Depuis quelques années, les cozy farming simulator fleurissent de toutes parts : Stardew Valley, Fae Farm, Coral Island… chacun tente de tirer son épingle du jeu dans un champ déjà bien labouré. Mais la licence historique qui a vraiment inspiré toutes les suivantes n’a pas dit son dernier mot. Avec Grand Bazaar, Story of Seasons revient en proposant un remake qui se vend comme une nouvelle aventure venue pour renouveler l’expérience. Pari réussi ? Voici notre verdict !

Embarquez pour une vie paisible à la ferme

L’aventure dans Story of Seasons Grand Bazaar commence alors qu’on répond à une petite annonce : la bourgade de Zephyria cherche quelqu’un pour reprendre la ferme du village. Après avoir créé notre personnage via une interface de personnalisation simple mais à efficace, semblable à celle de Pioneers of Olive Town, nous voilà propulsés à la tête d’une exploitation en friche, avec un terrain à cultiver, une étable à remplir et surtout un objectif : aider le marché local à retrouver sa gloire d’antan. Chaque samedi, à vous de jouer pour remplir les étals de votre stand avec vos propres produits pour faire vivre le fameux bazar.

Story of Seasons Grand Bazaar : Personnalisation.
© AUR pour Gameblog.

Le pitch de départ est ce qu’il y a de plus classique pour un simulateur cosy de vie à la ferme. Mais ce Story of Seasons assume ce cadre pour mieux développer ses forces : travail bien fait, entraide locale et ambiance légère. En somme, une atmosphère bucolique et reposante, parfaite pour décrocher, notamment à l’approche de la rentrée !

Aussi, comme on s’y attend, la vie à Zephyria dépasse le cadre de l’exploitation agricole. Pêche, entomologie, cueillette, bûcheronnage, minage… les activités ne manquent pas. Ajoutez à cela les concours, festivals et autres événements saisonniers qui feront passer vos premières années in-game à toute allure. D’autant qu’on se plaît à vivre au fil des saisons, changeant à chaque mois pour laisser place à de nouvelles variétés d’insectes, de poissons et de plantes. Cela vaut aussi pour l’atmosphère qui évolue, de la fraîcheur printanière au soleil tapant de l’été, et ainsi de suite…!

Mais l’environnement n’est pas la seule chose qui éveille la curiosité dans Story of Seasons Grand Bazaar. S’il n’a pas un véritable scénario façon  Rune Factory ou Fantasy Life i, le jeu suit un fil rouge : développer le bazar, attirer de nouveaux habitants, débloquer des outils et décupler globalement toutes nos possibilités. Ainsi, en prenant part au marché du samedi et voyant les nouveaux contenus se succéder, on se sent utile à la communauté tout en découvrant l’histoire de l’ancienne gérante de l’exploitation agricole ainsi que des voisins.

Très accueillants, ces derniers font aussi partie du quotidien de la vie de fermier à Zephyria. Non seulement ils sollicitent régulièrement notre aide pour de petites quêtes - qui consistent généralement à fournir une quantité d’un produit précis - mais certains sont aussi prêts à mettre la main à la pâte au bazar. C’est pourquoi il est d’autant plus intéressant d’aller à leur rencontre, surtout que chacun se dévoile petit à petit, dans ses bons côtés comme dans ses travers. Cette profondeur, un peu plus prononcée que dans le très lisse Story of Seasons Pioneers of Olive Town, rend les habitants du village plus sincères et attachants.

D’ailleurs, qui sait ? L’un d’eux pourrait vous taper dans l’œil. Même s’il faut reconnaître que l’aspect romantique de Story of Seasons Grand Bazaar est très secondaire, il a le mérite d’être présent. Disons simplement que la galerie de prétendants manque de personnalité pour que tout le monde s’y intéresse. On notera au moins que, à l’instar du remake A Wonderful Life de 2023, celui-ci donne la possibilité d’entamer une relation avec   un personnage du même genre que le vôtre. C’est le type de modernisation d’une fonctionnalité phare de la licence qui fait toujours plaisir à voir, et ce n’est pas la seule.

Un vent de fraîcheur pour Story of Seasons

C’est étonnant de se dire que Story of Seasons Grand Bazaar est un remake d’un jeu qui a déjà 13 ans alors qu’il semble renouveler largement la formule. De fait, cette réitération offre une approche assez différente de la gestion de ferme. Là où certains veulent une expérience intensive, comme c’est possible dans Stardew Valley ou même dans Pioneers of Olive Town, le rythme est ici plus doux, laissant davantage de respiration dans notre routine.

Story of Seasons Grand Bazaar : Carte de la région de Zéphyria.
© AUR pour Gameblog.

D’abord, la carte de Zephyria est relativement restreinte, constituée de plusieurs zones, dont certaines à découvrir après un certain temps (et en faisant preuve de curiosité !). Compte tenu de la taille, on connaît vite les espaces par cœur et on les parcourt d’autant plus facilement qu’ils regorgent de raccourcis et qu’on dispose maintenant d’une sorte de paravoile pour se déplacer en planant, tel Link dans Zelda Breath of the Wild. C’est non seulement satisfaisant comme mécanique, mais aussi très (très) pratique !

Tout cela a aussi pour avantage de faciliter le « foraging », soit la fouille et la recherche de ressources, comme le bois et les minerais. On a également tout le loisir de chercher les insectes et de pêcher. Seul regret, que nous n’ayons toujours pas d’encyclopédies pour nos prises, à l’instar d’un Animal Crossing, un manque récurrent dans les Story of Seasons. Mais, même si cela représente une part importante dans votre aventure, la vie à la ferme reste le cœur du jeu.

