Voilà 26 ans que la série des Tales of... squatte nos consoles, et après presque vingt jeux différents, suites incluses, la voilà qui revient avec un épisode sobrement intitulé Tales of Arise

Tout comme pour Scarlet Nexus sorti un peu plus tôt dans l’année, les ambitions sont grandes pour Bandai Namco avec ce nouveau RPG. Et il se pourrait bien qu’on soit sur un produit supérieur en termes de finitions… Est ce que ce sera suffisant pour en faire un des J-RPG de l’année, et peut être le jeu du genre le plus ambitieux depuis Final Fantasy XV ? C’est ce que nous allons voir !

Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine...

300 ans. Cela fait 300 ans que la planète Dahna a été envahie. Par les habitants de Rena, l’autre planète qui lui fait face et occupe une grande partie du ciel Dahnien. Les Réniens sont plus bien plus avancés technologiquement, et ils exploitent leurs “voisins” dans des camps de travail, tels des esclaves, depuis trois siècles, dans le but de récolter leur énergie vitale. Pour quel dessein ? Il faudra le découvrir. Il faudra aussi découvrir l’origine de cette petite lune noire - “ce n’est pas une lune, c’est une base sidérale” - qui gravite autour de Rena et qui est mystérieusement apparue dans le ciel, au moment de l’invasion. 

Et vous, vous jouez “Masque de Fer”, un héros anonyme, qui ne ressent pas la douleur physique et qui est, forcément… amnésique ! C’est un des esclaves d’une des cinq contrées de Dahna,et il va faire une rencontre déterminante : Shionne, une Réniene, traquée par son propre peuple et en fuite. Personne ne peut la toucher car elle possède un pouvoir - une malédiction - qui électrocute ses proches au moindre contact, et elle possède aussi une épée de feu, que personne ne peut utiliser. Mais avec son absence de douleur, Masque de Fer pourrait bien devenir l’homme de la situation… Vous la voyez venir, la romance shakespearienne ?

Opération coup d’état

Les Réniens se sont partagés les contrées de Dahna, et cinq chefs de guerre se livrent une compétition sans merci, où celui qui arrivera à récolter le plus d'énergie vitale avec ses pauvres esclaves Dahniens se verra couronné roi de Rena. Pour les aider dans ce tournoi abject, ils disposent d’armées de soldats en armures, mais aussi de zeugles, des créatures créées artificiellement - des armes biologiques - et souvent bien agressives et colossales. Bien évidemment, notre équipe de héros se fera un malin plaisir d'exterminer tous ces seigneurs un par un, dans un certain manichéisme qui ne sera pas sans rappeler l’escalade des douze maisons des chevaliers d’or, ou dans un autre délire, la lutte de Scott Pilgrim contre les sept ex-maléfiques de Ramona.

À la lecture de ces quelques lignes, vous l’aurez compris, si le scénario de ce Tales of Arise ne sera pas, en apparence, le plus original du monde, le background est suffisamment bien fourni pour que l’on suive le tout avec un plaisir non dissimulé, et aussi, chaque phase du développement de l’histoire apportera son lot de péripéties, chaque combat contre un des seigneurs de contrée étant plutôt original à sa façon. Clairement, plutôt bon public et crédules de ce côté là, nous sommes allés de surprises en surprises et nous n’avons pas pu nous arrêter avant d’avoir fait connaissance avec le fin mot de l’histoire et de tous ses secrets… Peut-être un des plus gros points forts de ce Tales of Arise.

Café ou thé ?

De plus, la galerie de personnages, au demeurant classique, se fera un plaisir de nous émouvoir en nous présentant des blessures profondes, parfois vécues en direct sous nos propres yeux ébahis, dans une histoire clairement dure et sans pitié envers la nature humaine. Leurs commentaires sur notre façon de jouer à un jeu vidéo tranchent radicalement avec leur expérience de vie “réelle/fictive” : ils commentent, sans le savoir, toutes les décisions du joueur, et c’est un vrai plaisir coupable à entendre tout au long de l’aventure. Notez que quelques “social link” des familles seront aussi du “game”. 

Aussi, nous vous parlions de Scarlet Nexus un peu plus tôt, avec Tales of Arise, la narration fait un grand bond en avant dans la qualité. Certes, il y a toujours du visual novel - 320 saynètes pour être très précis - facultatives, pour la plupart, et le matériel est de qualité. Mais le gros de l’histoire vous sera compté à grand renfort de cinématiques réalisées dans le moteur du jeu, ou même, carrément, avec des séquences animées “à la main” du plus bel effet. Côté son, la BO est plutôt réussie, avec quelques thèmes plus marquants que les autres. Les voix japonaises d’origine seront bien évidemment de la partie, avec des textes français, mais aussi un doublage anglais que l’on a presque entièrement écouté : il s'avère bien plus facile de suivre la narration contextuelle en plein combat quand on comprend.

