Retour aux sources clair et net. Battlefield fait un bond en pleine Seconde Guerre Mondiale, là où la série est née il y a de cela déjà 16 ans... Imaginez. Depuis il s'en est passé des choses dans l'univers du FPS. 16 ans de questionnements, d'interrogations, de changements, de succès mais aussi de bad buzz. Puisque ce n'est plus un secret, l'annonce de Battlefield V fut quelque peu catastrophique avec un trailer s'éloignant bien trop de ce que l'on avait l'habitude de voir. Dans ces conditions, c'est avec une certaine appréhension que nous avons testé le jeu dans son intégralité. Même si notre découverte du solo il y a plusieurs semaines était déjà une belle surprise et quelque part, un vrai soulagement.

Retour aux sources

Que l'on soit clairs dès le début : nous n'avons pas pu toucher au mode Battle Royale puisque celui-ci ne sortira pas avant... mars 2019. LA grosse nouveauté de ce volet est en fait le mode Grande Opération qui comme son nom l'indique est une belle promesse pour l'ajout d'une bonne dose d'épique. Une simple promesse ? Ou une réalité ? C'est en réalité un mélange de tous les modes de jeu qui ont fait la gloire de la saga. Conquête, ruée, capture de drapeau et la petite subtilité Last Man Standing en fin de partie. Nous y reviendrons. Comme indiqué plus haut nous sommes de retour en pleine Seconde Guerre Mondiale. Le but étant pour DICE de nous faire découvrir les batailles "inconnues" de ce conflit, vous pouvez donc d'ores et déjà tracer un trait sur la Bataille de Normandie ou encore celle de Stalingrad.

Le jeu préfère en effet se concentrer sur La Bataille de France, l'Occupation de la Norvège et la Campagne d'Afrique ainsi que l'Opération Market Garden (Pays-Bas). Si l'on pouvait craindre un coté "kikoolol" trop prononcé au vu du premier trailer, il n'en est en fait rien. Attention, le jeu n'est pas non plus un documentaire interactif, ça reste bourré de fictions et non une "simulation" pure et dure. Les puristes de la Seconde Guerre Mondiale iront plus volontiers sur du Red Orchestra ou sur du Post Scriptum. Ici on se bat en 1940 avec le top du top de l'armement individuel à peine sortie des usines d'armement d'Allemagne. Aucun grief à faire à ce niveau et ça reste beaucoup plus crédible que Battlefield 1 avec son arsenal full automatique pendant la Bataille de Verdun.

C'est bien, c'est beau, c'est boche

La nouveauté esthétique de ce Battlefield c'est l'arrivée d'un système de customisation pour nos soldats. Fort heureusement on échappe à l'effet Fortnite du premier trailer à grand coup de katana dans le dos et de bras mécanique. On reste dans de l'historiquement plausible, sans pour autant rentrer dans l'uniformologie. C'est à saluer car cela permet de se sentir un poil plus proche de notre soldat. Il en est de même pour les véhicules et les armes, avec au grand maximum une armée dorée pour les plus bling-bling d'entre nous. Mais pas d'arme rose fushia ou autre abomination visuelle qu aurait été totalement anachronique.

Pour retranscrire de manière plus intense encore l'esprit de la Seconde Guerre Mondiale, DICE a donc mis en avant le mode Grande Opération. Ce mode est ainsi découpé en plusieurs phases distinctes (Jour 1, Jour 2, etc) dans lequel la carte change et progresse vers l'objectif final. Sur Rotterdam on doit par exemple sécuriser une partie de la ville avec nos parachutistes en phase 1 avant de prendre le centre ville en phase 2 (la cathédrale notamment) et ainsi de suite. Très intense c'est aussi l'un des modes de jeu les plus longs. Contrairement au mode classique Opération qui n'était pas très clair dans Battlefield 1, ici les contours sont bien plus nets et l'on comprend où veut en venir DICE. Généralement la dernière et ultime phase du jeu consiste à du Last Man Standing dans lequel chaque joueur n'a qu'une seule et unique vie, et un seul chargeur par arme. En d'autres termes la pression est constante et la mort est au bout du chemin. Mais DICE n'oublie pas les vieux loups de mer de la communauté et pour rester dans la tradition, on retrouve aussi le désormais inoubliable mode Conquête, simple et efficace qu'on ne vous fait pas l'affront de vous présenter.

