement le rideau. Un récital rondement mené et nous avons trouvé la force de lâcher la Nintendo Switch le temps d’écrire nos impressions. Attention jeu addictif confirmé.

Un refrain toujours aussi entraînant

Suteki da ne, One Winged Angel, Aerith’s Theme, Melodies of Life, Liberi Fatali…autant de musiques qui ont bâti la renommée de la licence et bercé les joueurs de Final Fantasy. Des mélodies qui continuent d’émerveiller les fans et de remplir les caisses de Square Enix au passage. Dès lors, il est presque surprenant que l’éditeur ait laissé dormir son jeu de rythme Theatrhythm pendant presque une décennie. Initié en 2012 avec un épisode terni par une pléthore de DLC vendus à prix d’or avant qu’une version ultime ne soit commercialisée deux ans plus tard, le spin-off avait été laissé à l'abandon. Avec Theatrhythm Final Bar Line les développeurs entendent livrer un dernier hommage aux plus grandes compositions avec un ultime épisode, plus enrichi et corrigeant la plupart des défauts restants des copies précédentes pourtant déjà très réussies. On va faire des déçus d’emblée, le titre conserve ce style mi-Chibi mi-Playmobil enfantin qui harmonise l’ensemble des jeux et des héros maudit par les puristes. Il est du plus bel effet sur les consoles actuelles et accompagné d’une traduction française longtemps réclamée.

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Comme un bon refrain entraînant, Theatrhythm Final Bar Line reprend tout ce qui a fait le succès de son aîné. À commencer par ses mécaniques restées quasiment indemnes à quelques détails près. Le but du jeu reste le même : apprivoiser les notes qui défilent à l’écran en rythme et avec le le timing le plus précis dans l’espoir de remporter davantage de points. Les différents niveaux musicaux alternent toujours entre trois types d’épreuves. Le BMS (Battle Music Stage) et le FMS (Field Music Stage) restent les poumons du jeu, apportant toutes les mécaniques RPG. Le premier se rapproche de l’ATB classique de saga avec une succession de monstres et de boss à terrasser et une barre de vie à protéger. Les musiques sont plus nerveuses, exigeantes et donc plus difficiles malgré une avalanche de notes statiques qui demandent un timing irréprochable. Dans le second cas, ce sont les thèmes d’exploration, plus calmes et reposants qui sont mis à l’honneur. Les quatre personnages de l’équipe chercheront donc à récolter le meilleur butin lors de leur parcours et à aligner le plus de kilomètres possibles dans le temps imparti. Une épreuve qui ajoute une ondulation des notes à suivre cette fois avec les joysticks, et non plus l'écran tactile, sans pour autant perdre en précision. L’EMS (Event Music Stage), un peu à part, fait davantage office de petite douceur, de respiration, où les notes sont moins dansantes, les validations plus simples tant l’accent est mis sur la compilation des cinématiques marquantes de titres originaux qui défilent en arrière-plan. Parfait pour faire vibrer la corde nostalgique, une discipline à laquelle Theatrhythm Final Bar Line excelle haut la main.

Simple, efficace et diaboliquement addictif, le gameplay ne subit pas de changements majeurs et s’appuie sur cette même formule sans faille qui a déjà amplement fait ses preuves. Les éléments de RPG restent eux aussi quasi intacts, avec des objets à glaner pour booster ses performances, des personnages rangés par classes ou encore de l’expérience à récolter en masse pour améliorer les statistiques du roster et gagner de nouvelles compétences. Une dimension qui peut devenir plus tactique pour le tryharder qui veut vraiment pousser la chansonnette jusqu’au bout en optimisant au mieux ses parties. Le commun des mortels peut tout aussi bien faire fie des mécaniques de RPG et prendre Theatrhythm Final Bar Line simplement pour ce qu’il est : un jeu musical rondement mené qui devient hypnotique entre les mains d’un fan de la franchise.

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Quand accessibilité rime avec challenge

Avec sa prise en main immédiate, la diversité de ses niveaux et des chansons, il s'impose rapidement comme un de ces jeux où poser la manette devient une épreuve en soi. S’il est d’une précision redoutable, le titre est néanmoins mis à l’épreuve par les caprices des Joy-Con sur Switch. Voir une note tenue passer au raté en plein milieu de sa course alors que nos doigts n’ont pas bougé d’un iota ça devient vite contrariant. Pas de quoi gâcher le plaisir de jouer ou faire baisser la jauge d’intérêt du jeu, qui grimpe furieusement à mesure que les heures passent tant Theatrhythm Final Bar Line met davantage l’accent sur la liberté. Cette nouvelle épopée musicale s’affranchit du scénario timbre-poste des épisodes précédents pour laisser le joueur l’apprivoiser comme bon lui semble. 

