Autant vous dire que ce dernier a su faire monter la sauce. Blasphemous 2 est en effet l’un des jeux indépendants les plus attendus du moment. Son ADN à mi-chemin entre le metroidvania et le souls-like, mélangé à un univers qui s’annonce encore une fois atypique et cryptique a de quoi faire saliver. Mais est-ce que ce nouveau roadtrip infernal vaut le détour ou nous obligera-t-il à faire pénitence nous aussi ?

Un nouveau pèlerinage sanglant

Blasphemous plante son intrigue après les événements de l’ultime DLC du premier opus, Woods of Eventide. Le monde se prépare à l'arrivée d’un nouveau rejeton du Miracle, une force destructrice qui grandit dans un cœur agrippé aux nuages au-dessus de la Cité du Nom Béni, désormais portée à bout de bras par d’immenses statues sous les regards apeurés d’un peuple qui attend son jugement dernier.
Il est alors de votre devoir, en tant que Pénitent, de remédier à cela avant qu’un nouveau cycle ne s’abatte. Voilà pour ce qui est du fil rouge qui nous sera rapidement jeté devant les yeux au lancement d’un nouveau pèlerinage. Blasphemous 2 ne vole pas son nom et ancre une nouvelle fois son récit et son univers dans un monde fantastique aux inspirations mythologiques et religieuses évidentes. La religion, pervertie, est d’ailleurs une nouvelle fois le sang, le cœur et l’esprit de ce monde et les développeurs ont encore réussi à créer à la fois le malaise et la fascination.

L’univers de Blasphemous 2 est toujours aussi cryptique, bien qu’il se dévoile davantage au travers de jolies cinématiques animées et quelques dialogues avec des PNJ censés nous guider. Notre héros, le Pénitent, coincé dans un cycle de vie, de mort et de résurrection éternelle, reste toujours muet et affublé d’un immense casque conique, symbole de son pèlerinage et plus encore. Bien qu’il se réveille d’un long sommeil, ce dernier n’a pas perdu la main lorsqu’il s’agit d'user d'armes et de magie pour décimer les entités perverties qui lui barrent la route. Sa mission, sacrée autant qu’elle puisse être, est de mettre à mort le rejeton du Miracle qui pousse dans les cieux. Une tâche difficile qui nous obligera à trouver et affronter des boss sanguinaires afin de faire plier les statues titanesques qui portent la ville et le fardeau de la fin des temps. Blasphemous 2 est un titre particulièrement difficile qui, en plus de son aspect metroidvania qui nous pousse à l’exploration et au voyage sur fond d'allers-retours, repose sur des mécaniques souls-like bien connues désormais. On avance, on essaie, on meurt, on revient à la vie, et ainsi de suite.

Blasphemous 2
Les cinématiques animées sont vraiment belles

Un voyage douloureux

Le die & retry, un cycle de gameplay qui prend ici une dimension carrément religieuse puisqu'elle est excusée par la trame. Mais dans le fond, on connaît la chanson. À notre mort, on laisse derrière nous une marque qu'il faudra aller ramasser pour récupérer la vie et l'expérience perdues au combat. La subtilité est qu'ici, Blasphemous 2 punit la mort plus qu'il ne s'en sert pour apprendre au joueur à évoluer. Mourir fait en effet réduire définitivement notre jauge de magie. De plus, chaque décès (comme chacun de nos actes meurtriers) remplit un réceptacle rendant les gains d'expérience et de ressources plus importants, tout en augmentant la difficulté. Il sera possible de laver ses péchés auprès d'un certain PNJ assez rapidement dans le jeu afin de tout remettre dans l'ordre, mais parfois, la prise de risque vaut le coup. C'est à vous de voir.