De la ferme au bazar, une nouvelle chaîne de production

Le quotidien à Zephyria se construit dans un premier temps autour de l’entretien de la ferme. L’exploitation commence petit : une parcelle de terre délimitée, qui sera augmentée au fil des améliorations. Ça risque d’être une frustration pour celles et ceux qui aiment nettoyer la carte des mauvaises herbes et autres encombrants afin de dessiner leur propre espace agraire. Mais c’est un compromis assumé pour ce Story of Seasons qui mise plus sur le confort qu’un rendement frénétique. Au passage, on applaudira l'ergonomie console, pensée pour que toutes les actions puissent être accomplies facilement et instinctivement d'une touche, ce qui n'est pas toujours bien réussis pour d'autrs jeux du genre !

Story of Seasons Grand Bazaar : Plantations.
© AUR pour Gameblog.

Dans cette logique, les infrastructures pour transformer vos produits se résument, comme en 2008, à des moulins dispersés entre la ferme et le village. Voilà qui est vraiment charmant et plus accessible qu’une multiplicité d’outils. Chacun permet de crafter des ressources différentes (engrais, bois, laine, farine…) et de valeurs plus importantes au fil de ceux que vous débloquez. En revanche, c’est contraignant de naviguer de l’un à l’autre. Il vaut mieux retenir ce qu’on peut tirer de chacun pour éviter les allers-retours inutiles.

Enfin, n’oublions pas tout ce qui touche à l’élevage ! Poules, vaches, moutons… à vous de remplir votre étable selon à votre convenance pour obtenir de nouvelles ressources. Les animaux de compagnie, chats et chiens en particulier, prennent aussi une place plus importante grâce au dressage. Il y a comme une petite réminiscence de Nintendogs dans l’air et ce n’est pas pour déplaire ! Cependant, vous ne pourrez pas non plus les acheter à la chaîne, puisqu’il n’y a pas de boutique ouverte au quotidien pour adopter. À la place, il faut attendre le marché du samedi pour trouver votre bonheur. C’est là qu’on se rend bien compte que la façon de penser sa gestion va vraiment changer des opus habituels de la licence et même des autres représentants du genre.

Cela nous conduit donc à la grande « nouveauté » (si on peut le dire ainsi pour un remake) de ce Story of Seasons : le bazar ! C’est le point d’orgue de la semaine, venant concrétiser vos efforts des jours précédents en vous permettant de récolter le fruit de votre travail. La vente s’y présente comme un mini-jeu : on dépose les produits sur un étal (ou plusieurs quand le stand s’étend) et on tâche d’attirer le chaland d’un coup de cloche. Plus on vend, plus on peut débloquer de bonus pour faire rentrer davantage d’or dans la caisse.

Il y a un côté très fun à cela qui ajoute un peu d’action. En outre, cette séquence peut se dérouler en deux temps, avec une pause entre le matin et l’après-midi. C’est assez pratique pour remplir à nouveau son stock et, surtout, faire des achats aux autres stands, notamment pour des améliorations inaccessibles à d’autres moments. Le samedi est donc vraiment le point culminant de chaque semaine qui vient cadrer notre activité globale pour des week-ends en apothéose !

Story of Seasons Grand Bazaar : Mini-jeu de vente au marché.
© AUR pour Gameblog.

Un Grand Bazaar joliment réalisé

Ce Story of Seasons Grand Bazaar propose une véritable refonte graphique par rapport à la version DS de 2008. Le remake entame une vraie transition pour la licence à l’occasion de cette sortie simultanée sur PC, la première Switch et, surtout, la Nintendo Switch 2. On garde l’aspect mignon et arrondi des personnages et des animaux, mais le monde autour prend de la hauteur. Les personnages sont de plus grande taille et l’environnement paraît plus vaste tout en se garnissant de détails plus nombreux. L’ensemble est vraiment réussi pour une meilleure immersion dans un univers bien plus vivant.

Plus encore, les cinématiques prennent davantage de liberté pour des scènes proposant une mise en scène plus travaillée. Même si les animations des personnages en eux-mêmes restent datées, c’est un renouveau qui rend l’aventure plus vivante. En ce sens, on ne peut qu’apprécier le doublage complet de ces cinématiques, en japonais et en anglais. On ne s’étonnera pas de ne pas entendre de français, mais les deux langues qu’on retrouve traditionnellement sur ce type de jeux sont présentes. En plus, le casting est vraiment enjoué, donnant un ton qui sied parfaitement à cet univers coloré et animé.

Et il n’y a pas qu’avec son doublage que le jeu vient nous caresser les oreilles. Ce Story of Seasons laisse entendre encore plus de bruitages dans ses environnements. Le son des insectes, de l’eau, du vent… Tout est pensé pour être immersif. Il propose en plus une bande son orchestrale qui colle là aussi à l’ADN reposant du jeu. Elle manque cela dit de personnalité face à d’autres jeux cosy, Animal Crossing New Horizons et Stardew Valley en tête. C’est le genre d’élément qui conduit à penser que la licence a encore une carte à jouer pour redevenir un incontournable comme elle a pu l’être sous l’ère Harvest Moon.

Enfin, bien que nous ayons testé Story of Seasons Grand Bazaar sur la première Nintendo Switch, nous n’avons pas constaté de problème de performance important. Sur plusieurs dizaines d’heures de jeu, nous avons remarqué une animation qui ne fonctionnait pas, un PNJ glissant sur des escaliers au lieu de marcher, et de légères baisses de framerate lors de cinématiques qui servent à présenter un décor. On peut aussi noter des temps de chargement un peu longs au lancement, mais c’est tout. Autrement, le jeu tourne très bien, même s’il ne propose évidemment pas la même fluidité que sur PC ou même sur Switch 2. On peut le dire, c’est une version bien optimisée que proposent là les équipes de Marvelous.