Pourtant, avec pas moins de 5 épisodes canoniques au compteur, à la qualité en dents de scie, Star Ocean n’a rien d’une série débutante, et peut même compter sur l’expérience de tri-Ace (Valkyrie Profile) qui touche au genre depuis l’ère SNES. Mais le problème justement, c’est que le studio a bien du mal à sortir de sa zone de confort : le very old school à la japonaise. Ça plaira, mais clairement pas à tout le monde.

Un Star Ocean comme un autre

Star Ocean The Divine Force, sixième épisode principal de la série, nous embarque aux côtés de Laeticia, jeune princesse d’une planète encore coincée à l’ère médiévale (fantastique), et Raymond, pilote de vaisseau spatial commercial qui s’écrase sur cette même planète dès le début du jeu. Les deux compères, que tout oppose aux premiers abords, se retrouvent à faire équipe pour mener à bien leurs quêtes respectives. La première cherche à sauver son royaume tandis que le second tente de retrouver son équipage dispersé aux quatre coins du monde. Bien évidemment, comme bon nombre de JRPG, l’aventure finira par prendre des dimensions hors normes sur ses deux derniers tiers.

Avec deux protagonistes principaux, Star Ocean : The Divine Force propose donc deux points de vue différents sur l’histoire. On choisira d’entrée de jeu son personnage (Laeticia ou Raymond) sans jamais pouvoir en changer par la suite. L’occasion de découvrir le soft sous deux angles, ce qui pourra offrir une certaine rejouabilité, pour peu que l’on veuille s’y replonger une fois le jeu bouclé une première fois. Mais que ce soit clair, la trame reste la même. Vous n’aurez que quelques passages exclusifs à l’un ou l’autre des héros lorsque ceux-ci décident de se séparer pour X ou Y raisons.
Ca ne vous changera pas la vie, d’autant que le scénario n’est en rien transcendant et enchaîne moments de gênance, quêtes absurdes et clichés gnangnans, plus souvent qu’il ne surprend et fait sourire.

Star Ocean Paysage
Une première zone peu accueillante

Clichés et sensation de déjà vu

Qu’à cela ne tienne, de toute façon le jeu n’est pas bien long malgré le fait que ce soit un JRPG. Il ne vous faudra pas plus d’une trentaine d’heures en ligne droite pour en voir le bout, et ce, malgré le fait que toute la première partie semble durer des plombes tellement elle traîne en longueur pour pas grand-chose. Comptez également quelques dizaines de plus si vous vous penchez sur les quêtes annexes insipides ou le mini-jeu d'échecs qui ne tiendra en haleine que les plus enthousiastes. Malheureusement, le voyage ne sera pas non plus sauvé par son roster de personnages principaux et secondaires puisque ces derniers ne sont que de vulgaires poupées empaillées, tous plus clichés les uns que les autres. Et ici tri-Ace coche toutes les cases en sexualisant autant qu’il peut ses personnages féminins. On a le droit au héros aux biceps d’acier et au grand cœur qui a plus de cheveux que de charisme, la princesse aussi naïve que courageuse, la jeune hystérique qui s’enjaille d’un rien et sautille à la moindre occasion ce qui fait évidemment rebondir sa poitrine face à l’écran… Il y a aussi cette androïde beaucoup trop dénudée pour être crédible, aussi sexy que froide. Et ce n’est ici qu’une poignée des personnages que vous pourrez compter dans votre groupe, mais les autres ne sont guère plus marquants.

Si la trame et les personnages auront bien du mal à vous tenir éveillé, il est fort probable que les environnements et la technique vous achèvent rapidement. Star Ocean The Divine Force est franchement vilain et se permet même de ramer en mode performance sur PS5 et sans raison valable. Les textures sont grossières, la modélisation (des décors et des PNJ) a deux générations de retard et nos héros sont aussi lisses que de la porcelaine. On ne s’attardera pas non plus sur les animations qui semblent faire un peu ce qu’elles veulent. Tantôt presque absentes, tantôt complètement disproportionnées. Malgré sa tendance à lorgner vers l'heroic fantasy et la science-fiction, Star Ocean 6 ne marquera pas non plus les esprits avec sa direction artistique qui, si elle tente quelques panoramas sympathiques, s’enlise dans le déjà-vu. Que l’on soit au sol ou dans les étoiles, rien ne viendra séduire l'œil, d’autant que les couleurs paraissent bien trop ternes, même en activant le HDR.

Star Ocean 2
Le Mont Rushmore local

Les combats sauvent la baraque

Il ne restera alors que le système de combat de ce Star Ocean pour le sauver du naufrage. Ce dernier se passe exclusivement en temps réel, bien que l’on puisse gérer un peu l’IA de nos camarades via un menu de pause active. On enchaîne alors les combos customisables à volonté, tout en gardant un œil sur une jauge de PA qui grimpera petit à petit au fil du combat ou de certaines actions. Notez qu'il sera aussi possible de changer de personnages à la volée pour profiter du talent de chacun. On aura également un petit robot à nos côtés, D.U.M.A, nous permettant de faire des attaques éclair et autres dévastatrices qui transformeront rapidement les affrontements en un ballet de sons et lumières. Puisque oui, les effets partent vite dans tous les sens après quelques heures de jeu, sans compter les informations qui s’affichent à l’écran (dégâts, coups critiques…). Ça devient vite… un joyeux bordel. Mais ce que l’on perd en lisibilité et en précision, on le gagne en dynamisme et ce n’est pas un mal tant tout le reste nous donne envie de pioncer. Notamment l’exploration qui, même si elle joue sur la verticalité, ne nous proposera que des balades dans des espaces souvent vides et bourrés de clipping, mais heureusement ponctués de combats et accompagnés d’une OST très solide signée Motoi Sakuraba.

Dans Star Ocean : The Divine Force On somnole lors de nos voyages, oui, c’est un fait. Et c’est sans compter les longues minutes perdues à se battre dans les menus, obligatoires pour améliorer vos personnages en dépensant des PC. Vous aurez à disposition un arbre de compétence gargantuesque pour chaque héros et une multitude de capacités actives ou passives améliorables à garder à l'œil, sans parler de l’équipement à gérer. C’est génial et particulièrement généreux. Il est certain que vous y passerez de nombreuses minutes pour monter une équipe de choc. Alors pourquoi diable tout est planqué dans un amoncellement de menus et de sous-menus à peine lisible? Pourquoi toutes les explications sont enfoncées au fin fond d’un glossaire ? Et quelle est cette manie qu'ont nos héros secondaires d'enlever leurs accessoires dès qu’ils quittent le groupe lors d’une cinématique ? C’est un non-sens absolu qui finira assurément par avoir raison des joueurs les moins patients. Mais croyez moi, le jeu peut être fini même si vous arrêtez de vous occuper de l’optimisation des personnages secondaires après une dizaine d’heures. D’ailleurs, je ne sais toujours pas si le fait que ce soit possible est une bonne chose.

Star Ocean : The Divine Force a tout de même quelques plans sympathiques
Star Ocean : The Divine Force a tout de même quelques plans sympathiques