Mais même sans cette mécanique, Blasphemous serait un jeu assez difficile, bien qu'il ne soit pas insurmontable pour autant qu'on se le dise bien. Les ennemis, dont beaucoup d'entre eux sont déjà connus du premier épisode, ne rigolent pas. Chacun d’entre eux, aussi faible d'apparence soit-il, est une menace potentielle. Certains peuvent même vous tuer en quelques coups sans vous laisser une chance de vous défendre pour peu que vous preniez le mauvais premier coup dans la tronche. C'est peut-être voulu, mais c'est aussi parfois frustrant. Mais ça, ceux qui ont fait le premier épisode le savent très bien, Blasphemous s'en cogne et n'est pas vraiment là pour vous prendre par la main.

Excomunicationis... on vois souvent cet écran en jouant. L'écran de mort.

Et le bestiaire vous le fera rapidement savoir. Les créatures sont très nombreuses, variées, et pullulent absolument partout. On n'a que très peu de répit finalement, et lorsqu'une salle est vide c'est soit qu'un piège ou une embuscade y est planqué, soit que la pièce suivante va vous plier en quatre. On ne se plaindra pas, on est là pour ça, et affronter des hordes de monstruosités de la sorte fait partie du job de Pénitent finalement. D'autant qu'il est plutôt agréable d'affronter la marmaille. Non seulement ils sont plutôt stylés, même si, comme dit plus haut, beaucoup d'ennemis se trouvaient déjà dans le premier opus et/ou les DLC.

Les boss et les mid-boss ne sont pas en reste d'ailleurs. Souvent très inspirés, les combats sont généralement intenses et prenants, à quelques exceptions près, et vous risquez de vous y reprendre à plusieurs reprises bien souvent. Comme dans le premier opus, les développeurs ont mis la barre très haut en termes de character design. Mais s'ils sont classes, les boss sont aussi très retors pour la plupart et les coups ne pardonnent pas. Il faudra faire preuve de sang-froid, même s'il n'y a rien d'insurmontable. Les patterns ont le mérite d'être pour la plupart très lisibles et l'apprentissage se fait sans avoir besoin de se casser la tête à réfléchir à 200 stratégies. Blasphemous est difficile, oui, mais clairement pas invivable pour autant. En plus, il a le mérite de reposer sur un système de combat basique (à quelques touches) mais efficace et surtout, la montée en puissance est bien fichue.

Blasphemous 2

Le Penitent souffre plus que jamais dans Blasphemous 2

Le Pénitent que nous sommes aura accès à plusieurs armes et ne pourra en choisir qu'une quelle en début de partie. Cette dernière pourra d'ailleurs influencer le déroulement de notre pèlerinage puisque les capacités de l'arme possédons nous serviront à déverrouiller des chemins. Par exemple, le fléau, lent mais très puissant, pourra faire sonner des cloches ouvrant des passages et faisant apparaître des plateformes là. L'épée quant à elle, polyvalente et permettant de parer les coups, nous offrira l'opportunité de détruire les ronces. Le choix initial de l'armement influencera donc autant votre manière d'aborder les premiers combats que le début de votre voyage.

En combat, chaque arme a son style de jeu. Coups rapides, parade, portée… à vous de trouver votre style de jeu. Si l'arsenal ne comprend qu'une poignée d'armes différentes, leur gameplay est suffisamment différent pour suffire, d'autant plus qu'un arbre de compétences viendra optimiser votre style de jeu avec chacune d'elles. Il suffira simplement de gagner de l'expérience pour dépenser des points afin de mettre la main sur des capacités passives ou actives pouvant drastiquement modifier vos approches. Le fléau par exemple, mon arme de prédilection durant ce test, peut s'enflammer pour faire des dégâts supplémentaires moyennant de la foi (l'équivalent du mana). Il pourra aussi asséner de très puissants coups chargés, briser les défenses, etc.

Malaise et fascination...

