Oyez, oyez, gentes dames et damoiseaux ! Par la présente et la grâce de Warhorse Studios, demain marque, sept ans après le premier opus et moult péripéties, la sortie tant attendue de Kingdom Come Deliverance 2. Nous sommes retournés en selle avant l’heure en compagnie d’Henry, pour voir quelles nouvelles aventures nous attendent dans la Bohême du 15ème siècle. Ce nouveau jeu peut-il revendiquer le trône du roi des RPG médiévaux ? Préparez votre armure, votre épée et votre plus beau destrier pour découvrir tout cela à travers notre test de sa version PC.
Pour la petite histoire, Kingdom Come Deliverance 2 aurait dû sortir courant 2024, mais fut reporté au 11 février 2025. L’été dernier, nous avons eu la chance de découvrir un premier bref aperçu du jeu dans sa terre natale. Ce que nous y avions vu nous avait plutôt convaincu, mais le studio tchèque avait besoin de plus de temps pour peaufiner la suite de sa véritable simulation de vie au Moyen-Âge. Ce dur labeur a visiblement payé, puisque le titre a finalement fixé sa date de sortie avec une semaine d’avance : le 4 février. Après nos impressions le mois dernier sur la première dizaine d’heures de jeu, il est donc temps pour nous de rendre notre verdict final pour ce RPG médiéval assez unique en son genre, mais en même temps (un peu trop ?) familier.
« Je me présente, je m’appelle Henry (de Skalice) »
Même si sept ans séparent Kingdom Come Deliverance 2 du premier opus, son histoire reprend finalement à peine quelques mois après la précédente épopée de ce cher Henry de Skalice. Il convient d’ailleurs de signaler aux néophytes de la licence qu’il n’est absolument pas obligatoire d’avoir joué au premier jeu pour apprécier sa suite. Dès son prologue, celle-ci vient succinctement résumer les péripéties de notre protagoniste, et le prépare comme il se doit aux folles aventures qui l’attendent. En l’occurrence, anciens comme nouveaux joueurs sont logés à la même enseigne, puisqu’elles nous emmènent dans une toute nouvelle région de la Bohême du 15ème siècle, plus précisément en 1403. Kingdom Come Deliverance 2 nous raconte ainsi une histoire originale s’inscrivant dans une période historique ayant vraiment existé. À cette époque, le pays était en effet en proie à une guerre opposant le roi Venceslas et son demi-frère Sigismond de Hongrie, qui usurpe alors son trône depuis la cité de Kuttenberg (aujourd’hui appelée Kutna Hora). Henry et son noble ami Hans Capon sont alors chargés de se rendre à Trosky pour entamer des négociations avec le seigneur de la région, afin d’essayer de le rallier à la cause du souverain légitime de la Bohême.

Bien malheureusement, les choses ne vont pas exactement se passer comme prévu pour eux. Peu après être arrivés, notre protagoniste et son escorte sont attaqués par des bandits. Seuls Henry et Hans parviennent à s’en sortir à peine vivants, mais dépourvus de leurs biens. Les voilà donc dans de très sales draps, dans une région qu’ils ne connaissent pas, endimanchés comme les plus pouilleux des vagabonds. Comment Diable vont-ils pouvoir se sortir de ce guêpier et accomplir leur mission ? Nous allons vous laisser le plaisir de le découvrir. Sachez en tout cas qu’il s’agit, selon nous, clairement de l’une des plus grandes de Kingdom Come Deliverance 2. Le titre nous régale en effet d’une écriture de qualité, toute en nuances. Dans ce monde médiéval en guerre, les apparences sont souvent trompeuses, et les retournements de situation nombreux. Aux commandes d’Henry, nous avons vécu un périple passionnant, qui nous tient toujours en haleine en alternant avec un certain brio les moments de bravoure, de burlesque, de drame et d’intrigues politiques.

Le titre compte à cet effet tout un tas de personnages hauts en couleur, avec leurs propres caractères et objectifs que l’on a pris grand plaisir à découvrir. Mention spéciale sur ce point à Cabot, notre fidèle chien introduit dans le premier opus par un DLC. Celui-ci s’est montré d’une aide inestimable dans bien des aspects du jeu, tout en apportant une légèreté canine bienvenue. Le tout est par ailleurs porté par un casting vocal de grande qualité… en version anglaise. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant du doublage français, particulièrement inégal. À tel point que de nombreux passages du jeu doivent être réenregistrés dans les semaines à venir. Il est donc préférable d’attendre un peu si vous ne jurez que par les voix françaises.

Kingdom Come Deliverance 2 nous plonge en tout cas admirablement bien dans sa fiction moyenâgeuse historiquement aussi fidèle que possible. Même si les querelles seigneuriales dépassent souvent notre héros, nos nombreux choix auront définitivement des répercussions plus ou moins importantes. Ceux-ci pourront grandement influencer notre progression immédiate, mais également future. Accomplir des quêtes secondaires peut également impacter le reste du jeu. Le tout apparaît donc vraiment cohérent et bien construit. Warhorse Studios a clairement vu les choses en très grand pour son nouveau jeu, et cela se ressent de manière remarquable s’agissant de sa narration. Arriver au fin mot de l’histoire nous a en tout cas pris un peu moins de 70 heures, en faisant quelques quêtes annexes à côté. Si vous envisagez faire tout le tour de ce que ce généreux titre vous propose, comptez aisément le double. Clairement, nous avons là droit à un gigantesque chantier moyenâgeux qui risque de vous happer longtemps dans son univers, avec une relative rejouabilité selon votre manière de jouer ou vos choix.