Nippon ni mauvais

De plus, le design global choisi par les artistes du jeu est très convaincant. Nous faisons face à des personnages très typés manga, mais qui évoluent dans des décors un peu plus réalistes, sur lequel le cel shading est moins prononcé, presque brouillon et baveux. Cela donne un ensemble au demeurant assez charmant pour que l’on soit client du genre, ça fonctionne à merveille. Le jeu est plutôt beau, que ce soit au niveau des personnages, ou même des décors, qui semblent parfois s’inspirer de très gros hits parus ces dernières années. On vous laisse le plaisir de la découverte. 

Par contre, parlons un peu d’un sujet qui fâche : la version PS5. Le jeu n’était pas forcément destiné à sortir dessus, mais avec les reports subis face aux différents confinements et autres couvre-feux, il accompagne finalement la version PS4 au lancement du jeu. Et clairement, on sent que le jeu à été développé pour une machine de huitième génération, pas pour les nouvelles. Les optimisations ne sont pas dingues, avec des temps de chargements certes rapides, mais on à déjà vu mieux en moins d’un an. Et comme ils sont nombreux… 

La copie graphique est très similaire à ce qui se fait sur PS4. Le popping est très présent, que ce soit au niveau des modèles 3D, des textures et des éclairages, et ce que l’on soit de près ou de loin. Et les fonctionnalités de la dualsense sont aux abonnés absents. Les vibrations sont certes haptiques mais rares et peu marquantes, le retour de force inexistant, et le micro aurait pu servir à tant de choses, notamment pour repérer les secrets… On n’a pas cessé de se le dire tout au long de notre session de jeu.

Tales of combo

Pour ce qui est de la jouabilité en combat, force est de constater que c’est une réussite. Pas de multijoueur cette fois-ci, mais quatre difficultés et un système en semi temps réel, avec des cooldowns et des utilisations limitées dans le temps pour les attaques de base et les attaques spéciales. Une esquive-contre attaque est de la partie, et avec toutes les autres attaques ultimes, on s’en sert pour ne surtout pas casser le combo en cours : les ennemis sont de vrais sacs à PV, sauf lorsque l’on parvient à les mettre en limite et à les achever en un seul coup.

Tales of Arise en devient presque un Beat’em all, un jeu de rythme, et faut bien avouer que c’est prenant et dynamique. Vous pourrez choisir de contrôler chacun de vos compagnons, chacun avec une classe RPG bien définie (tank, soldat, magicien, healer…) et par extension, une façon de jouer. Les autres pourront bénéficier d’un système de gestion des PNJ très complet ou leur moindre action pourra être paramétrée en amont. 

Au niveau du level design et de son exploration, c’est très classique, à l’ancienne serait on tenté de dire, mais les niveaux sont vastes et bien fichus. Le bestiaire offre bien évidemment de nombreuses redites élémentaires, mais se montre au final assez varié. Question RPG, c’est sommaire au niveau des équipements, mais le vaste arbre de compétences devrait vous permettre de passer un peu plus de temps dans les menus. La bouffe préparée au campement semble tout droit venir d’un jeu Vanillaware, et bien évidemment, vous pourrez participer à une institution du J-RPG, la pêche.

I’m a DLC Fashion victim

Les costumes devraient aussi vous tenir occupés, avec pas mal d'accessoires à déverrouiller, mais aussi des couleurs supplémentaires, et quelques tenues pour les deux héros. Les costumes se retrouvent souvent au cœur des discussions des protagonistes, voire même au centre de quêtes, et tranchent radicalement avec leur nature vidéoludique réelle. 

Aussi, deux ou trois tenues, ce n'est pas fou, mais c’est mieux que rien à l’heure du dieu DLC. Si vous optez pour la version ultime-ment chère - du jeu, vous aurez droit à quelques costumes en plus par héros, avec les couleurs qui vont avec. Mais aussi moult objets qui vont grandement faciliter votre progression, comme 100.000G par exemple, ou cette épée qui nous à fait les 10 premières heures de jeu sans jamais défaillir. Ceci pourrait dénaturer un peu votre aventure de PGM. Vous êtes prévenus. 

Enfin, pour terminer, sachez qu’il vous faudra environ 50 heures pour en voir le bout. Certains membres de la rédaction vous diront que je chipote, et que oui, en vrai, je n’ai pas le temps de passer 50 heures sur un jeu, mais je n’aurais pas dit non à 50 de plus de ce calibre…