À cet arsenal s'ajoute un peu de magie, des chants et des odes que l'on pourra équiper à la volée après les avoir glanés en explorant ou auprès des marchands. Très divers, ces sorts peuvent aussi bien infliger des dégâts qu'entraver vos adversaires ou même vous soigner, vous défendre. Enfin, côté statistiques, s'il n'y a aucune gestion d'équipement traditionnelle, vous pourrez vous équiper d'effigies. Ces petites statuettes peuvent se trouver ici aussi sur le terrain ou auprès d'un sculpteur à qui l'on donnera des objets afin d'avoir des nouveautés toujours plus puissantes. Les effigies permettent de gagner des statistiques utiles (dégâts supplémentaires, résistance, gain de ressources…) et peuvent être changées comme bon vous semble.

On dénombre également de nombreux PNJ capables de fournir des services plus ou moins utiles. Il sera toutefois ici de votre devoir de découvrir à quoi ils servent. Déjà parce que je n'ai pas envie de vous spoiler, mais aussi parce que même en ayant terminé le jeu après une vingtaine d'heures de dur labeur, il me reste encore des choses à découvrir. Alors faites de même, expérimentez, explorez et découvrez. C'est aussi ça l'essence de Blasphemous 2.

Blasphemous 2
Des PNJ qui semblent être sortis de fresques religieuses

Blasphemous 2 est à se damner

Le jeu épouse d'ailleurs ici totalement ses inspirations de Metroidvania et Souls-like. Blasphemous 2 est non linéaire et en monde (presque) ouvert. Vous pouvez aller où bon vous semble d'entrée de jeu. Seul votre équipement vous empêchera d'atteindre certaines zones au départ et, comme expliqué, le début de votre voyage dépendra non seulement de la direction que vous prendrez, mais aussi de la première arme que vous choisirez. Il n'y a donc pas de bonne ou de mauvaise solution pour explorer le vaste monde labyrinthique qui se donne à vous. Il n'y a finalement qu'un pèlerinage qui vous fera suer sang et eau. Et c'est une excellente chose qui, en prime, offrira un peu de rejouabilité pour les fans les plus hardcore qui auraient envie de retenter l'aventure après les crédits. Chose finalement assez rare dans les jeux de genre qui, généralement, ont un tracé bien dessiné avec un ordre préétabli d'objets et de compétences à déverrouiller pour avancer dans la bonne direction.

Là-dessus, Blasphemous 2 fait un joli travail, et on aime s'y perdre. La direction artistique est toujours aussi savoureuse et le pixel art ultra maîtrisé. Le studio sait y faire pour créer des univers torturés, gore, malaisants et fascinants à la fois. Le monde de Blasphemous 2 fait plus fort que le premier opus avec des environnements plus fins, plus détaillés, malgré quelques redites ici et là que pourront surtout ressentir les joueurs ayant déjà poncé l'opus précédent et les DLC de ce dernier. Mais qu'à cela ne tienne, le voyage vaut le détour, et la carte du monde donne le tournis. Heureusement, la mini-map est suffisamment claire pour vous permettre de vous repérer efficacement, mais se perdre reste tout de même facile.

Si les biomes sont variés et très différents, au sein d'un même environnement, les arrière-plans et la direction artistique souvent très détaillée n'aident pas vraiment à se créer des points de repère clairs.
Toutefois, les développeurs ont conçu leur monde de manière suffisamment intelligente pour permettre aux joueurs de déverrouiller un grand nombre de chemins de traverse. On aura donc vite fait de se créer des raccourcis utiles. Bien entendu, Blasphemous 2 cache une très grande quantité de secrets et de passages dérobés menant, bien souvent, à des récompenses juteuses. Passages secrets, murs cachés, énigmes… il coche toutes les cases.
Impossible de conclure le test sans faire mention de l'OST, tout aussi savoureuse que celle du premier opus. On est sur quelque chose d'encore une fois particulièrement sombre, avec des notes tantôt épiques, tantôt métal, tantôt funestes, mais c'est toujours un régal.