Bon, j'exagère un peu. Tout n'est pas à jeter dans The Conduit, très loin de là. Mais, pour résumer simplement, c'est un peu comme une très jolie femme engoncée dans des couleurs à vomir et des vêtements d'un âge assez ancien pour qu'on se moque d'elle, mais trop récent pour qu'on y trouve un charme vintage. En plus de ça, elle n'est pas très futée... mais elle fait beaucoup d'efforts pour s'adapter. Bref, on ne peut pas l'envoyer paître méchamment, mais on ne peut pas l'épouser non plus.

Évacuons les sujets qui fâchent

J'ai beau faire des efforts, apprécier les prouesses d'un moteur graphique qui gère profondeur de champ et motion blur, surfaces liquides et bump mapping à gogo, effets pseudo-HDR et tout un tas de trucs techniques dont on se fout pas mal au final, sauf quand ça tourne sur une Wii, je dois me rendre à l'évidence : la direction artistique de The Conduit est catastrophique. Cette aventure contemporaine sur fond de conspiration et d'aliens qui débarquent sur Terre aurait suffit à nous noyer dans un océan de conventionnel vidéoludique, mais le design général en rajoute encore une couche. Dommage, le moteur est efficace... mais ce qu'on lui donne à afficher manque de personnalité et surtout d'inspiration. Mais au moins, c'est varié ; laid, mais varié. Quoique...

Vu et revu

On peut résumer le déroulement de The Conduit à une suite d'affrontements vite monotones, malgré le nombre d'armes, et l'inclusion de puzzles usant de l'ASE (le All-Seeing Eye, un appareil sphérique dévoilant des trucs invisibles, désamorçant des pièges, et hackant des ordinateurs). Une bonne idée au départ, pour introduire un peu de rythme pendant la campagne, mais quand on en est à découvrir pour la 4e fois la même salle cachée copiée/collée avec son arme secrète dedans, en tripotant pour la 4e fois aussi les mêmes disques d'un puzzle très basique... ça lasse plus qu'autre chose. Tout comme quand on shoote pour la 53e fois le même alien décérébré qui semble disposer de bien peu d'options pour protéger sa propre vie ou menacer la nôtre, en dehors de la défense de ces conduits desquels ils continuent de jaillir tant qu'on ne les a pas détruits. C'est donc toujours le surnombre qui vient à bout du joueur... car l'IA n'est pas très développée non plus. De même, niveau mise-en-scène, que ce soit en cutscenes ou en jeu, on repassera : il n'y en a pas. Par contre, s'il y a une chose que The Conduit sait faire, et particulièrement bien faire, c'est être jouable.

Passons au multijoueurs, plutôt

La plus grande réussite de The Conduit, c'est sans doute ses contrôles précis et agréables, accessibles et entièrement personnalisables jusqu'au dernier détail. Pour le coup, High Voltage Games a enfin pondu une ergonomie quasi parfaite pour un jeu de tir en vue subjective sur Wii, et si la configuration de base ne convient pas, tout est modifiable à loisir. Si l'aventure solo ne parvient donc pas à vraiment passionner, c'est côté multijoueurs qu'il faudra prendre son pied, et pour le coup, cette ergonomie réussie est une force directement transposable à l'expérience en ligne. Jouable à 12, ses 7 cartes sont plutôt bien conçues, et il ne souffre au final que de ses armes pas toujours intéressantes, et de modes de jeu très classiques. Mais l'ensemble tourne très bien, est compatible Wii Speak, s'avère facile d'accès et agréablement paramétrable. En termes de jeu en ligne sur Wii, c'est déjà une véritable prouesse. On prend ainsi un véritable plaisir, en tout cas, à fragger de l'humain wiimote en mains, sur un FPS au multi aussi soigné.

The Conduit ne répond finalement qu'à la moitié de ses promesses ; il est techniquement avancé, mais artistiquement en retard, ludiquement soigné, mais répétitif au possible, soporifique en solo, mais très solide en multi-joueurs. Sur la Wii, il reste un titre unique, avec une ergonomie suffisamment forte pour faire oublier ses très nombreux autres défauts, mais, surtout, un titre disposant d'une proposition multi-joueurs sans égal sur la plate-forme. Si vous n'attendez pas de quoi fragger entre potes sur Wii, ça risque en revanche d'être un peu léger...