Quand on est leader d'un marché que l'on domine de la tête et des épaules car... on est seul, le moindre relâchement est aussitôt sanctionné par le public. D'autant plus dans un contexte de pandémie et de crise sanitaire comme celui que l'on vit actuellement et qui engendre une attente de nouveautés forcément accrue et décuplée, attente en partie comblée d'un côté mais aussi entretenue de l'autre par la diffusion actuelle de la saison NBA, avec les playoffs et le titre de champion en ligne de mire.

Bref, à défaut de pouvoir se concurrencer soi-même, avec le retrait encore pour cette fois de NBA Live, NBA 2K n'avait pas le droit de faire moins bien que le volet précédent, d'autant qu'il était attendu au tournant, autant par le manque d'innovations majeures pointées du doigt déjà plusieurs mois plus tôt mais aussi avec l'hommage rendu dans une édition spéciale (Mamba Forever) au regretté Kobe Bryant. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que si NBA 2K21 ne fait pas mieux, il fait surtout moins bien, autant par des choix malheureux dans certains cas... que par l'absence de choix dans d'autres.

Un shoot qui divise, des scories qui font jaser

Il suffit de jeter un oeil sur la Toile peu après la sortie du jeu pour s'en rendre compte. NBA 2K21 a compilé plusieurs scories, plus ou moins importantes, entre les bonus liés à l'édition Mamba Forever, non disponibles au moment du lancement du jeu (on parle notamment de 100 000 VC) , des modélisations de joueurs laissant à désirer, notamment celle du meneur de jeu star des Golden State Warriors, Stephen Curry. Mais la plus importante est finalement lié à un mécanisme ô combien important du jeu, condition sine qua none pour performer et faire grimper les statistiques de son joueur dans le fameux mode Carrière : le shoot, tout simplement.

Déjà pas forcément évident à prendre en main dans les versions précédentes, ce dernier restait suffisamment exigeant pour les puristes mais aussi assez abordable pour les nouveaux venus, obligés de se faire la même dans un premier temps avant de pouvoir trouver des positions de shoot confortables. Or, Visual Concepts a voulu révolutionner un peu son système de tir, avec un nouveau placement pour la jauge de shoot (au-dessus du joueur désormais) et, surtout, un nouveau timing particulièrement fin et sensible, dicté autant par les spécificités du joueur que par sa position et sa prise de risques.

Un patch oui mais...

Le rendu est un tir exigeant, frustrant aussi, car, selon que l'on tire avec le stick droit ou le bouton de shoot, ce dernier ne fait pas mouche dans des positions pourtant favorables, sans opposition, avec un timing convenable et dans des zones préférentielles pour le joueur. Evidemment, la grogne n'a pas tardé à grimper, entre les vidéos de gameplay montrant des ratés et des airball à répétition avec des serial scoreurs, comme le joueur des Raptors, champions NBA sortants, Kawhi Leonard... et le tweet lapidaire de Damian Liliard, meneur de jeu des Portland Trail Blazers et égérie du jeu dans sa version standard.

Le joueur NBA, largement à l'honneur dans le contenu de ce NBA 2K21, n'a pas caché son désarroi devant son manque de réussite face au panier adverse, notamment derrière la ligne à trois points. Sachant que NBA 2K suit la tendance de la vraie NBA, à savoir des systèmes de jeu reposant beaucoup sur les tirs extérieurs, cela pose évidemment problème, problème en partie compensé par l'arrivée assez rapide d'un patch correctif, censé rééquilibrer les choses dans les modes Rookie, Pro et All-Star dans tous les modes de jeu, sauf pour le Quartier et son contenu spécifique.

Une carrière moins immersive et moins riche aussi

Si le shoot n'est pas une garantie de succès cette saison et divisera sans doute pendant encore de nombreuses semaines la grande majorité des joueurs, soit ravie du challenge proposé, soit écoeurée de ne pas pouvoir prendre de plaisir, il ne gâche pas non plus totalement le fun de retrouver la NBA via 2K, avec un mode Carrière de nouveau scénarisé. Cette fois, l'histoire tourne autour d'une affaire de famille, entre un fils au talent certain mais pas promis initialement à une carrière en NBA, Junior et son père, ancienne gloire locale universitaire. Cette nouvelle Carrière n'épousera pas tous les aspects de la vie de votre future star du basket : si on accompagne Junior au lycée puis à l'université, il ira directement à la Draft, avant de choisir son agent (entre le style familial et le style très professionnel), qui aura une incidence sur ses futurs contrats, et ensuite... go la NBA.

