Legend of Keepers

consiste à jouer le rôle du boss, autrement dit du méchant dans le domaine des jeux vidéo, comme des affaires d'ailleurs. Une analogie que le studio indépendant Goblinz entretient avec une féroce ironie à travers ce facétieux mélange de Roguelite et de RPG au tour par tour. En effet, l'emprise sur les différentes régions s'organise via un agenda hebdomadaire, qui permet d'améliorer le matériel terrain (les pièges en l'occurrence), d'envoyer ses troupes en pillage (congé blessure à prévoir), en formation, et de faire des emplettes auprès de marchands guère honnêtes, entre autres évènements aussi fortuits que désopilants de la vie - ou de la mort - en entreprise, telles que des conflits internes, des séances chez le psychologue, voire la visite de percepteurs avides de sang. Autant dire que la notion de ressources humaines prend ici tout son (double) sens, même si nos sbires appartiennent à l'ensemble des peuplades de l'heroic fantasy. En parlant de héros, il s'agit justement de briser les ambitions, ou plutôt de briser ces derniers tout court, lorsqu'ils s'aventurent dans les donjons. Des lieux découpés en plusieurs salles où l'on doit placer ses ouailles, stratégiquement sélectionnées en fonction des caractéristiques élémentaires adverses. Les choix se réduisent ensuite aux attaques lancées et aux cibles, vaincues soit par extermination, soit par intimidation, gestion du moral à l'appui. A l'instar du management en général, la tâche se révèle d'une redoutable efficacité, mais également fort répétitive, en dépit des autres vilains à déverrouiller assortis de compétences bonus et des artefacts à collecter. Ce manque d'intérêt, pour ne pas dire de business plan à long terme n'empêche cependant pas à cet émule de Darkest Dungeon d'exprimer son propos joyeusement satirique et tellement plus léger, façon "dead in France".