Les mondes peuvent désormais être débloqués dans l’ordre désiré, chacun fournissant un lot de personnages issus du jeu en question. Et cette fois pas d'oubli, tout ce qui porte le nom Final Fantasy y est abordé, même les laissés pour compte d’autrefois à savoir les suites et FF14, passé du vilain petit canard au titre le plus généreux avec pas moins de 30 pistes. Pas besoin non plus de finir chaque monde en profondeur. Quelques musiques suffisent à trouver la clé qui permettra d’aller débloquer l’univers suivant. Tous sont néanmoins affublés d’un niveau de difficulté des quêtes, non obligatoires pour voir le générique de fin, qui participent à la rejouabilité incontestable du jeu. Seuls une poignée de points de Rythmia et un combat final contre Chaos suffisent à terminer l’aventure, mais Theatrhythm vous donnera toujours envie de revenir pour repousser vos limites et celles de sa durée de vie d’autant que les joueurs atteints de la collectionnite aigüe auront encore pléthore d’objets, de cartes et de musiques à récupérer. 

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Comme Curtain Call, Final Bar débloque d’emblée tous les niveaux de difficultés pour que chacun puisse progresser sans être frustré. Le jeu est certes accessible mais pas sans challenge, loin de là ! Le mode Basique permet de se faire la main le temps de quelques morceaux, faisant davantage office de didacticiel plus qu’autre chose. On aura vite fait de passer au niveau supérieur, Expert, où le rythme devient plus soutenu, les notes plus variées, plus exigeantes et où la moindre erreur peut rapidement en entraîner une autre. Les plus acharnés s’attarderont sur le mode Ultime, réservé aux plus aguerris tant les morceaux jouent avec les accélérations et contre-temps encore plus difficiles à anticiper. Mais là où Final Bar va plus loin, c’est qu’il permet de personnaliser chaque difficulté dans les paramètres pour chacun s’y retrouve en termes de challenge notamment en changeant la vitesse des déclencheurs ou en ajoutant une couverture de couloir masquant les notes qui arrivent. Et quand on pense que c’est fini, il y en a encore. Le monde spécial et infini Endless World viendra faire durer le plaisir. Ici des niveaux sont générés aléatoirement et leur difficulté augmente à mesure de la progression. Les trois vies épuisées et il faut recommencer du début, une bonne idée qui tient en haleine pendant des heures durant.

Un contenu généreux

Theatrhythm Final Bar Line est d’une générosité déconcertante sur tous les points. La belle surprise de cet épisode concerne évidemment le catalogue de musiques. Ceux qui ont connu ses prédécesseurs se souviendront de titres morcelés en une multitude de DLC payants. Cette fois, Square Enix fait patte blanche en intégrant d’emblée 385 morceaux avec de grands oubliés dans le lot dont Otherworld de Final Fantasy X pour ne citer que lui. On pourrait pester sur la tracklist plus faible de certains titres annexes ou de personnages encore absents au casting mais à ce stade, ce serait faire la fine bouche tant c’est un régal de pouvoir à nouveau se délecter de ces compositions de maître.

L’éditeur japonais étant ce qu’il est une cinquantaine de morceaux sera néanmoins réservée à l’édition Deluxe, tandis que des Season Pass donneront accès aux musiques d’autres de ses jeux dont NieR ou Mana. On pourrait cracher sur le manque d’innovation mais comment révolutionner une formule frisant déjà l’excellence ? Les nouveautés de cette ultime version tiennent davantage de la présence de nouveaux jeux (remakes, spin-offs, réarrangements) et des modes coopératifs et compétitifs en local comme en ligne. Dans les Batailles Multi, jusqu’à quatre joueurs doivent réussir les notes du mieux qu’ils peuvent tout en perturbant leurs adversaires. Les serveurs étant tristement vides à la sortie, il ne nous a malheureusement pas été donné d’essayer ce nouveau mode, mais nous ne manqueront pas de mettre notre test à jour.

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