Direction le royaume de Khura'in. Phoenix Wright se rend dans cette contrée mystique et aux allures de Tibet pour retrouver une vieille - mais jeune - connaissance. Rien de moins que son ancienne assistante, Maya Fey, qui avait décidé de s'exiler pour se focaliser sur le perfectionnement ses dons de médium. Mais la joie de revoir la soeur de son mentor va vite être contrariée par un événement d'importance : le guide de notre avocat aux cheveux de hérisson, un garçonnet, se retrouve accusé d'un crime qu'il n'a manifestement pas commis. Et dans ce pays, le glaive de la justice s'abat vite. Le procès se tient dans la foulée de l'arrestation. Ni une, ni deux, Wright décide de prendre la défense... et apprend que son destin est désormais lié à celui de l'accusé. Dans ce pays, une loi prévoit que les avocats, qui n'y sont plus légion, subissent le même sort qu'un condamné. Il va donc falloir la jouer fine...

Chasse à la cour

La première affaire va donc se résumer à contrer l'argumentation du procureur à la cour. Comme toujours, il faudra connaître le dossier, les profils et les pièces à conviction par coeur pour retourner la situation lors des témoignages. On retrouve des renvois de balle énergiques et des personnages aux mutliples facettes et aux mimiques irrésistibles. Et pour l'aficionado, c'est toujours aussi plaisant. On découvre une nouveauté, qui sera exploitée dans les autres chapitres se tenant à Khura'in : l'arrivée des séances de divination. La très vindicative princesse locale projettera dans un point d'eau situé au centre de la cour les derniers instants de la victime. On y apprendra, en vue subjective, ce qu'elle a ressenti avant le grand voile noir. Tous les sens sont impliqués et apparaissent sous formes de mots. Il faudra alors associer l'odeur, l'élément visible, touché, goûté ou entendu qui ne correspond pas avec une interprétation donnée par le camp d'en face, bien décidé à vous envoyer six pieds sous terrre. Très malin.

Usual Suspects

Ces moments occultes constituent la seule nouveauté de "gameplay" d'un épisode tirant toujours entre le visual novel et le point and click dans ses phases de recherche sur décors fixes ou à faire pivoter. Pour le reste, que ce soit aux USA ou à Khura'in, on retrouvera les mécaniques habituelles en vue de prendre l'ascendant et faire éclater la vérité : le craquage de verrou psychique, l'analyse de tics nerveux lors d'une déclaration, l'observation des humeurs contradictoires avec un témoignage. Il y en a. Pas trop. Une façon de rythmer un jeu certes joliment réalisé et amusant , mais qui propose surtout beaucoup de lecture. Et faire faire un peu de gymnastique au cerveau des Perry Mason en herbe. Celui-ci ne sera cependant pas trop torturé puisque le système de pénalités de la série, qui vous châtiait en vous ramenant dans les limbes de votre dernière sauvegarde en cas d'échec répété, n'a plus aucun impact. Votre "mort" s'enchaîne par un retour au moment de votre échec, la jauge pleine.

U Sadmadhi ?

Ce que les fans attendent le plus d'un Ace Attorney, ce sont évidemment des affaires qui valent la peine d'être vécues, qui font rire, pleurer, s'interroger. Cela passe par une écriture accomplie de chaque trame et des personnages qui en sont les acteurs. De ce côté, aucun problème, hormis une quatrième affaire qui manque d'intérêt et se pose comme un interlude faiblard (une seule séance à la cour) et sans envergure en attendant le final, ce n'est que du bon. Du classique mais du bon. Avec son lot d'extravagances et de moments forts qui font qu'on continue avec délectation. Et cette dernière affaire, justement, permet de dénouer une trame globale assez fantastique, tournant davantage autour de l'ami Apollo Justice et de ses origines... Seul bémol : là où on nous a habitués à des procureurs charismatiques, avec un background souvent tragique et une répartie de cogneur de rue, on se retrouve avec un garçon pas très intéressant. Le très zen mais trop lisse Nahyuta Sahdmadhi manque clairement de mordant et de punchlines mémorables. Mais est-il seulement possible de tutyoer l'excellence du Godot de Trials and Tribulations ?