Never Stop Sneakin', puisque c'est bien de lui qu'il s'agit, propose de dérouler sa déférence à Metal Gear Solid premier du nom sous la forme d'un vaudeville d'infiltration qui va jusqu'à singer les codes et procédés visuels de la console qui l'a vu tourner en 1998. Déjà seul aux manettes de Dust : An Elysian Tail, l'homme à tout faire Dean Dodrill change de répertoire et d'ambiance pour se lancer dans le mélange des genres, puisque son nouveau titre tente de jouer les équilibristes entre le stress de l'infiltration et l'éclat de rire gras. Quitte à trop profiter de son filet de sécurité ?

Fais-moi sentir marrant

"Ecrire seul, cela aboutit à un truc certainement bourré de défauts, mais très signé." analysait avec sagesse le grand Alexandre Astier avant de présenter son second spectacle seul en scène. Impossible de savoir si le créateur de Never Stop Sneakin' embrasserait le même discours, mais le résultat est là : après un premier succès d'estime, sa parodie en amusera certains tout en laissant les autres de marbre. Tel est le fardeau de la non-universalité des humoristes. Et pour le coup, Never Stop Sneakin' opte tout du long pour le comique de situation, en plaçant aux commandes de la mission qui sera la vôtre si vous l'acceptez le Sergent Milestone, vétéran du zef et à côté de ses pompes en toutes circonstances.

Ce Roy Campbell du dimanche sera pourtant chargé de sauver l'actuel Président des Etats-Unis, mais pas que. En effet, mégalo et jusqu'au-boutiste, le grand méchant Amadeus Guildenstern a profité d'une mystérieuse machine à remonter le temps pour kidnapper tous les présidents de l'Histoire. TOUS. Oui, même les mauvais, précise-t-il sans les nommer. Il reviendra donc à la Sneakin' Agency, composée au départ de quatre agents polygonés, d'infiltrer la base du fou furieux, pour défaire ses lieutenants avant l'affrontement final.

Tactile Espionnage Action

Le gameplay de Never Stop Sneakin' reprend donc peu ou prou les phases d'infiltration top-down qui nous avaient tenu en haleine au sein de Shadow Moses. En revanche, n'espérez pas voir la caméra redescendre dès lors que vous tenterez de vous plaquer contre un mur, car le jeu de Dean Dodrill tentera de vous divertir sur une seule et unique formule, quitte à l'étaler un peu trop pour en conserver la fraîcheur sur la durée. Le jeu pourra en réalité se pratiquer du bout du pouce, puisqu'il ne réclame au final que de déplacer son agent au sein des niveaux labyrinthiques de l'infinie base de Guildenstern, l'intégralité des actions à effectuer étant complètement automatisée. Que ce soit le piratage d'un poste ennemi, le sacrifice d'une grenade fumigène pour échapper au faisceau des caméras ou l'emploi d'un lance-roquette face à un hélicoptère, chaque action se déclenche seule, évitant ainsi d'être repéré, mais vous privant également d'une précieuse munition.

Au cours de la trentaine de niveaux qui se découpent au fur et à mesure en multiples de trois, il faudra donc se jouer de la surveillance adverse, mais ces sessions obligeront aussi à récolter des ESP, l'unité monétaire utilisée. Eh oui, même lorsque qu'on lutte contre la vermine temporelle, l'argent reste le nerf de la guerre. Les crédits récoltés jonchent le sol des différents environnements proposés - de la jungle so Snake Eater au bunker glacial en passant par la base aérienne - mais le gros de la récolte se fera via le piratage des PC tous aussi nombreux. Metal Gear-like oblige, certaines zones bonus ne seront accessibles qu'une fois en possession des clés portées par certaines bleusailles. Et pour le coup, pas besoin de jouer du thermostat. Ces zones permettront notamment de s'équiper d'items bien pratiques, qui augmenteront votre chargeur ou permettront d'augmenter la jauge de vie, ce qui évite de claquer ses précieux ESP aux distributeurs automatiques concluant certains étages. Tout cela sera cependant fort utile pour filer une fessée bien méritée aux bosses de fins de niveaux.

Revolver au slot

Les bosses, justement, optent chacun pour un type de gameplay différent qui consistera à les piéger en actionnant plusieurs mécanismes, ou de les saigner petit à petit au couteau, quand il ne s'agit pas de balancer une roquette bien sentie pendant une phase de simili-danmaku. Malheureusement, ces affrontements souffrent du même mal que le reste de l'aventure, à savoir une redondance qui laisse (trop) rapidement place à la lassitude. Never Stop Sneakin' révèle en effet bien vite toutes se cartes, pour finalement rejouer le même tour encore et encore, en changeant simplement le volume de son deck, un regret qui l'oblige à être joué en courtes sessions espacées pour ne pas soupirer à l'idée d'enchaîner une énième douzaine de niveaux après un run un peu long.

Les dialogues aux faux airs de Codec joueront parfaitement leur rôle de carotte, puisqu'ils offrent en fin de mission une parenthèse loufoque qui provoquera bien plus de sourires que bon nombre de jeux sortis cette année. Si l'histoire de cette course-poursuite déjantée avait su dérouler ses échanges en harmonie avec le gameplay, elle aurait sans doute permis au jeu de se renouveler un peu plus. Mais la déconnexion totale entre les phases d'infiltration et les blagues appuyées sur les vieux officiers tacle malgré elle le rythme de l'aventure. Le système de combo qui offre des gains exponentiels en cas d'infiltration rapidement menée à bien aurait largement pu donner envie aux mordus de scoring de retenter certaines missions, mais le jeu enchaîne du début à la fin des one-shots qui obligeront à tout réussir du premier coup. Une certaine idée d'un acte manqué.