Imaginez la rencontre entre Super Meat Boy et Flappy Bird. Les deux commencent à causer de leurs points forts, des raisons qui les rendent si attractifs. Puis ils décident de fusionner. Le résultat, ce serait Fenix Rage. Du jeu de la Team Meat, il reprend le principe de stages de plate-forme ciselés et qui ne durent, en principe, qu'une poignée de secondes - sauf qu'on peut y mourir des dizaines de fois et donc allonger sensiblement leur durée réelle. De celui de Dong Nguyen, cette intransigeance absolue qui fascine autant qu'elle attire. Parce que l'on n'aime jamais que quelque chose nous résiste et qu'on a envie que ce qu'on l'on considère comme injuste, un échec parfois idiot, soit effacé sur le champ. Green Lava est parvenu à cette formule sans concessions et sans véritable faille autre que... notre propre habileté pad en mains.

Blame it on the cookie

Le contrôle de Fenix, petit être rondelet ayant emprunté la crinière de Sonic, est simple, intuitif. Le héros se contente de sauter et fuser latéralement - ce qui permet d'éclater certains blocs friables. Sans limites. On peut léviter et speeder à l'envi, en plus de dévaler les murs en s'y collant. En découvrant ce pouvoir entre nos mains on s'imagine que tout va aller comme sur des roulettes. Il faut dire que les zones initiales n'ont rien de bien méchant. On parvient assez facilement à atteindre la sortie, où attend le sieur Oktarus, que l'on poursuit, et à attraper ce petit cookie bonus - à collecter en nombre pour débloquer de vraies recettes - posté un peu à l'écart. Parfois dans le délai nécessaire à l'obtention d'une autre récompense : une étoile honorifique. Sauf que malgré la précision exceptionnelle des commandes, seuls nos réflexes comptent en vue d'échapper à tous ces blocs verdâtres et autres rayons de la mort qui, en une simple touchette, vont nous faire revenir à la case départ instantanément. Et que cela se corse bien assez vite. Certaines mécaniques se mettent en place : glisser le long d'une paroi rougeoyante voit le protagoniste s'enflammer et capable de briser des obstacles glacés, des faisceaux téléporteurs peuvent être pris des deux côtés. Et toujours plus de blocs. Espacés de plus en plus vicieusement, bougeant plus vite, plus nombreux. Les situations commencent à exiger de la patience. Une torture.

Fatale furie

Le challenge proposé par ce titre assez agréable pour les yeux (et surtout les oreilles, avec des mélodies rétro de tout premier ordre) est colossal. Taillé pour le speed run et les leaderboards où l'on peut frimer face à ses potes, Fenix Rage ne se calme jamais. Chaque nouveau niveau est un territoire que l'on veut conquérir pleinement et qui veut nous faire saigner des pouces. Chaque obstacle mal négocié, chaque boss vous donne une raison de trouer un mur avec les mains. Sauf que ça non plus, ça ne marche pas. Votre main se brise. Vous allez à l'hosto. Donc ne le faites pas. L'injustice s'avère parfois totale, la frustration maximum. Tout à fait le genre de titre qui vous pousse dans vos derniers retranchements mais qui, après avoir expérimenté plusieurs centaines de décès, vous procure une joie immense en cas de victoire. Ou vous pousse à abandonner complètement. En tout cas, si vous être du genre persévérant(e), sachez qu'après les 4 premiers mondes, y'en a encore. Un coup classique : le Dark World contenant des versions encore plus balaises des 80 stages d'origine. Au bout desquelles s'ouvre un neuvième et dernier univers complètement maboule. Et je ne vous parle pas des blocs rouges, qui permettent d'accéder à des endroits alternatifs, des mini-jeux d'arcade, à acheter à coup d'étoiles, de modes Challenge ou God pas moins impitoyables... Non, vraiment, vous n'aurez pas le temps de vous ennuyer.

La seule définition qui convienne est "jeu pour masochiste". Sans faille réelle, Fenix Rage a tous les atouts et les atours pour faire date auprès du public qu'il vise, à savoir les gros hardcore gamers qui mangent du Mega Man et du Ikaruga au réveil. Parfaitement taillé dans tous les compartiments, consistant, ce platformer de l'apocalypse, qui arrivera en 2015 sur PS4 et Xbox One, est toutefois impossible à conseiller à une audience qui cherche à se détendre en jouant. Regardez bien le titre et retenez le mot rage. Parce que c'est réellement ce qu'il provoque.