"On ne touche pas à un camarade !"

Là où DICE a fait de l'excellent travail c'est aussi au niveau du teamplay. Le jeu souhaite pousser et forcer la coopération. Et pour éviter que le tout ne devienne une gigantesque fête à neuneu dans lequel tout le monde ne pense qu'à lui, le médecin est désormais le seul à pouvoir redonner 100% de sa vie à un soldat. Chaque joueur est ainsi équipé d'une petite trousse de soin, mais juste assez pour survivre. Pour être au top, il faudra faire appel à un camarade. Toujours dans cette optique, les membres de votre escouade pourront vous réanimer et cela peu importe la classe qu'ils jouent. Au niveau des classes justement, on retrouve l'Assaut, le Médecin, le Support et le Tireur d'Elite. Chacun a un rôle encore plus défini que dans les précédents volets. L'Assaut est ainsi le seul à avoir le matériel nécessaire pour contrer efficacement les véhicules, ce qui n'était pas nécessairement le cas dans BF1. Chacun aura aussi son propre système d'armement et les armes n'ont bien entendu pas de limite de faction. À ce titre le jeu propose pour l'instant 2 factions : Britannique et Allemande.

Le lootbox c'est du passé

On ne sait pas encore qui viendra dans le futur mais on imagine bien l'arrivée des Américains, d'autant qu'à part la Thomson et le 1911 (aussi en service dans l'armée Anglaise) il n'y a aucune trace d'armes emblématique venu des US comme le M1 Garand, si ce n'est la carabine M1 elle aussi en service chez nos amies d'Outre-Manche pendant la Guerre. On met donc notre main à couper que les américains finiront par arriver tôt ou tard. Le jeu est de toute façon prévu pour être suivi pendant au moins 2 ans et cela de manière totalement gratuite. (EA a visiblement appris de ses grossières erreurs sur Battlefront 2...). La seule trace de micro-transaction concernera uniquement la cosmétique. AUCUN élément en jeu ne permettra de progresser plus vite ou d'avoir un bonus sur les autres joueurs avec de l'argent réel. C'est la promesse de DICE, faite lors de l'événement presse. Tout se débloque en effet avec la monnaie in game, qu'il ne sera pas possible de gagner avec de l'argent réel.

Variété et diversité

Battlefield V met également un point d'honneur à vouloir proposer une gestion des armes intelligente avec notamment un hitbox revu et corrigé par rapport à BF1. Chaque arme est "vivante" et propose le recul réaliste qui va avec. Il sera d'ailleurs nécessaire d'apprivoiser chacune d'entre elles avant d'en devenir maître. Pour ajouter encore un peu plus de piment, chaque arme propose son arbre de spécialisation, permettant de mettre l'accent à souhait sur la stabilité, la précision ou la puissance selon vos envies et vos habitudes. Il faudra ainsi faire des choix et sélectionner ce qui correspond le mieux à notre type de jeu. Cet arbre de compétences se retrouve aussi sur les véhicules. Le but est de pouvoir proposer un véhicule qui se concentre sur l'infanterie ou au contraire sur un pouvoir d'arrêt anti-blindé conséquent. Intelligemment fait, il faudra voir sur le très long terme si certaines armes ne vont pas se retrouver être trop au dessus du lot (comme c'est souvent le cas dans un FPS à un moment ou à un autre). Les maîtres-mots de ce Battlefield V sont bien dans ce domaine, "variété et diversité".

