A défaut d'être follement original, Battle Worlds : Kronos joue la carte de la sécurité, autant sur la forme que sur le fond. Jugez plutôt : propulsé à la tête d'une armée au beau milieu d'un conflit futuriste, il va falloir jouer des coudes avec ses machines blindées pour ne pas se laisser marcher sur les chenilles. Le système de jeu est basé sur le tour par tour le plus élémentaire qui soit : il faut déployer ses unités sur le champ de bataille avec un système de déplacement "par case", qui s'apparente à tout ce que l'on a déjà pu rencontrer dans le genre, de Shining Force (Megadrive) au récent Ace Patrol de Sid Meier (iPad).

Brainstorming

Comme à l'accoutumée, chaque unité a des caractéristiques qui lui sont propres : les jeeps sont autorisées à se déplacer rapidement mais sont fragiles, les tanks ont une bonne puissance de feu tout en étant assez lents, l'artillerie arrose tout le monde de loin mais n'est pas destinée à être mobile... bref, vous connaissez la chanson. Et croyez-moi, ici plus qu'ailleurs, il faudra sérieusement tenir compte de tous ces facteurs avec attention, sous peine de voir notre armée fondre aussi vite qu'un glaçon posé au milieu du rub' al khali en plein mois d'août. En effet, l'I.A est coriace et à défaut d'être dotée d'une subtilité sans borne, elle est agressive et réactive. Du côté des maps, elles sont relativement grandes, mais malheureusement les décors ne m'ont pas paru franchement variés. En revanche, il est appréciable d'avoir souvent accès au triptyque "batailles navales/aériennes/terrestres" sur un seul et même théâtre d'affrontements. Après plusieurs parties, on constate d'ailleurs que le système de combats et l'équilibrage général fonctionnent plutôt bien. Tour par tour oblige, la progression est principalement constituée d'avancées prudentes vers l'ennemi en calculant savamment le déplacement de ses unités, pour ne pas laisser l'avantage à l'adversaire. Une fois au contact, les batailles sont cohérentes et nous obligent à faire réellement appel à nos fonctions cérébrales (ce qui risque d'en déstabiliser plus d'un par les temps qui courent).

Kronos Trigger

En termes de contenu, le titre propose une campagne scénarisée, des batailles solo et un mode multijoueur en ligne ou en hot-seat. Laissons de côté le scénario, qui a visiblement été écrit à la hâte sur un coin de table après un dîner un peu trop riche en champignons hallucinogènes, pour parler directement de l'aspect technique. Voyez-vous, si je faisais allusion tout à l'heure au légendaire Shining Force, ce n'était pas seulement parce que Battle Worlds : Kronos partage vaguement le même système de tour par tour. C'est aussi parce qu'ils ont le même niveau technique. Ne vous fiez pas trop aux captures d'écran qui sont parfois assez flatteuses et encore moins aux vidéos qui sont à la limite du montage éhonté. Non, d'un point de vue purement graphique et quand on voit bouger tout ça sur un écran de grande taille, je peux vous assurer que ça ne vole pas bien haut. Aucun effort n'a été fourni pour détailler les unités, leur design a été probablement conçu par un élève de grande section de maternelle et les décors sont aussi travaillés que ceux d'un épisode des Teletubbies. Donc si vous n'avez aucune difficulté pour faire tourner un émulateur de machines 8 ou 16 bits, vous devriez pouvoir profiter de Battle Worlds : Kronos toutes options à fond, avec une bécane de ce genre. Et si vous avez l'habitude de jouer avec une machine next-next gen comme celle-là, venez pleurer avec moi en constatant que vous l'exploitez à environ 0,05 % de ses capacités. Mais évidemment, quand on aime les jeux de stratégie au tour par tour, l'aspect visuel n'est pas le plus important. Quoiqu'il en soit, et même si j'ai trouvé l'ensemble un peu répétitif à la longue, Battle Worlds : Kronos reste loin d'être désagréable, surtout grâce à ses batailles techniques et exigeantes. Et finalement, c'est l'essentiel.