Une fois rejointe, fini les cinématiques, fini la narration. Un peu comme dans NBA 2K20, quand le prélude à la carrière NBA de votre talent s'achève, on empile juste les matches, sans plus de saveur particulière. On déplorera d'ailleurs l'absence de la Summer League et surtout de la Draft Combine, qui permettait de vous battre pour déterminer votre choix de draft. Curieuse politique que celle de les enlever, un an seulement après leur retour dans le mode.

Bien nettoyer ses VC

Cela ne dessert pas forcément la force de la narration, qui n'est pas très prégnante ni très immersive de prime abord, en tout cas et même sur la durée, moins que celle de l'an passé. Mais elle nuit à l'intérêt d'un prélude sympa oui, bien fichu oui mais finalement moins huge que lors du précédent volet. Le rendu est toujours plus sympathique que celui du mode My GM, pointé du doigt tous les ans pour être véritablement abandonné par les développeurs, et qui ne bénéficient d'aucun apport significatif. Damned. Quant au Quartier, ce dernier jouit bien d'un nouvel environnement - enfin - plus aéré et solaire, avec un bord de plage en lieu et place d'un centre-ville, des terrains extérieurs, des terrains couverts, une grande roue... mais toujours les mêmes activités, toujours beaucoup de monde sur les différents lieux de jeu et toujours autant de joueurs à avoir mis la main à la poche, comme le témoignent les notes générales des uns et des autres.

Bref, à ce niveau-là, pas de grands changements non plus dans le fond : il faudra toujours faire la course aux fameux VC, la monnaie virtuelle excessivement onéreuse vous permettant d'acheter des points de compétence, d'obtenir des insignes et des badges et, par conséquent, d'améliorer votre avatar, histoire de pouvoir briller dans le Quartier, rebaptisé 2K Beach. Au niveau de la gestion de l'avatar, pas de révolution non plus. Du classique dans le Build de votre joueur, ce qui là n'est pas un mauvais point, tant ce dernier est précis et complet dans le domaine basket, même si on regrettera quand même, sur la partie physique, un certain manque de fantaisie et d'idées originales... même si désormais, on peut créer un joueur un peu plus grand.

My Team, l'évolution bienheureuse

LA nouveauté se situe au niveau du mode My Team, le pendant basket d'Ultimate Team sur FIFA. Ce mode, très apprécié des joueurs, n'a pas subi une refonte globale - pourquoi changer une formule gagnante - mais a, en revanche, vu son gameplay doté de quelques nouveautés. La première consiste à pouvoir fusionner des cartes en double. La deuxième est basée sur des événements dynamiques le week-end, avec des compositions et des rangs d'équipes à conserver.

La troisième est l'instauration d'un Saison Pass, avec des récompenses en fonction de vos résultats, qui amélioreront aussi vos compétences et statistiques en match. Cela fait forcément un peu léger, c'est sûr, mais le rendu est agréable, tout comme le contenu aux niveaux des équipes dans le mode plus classique, avec les deux Dream Team des derniers JO (2012, 2016), des équipes championnes légendaires, avec forcément un coup de coeur pour les Lakers de Kobe Bryant 2009-2010 et toujours le basket féminin, avec la WNBA.

En attendant la next-gen, on n'est pas bien avancé

Il y a de quoi faire, donc, cette saison sur NBA 2K21, à condition de passer l'écueil désagréable du shoot et de ne pas forcément être trop exigeant et regardant sur la qualité générale. De ne pas trop cligner des yeux non plus, devant une interface simpliste et austère au possible, alors que la saga nous avait habitué à un feu d'artifice dès son menu et devant les temps de chargement intempestifs, définitivement une tannée dans l'histoire des NBA 2K. En réalité, que penser de cette version ? Qu'il est peut-être plus proche d'une mise à jour que d'un volet savamment travaillé ? Evidemment le contexte sanitaire a joué un rôle dans son développement. Mais ne valait-il pas mieux repousser la sortie de cette version current-gen, plutôt que de vouloir épouser à tout prix la fin de la saison actuelle ?

Le timing est bon (il est heureux surtout) mais le choix - logique finalement mais frustrant - de Visual Concepts de ne pas toucher les notes des joueurs jusqu'au terme de l'exercice en cours pourra en rebuter plus d'un. Evidemment, il faudra attendre pour pouvoir avoir le droit de jouer à un jeu au contenu neuf. Mais d'ici là et si ce n'est pas déjà le cas, les regards et les attentes seront tournés vers la version next-gen, qui devra à la fois faire oublier cette version un peu bancale... et convaincre le public que le pari tenté était le bon. Car ce qui devait faire office de transition donne surtout l'impression d'être un épisode de fainéant. Indispensable alors NBA 2K21 ? Oui, pour les fans absolus de NBA, qui plus est en manque de simulation manette en main. Pour les autres, cette fois, la réponse est beaucoup plus discutable.