Peut-être que j'ai vraiment vieilli, en fait ? Peut-être que ces conneries ne sont plus de mon âge, que j'ai perdu l'habitude de voir des écrans de game over ? En tout cas, depuis le temps que les paddles classiques sont devenus pour moi des outils aussi instinctifs que certaines parties de mon corps, quand il s'agit de remplacer croix directionnelle ou stick analogique par la détection de mouvements, je fais un bond en arrière de 15 ans.

Mais non, c'est pas ta faute

Je me suis posé toutes ces questions. Mais au fur et à mesure que je bouclais les niveaux de Dewy's Adventure, j'ai dû me rendre à l'évidence : ça ne vient pas (que) de moi. Le principe de ce titre est fort simple : une sorte de LocoRoco en 3D, à la wiimote, dans lequel on doit récupérer de petits personnages (les Ehos), et se déplacer en glissant sur ses fesses comme une bonne grosse feignasse. La wiimote se tient à l'horizontale, ses mouvements déterminant l'inclinaison du niveau, tandis que les boutons 1 et 2 déclenchent saut et attaque et que la croix directionnelle sert à varier la température pour assumer deux formes en plus de la goutte d'eau : la glace et la vapeur. Plus classique dans son game design que le chef d'oeuvre de Sony, le titre de Konami opte pour une formule commune mélangeant diverses mécaniques de puzzle et de plate-forme à un level design retors. Seulement voilà : jauger ses sauts et déplacements avec l'inertie, les caméras pas toujours judicieuses et une wiimote très sensible au moindre mouvement, ce n'est pas toujours évident.

La goutte d'eau qui fait déborder le vase

Dewy's Adventure est incontestablement plein de bonnes idées. Intelligemment construit, plutôt varié, il trompe clairement sur la marchandise ; il a beau atteindre des sommets de niaiserie avec son trop plein de fleurs, de couleurs acidulées, et l'absence de second degré, c'est un jeu difficile, pour les adultes comme pour les plus jeunes, et qui pourrait même pousser au massacre de wiimotes, si celles-ci ne bouffaient pas suffisamment vite les piles pour qu'on stoppe la partie avant d'en arriver à de telles extrémités (je vous rassure, j'ai des piles rechargeables). Les musiques, atroces autant dans leur composition que leurs sonorités, y sont peut-être pour beaucoup, mais il n'est pas rare de pester au bout du 8ème saut inexplicablement raté, du petit bug de collision de trop qui fait basculer dans le vide, ou de la vue de caméra atrocement choisie. Malgré cela, le challenge et l'inventivité, les boss absolument géniaux, et les à-côté occasionnellement fendards (multi-joueurs en écran partagé et éditeur de niveaux pour l'accompagner, lesquels peuvent être échangé via WiiConnect 24) en font un titre qui pourrait convaincre. Personnellement, l'ambiance m'a trop écoeuré de niaiserie pour que je m'y accroche avec plus de ferveur, mais, sait-on jamais, d'autres pourraient passer outre et découvrir un titre assez atypique, tout comme l'était leur précédent jeu Eledees, et surtout corsé, comme l'étaient les jeux d'avant.