L'armement propose au choix des fusils à verrou, des LMG, des SMG, des fusil semi-automatiques, des armes de poing en tout genre, des armes anti-véhicules nombreuses, et des outils anti-personnel. Et cette diversité se retrouve aussi via les nombreuse cartes : Norvège, Nord de la France, Afrique du Nord... Il y a donc de tout pour tout le monde. De la montagne enneigée, du désert rocailleux, du champ de tournesol, du marais, de la ville... Etc. Avec un total de 8 maps au lancement, il y en a assez pour ne pas se lasser avant plusieurs longs mois. Et ça tombe bien puisque comme précisé plus haut le jeu est prévu pour avoir un suivi gratuit sur le long terme.

Une nouvelle carte du nom de Panzerstorm débarquera d'ailleurs très vite après la sortie. L'ensemble des environnements est évidemment destructible et c'est le premier BF à atteindre un tel niveau depuis Battlefield Bad Company 2, le moteur Frostbite est poussé jusqu'à ces derniers retranchements et ça se voit ! La physique de destruction est en plus totalement réaliste et intelligente. La neige glisse des toitures, les murs se fissurent avant de s'écrouler, les fenêtres explosent à l'impact des balles, les obus creusent le sol... (où il est possible de s'abriter), bref du beau boulot des concepteurs.

C'est d'autant plus impressionnant quand une fusée V1 tombe sur une zone en rasant tout sur son passage. Pour les débloquer, il faudra accumuler des points que l'on gagne en jouant en escouade (une autre manière de forcer à jouer en coopération). Une vraie bonne idée. Cela concerne aussi des véhicules spéciaux comme le char Churchill qui est équipé de puissants lances flammes.

Une campagne solo un poil trop convenue

Mais Battlefield V ce n'est pas que du multijoueur. C'est aussi une campagne solo sous forme de War Stories. Si la Campagne en Norvège et celle avec les tirailleurs Sénégalais sont de bonne facture, celle qui nous permet d'incarner les commandos anglais est bien trop convenue. Et comble de la déception, comme vous le savez, nous n'avons pas pu tester la campagne allemande. Le tout se laisse jouer et reste agréable (notamment le prologue qui est une franche réussite) mais ça manque d'un petit quelque chose pour en faire un élément inoubliable. Toutefois, beaucoup mieux réussi que la campagne solo de BF1, ça manque encore un peu de constance.

Visuellement bluffant

Pour ce qui est de la fiabilité générale il est hélas très dur de juger le tickrate du jeu dans les conditions du test (sur des serveurs interne de chez DICE) et il faudra voir ça avec plus de précision lors du lancement officiel. Pour le reste le jeu souffre de quelques problèmes de physique et de collision au niveau des véhicules et quelques autres bugs (peu nombreux) mais qui peuvent se montrer gênants dans certaines situations.

Par exemple, notre soldat qui se bloque dans un morceau de décor ou qui passe sous la map ce n'est jamais une franche rigolade quand ça arrive. Pour le reste le jeu est quasi sans faille d'un point de vue artistique et technique. Le moteur Frostbite fait une nouvelle fois un sans-faute et il s'agit à l'heure actuelle de l'un des plus beaux (si ce n'est le plus beau) jeu multijoueur existant. Le visuel est épaulé par un sound-design irréprochable qui offre une immersion totale lors des combats. La guerre, la violence, la tension est partout autour de vous et dans vos oreilles. Un plaisir auditif immersif ultime qu'il est difficile de prendre en défaut et dont on vous conseille fortement de profiter avec un casque sur la tête, ou une installation Home Cinéma.

Rappelons en fin que nous avons joué sur PC et que le jeu tournait sur une véritable machine de guerre (2080Ti et CPU Xeon dans le ventre). Comme pour le tickrate il faudra voir ce que cela donne sur une machine un poil plus "normale".