Kingdom Come Deliverance 2 ne réinvente pas la roue au Moyen-Âge
Non content de nous narrer une aventure passionnante sur fond de véritables événements historiques, Kingdom Come Deliverance 2 se fait également un point d’honneur à nous proposer un mélange entre RPG et simulation de vie au Moyen Âge. On s’en rend compte dès le début, alors qu’Henry se trouve dans une région totalement inconnue, avec rien d’autre sur le dos que des habits de vagabond sentant le purin. Notre héros va donc devoir se remonter les manches et se faire un nom pour espérer accomplir sa mission. Notre priorité est avant tout de bien s’équiper et d’amasser quelques pièces. Même au 15ème siècle, l’argent est roi. Mais cette première étape risque d’être bien plus difficile qu’escompté. Comme sur son aîné, les premières heures de jeu vont en effet être particulièrement rudes. Henry se remet à peine d’une handicapante blessure et doit recouvrer ses forces. Cela prend la forme d’un système de progression s’inspirant de la série The Elder Scrolls, mais dans un format plus « réaliste ». La moindre activité nous permettra de développer divers attributs et compétences correspondants comme l’endurance, le combat ou encore l’éloquence. La chose était déjà présente dans le premier opus, mais se trouve ici plus touffue et heureusement mieux peaufinée.

Sur le papier, la mécanique se montre très satisfaisante et on voit bien progresser notre personnage à vue d’œil. Ses premiers pas seront en revanche semés d’embûches, notamment s’agissant de combats diablement difficiles au début, même face à de vulgaires bandits. On risque de passer l’arme à gauche beaucoup trop souvent, ou ressortir d’un affrontement grièvement blessé. Perdre de la santé diminue en conséquence notre endurance, indispensable pour attaquer et infliger des dégâts. Généralement, le moindre coup pris est donc pratiquement synonyme de fin de la partie. Aspect survie oblige, si on ressort malgré tout vivant d’un combat, il faudra alors endiguer les saignements avec des bandages, prendre des potions en fonction de nos maux, et nous reposer.

L’aspect « réalisme historique » propre au jeu implique par ailleurs un gameplay « lourd », déjà présent chez son grand-frère, et qui n’a quant à lui malheureusement été que peu amélioré dans Kingdom Come Deliverance 2. Henry se montre en effet assez rigide dans ses déplacements, et tout particulièrement lorsqu’il porte une armure complète. On sent donc bien qu’on incarne un être humain tout ce qu’il y a de plus normal. Cependant, à force d’entraînement et en s’équipant correctement, notre héros deviendra beaucoup plus efficace dans les compétences qu’il pratique régulièrement.
Peut-être même un peu trop. La difficulté en apparence très élevée des premières heures va à la longue totalement disparaître, et le jeu devenir beaucoup trop facile. Ce même contre les « boss » ou dans les nombreuses batailles épiques à grande échelle propre au Moyen-Âge, où nous allons sans presque y réfléchir massacrer des dizaines d’adversaires à tour de bras. Un tel manque d’équilibrage était hélas également présent dans le précédent titre, et on aurait aimé quelques améliorations à ce niveau. On appréciera cependant la présence d’un large arsenal d’armes historiquement fidèles à l’époque : épées courtes et longues, sabres, masses, lances, hallebardes, arcs, arbalètes, et même les tous premiers prototypes d’armes à feu. Ne vous attendez cependant pas à jouer avec comme dans un Call of Duty, ou vous risquez de vite déchanter.

Même constat s’agissant d’un gameplay plus orienté « roublard ». Nous risquons au début de beaucoup nous faire attraper par les gardes, tant l’IA semble omnisciente quand on veut voler son prochain. Avec un peu d’acharnement, on passe cependant de voleur très maladroit à un véritable fantôme. Sauf que la « lourdeur » de notre personnage se ressent encore du fait qu’on ne peut escalader que quelques éléments bien définis du décor. L’aspect infiltration du jeu en prend donc un sérieux coup, ce qui nous a causé bien des désagréments dans certains passages, notamment dans la progression de l’histoire principale.
Profitons-en pour aborder deux autres éléments qui nous ont pas mal ennuyés sur Kingdom Come Deliverance 2. À commencer par le système de sauvegarde, qui se montre assez perfectible, surtout au début du jeu. Pour encore accentuer l’aspect « réaliste » du titre, il n’est possible d’enregistrer sa progression qu’en dormant dans un lit nous appartenant ou loué, ou bien en consommant un « Schnaps du sauveur ». Sauf que, dans les premières heures, il est difficile d’avoir assez d’argent pour faire une réserve de tels consommables, ou de prendre une chambre à l’auberge. D’autant que dormir augmente notre faim, mais fait aussi dépérir notre nourriture, et ainsi de suite. La seule parade à tout cela est alors de sauvegarder en quittant le jeu, les sauvegardes rapides n’existant pas. Il est donc au départ assez frustrant de devoir systématiquement relancer sa partie si l’on n’a pas sous la main la fameuse potion magique ou une paillasse pour enregistrer sa progression. Une fois encore, les choses s’améliorent heureusement au fil du temps… ce qui n’est cependant pas le cas de notre autre gros grief avec le jeu.

Comme dans de nombreux RPG ou titres avec une composante « simulation » Kingdom Come Deliverance 2 fait les frais d’un système d’inventaire avec un poids limité, en fonction de la force d’Henry, et plus tard de celle de son cheval et de la capacité de sa selle. Étant donné qu'il est important d’avoir beaucoup d’argent pour mieux s’équiper ou pour réparer nos affaires, on a alors tendance à prendre tout ce qui nous passe sous la main pour le vendre plus tard. Sauf qu’on se retrouve rapidement surchargé, donc incapable de courir ou d’effectuer un voyage rapide. De surcroît, les commerçants n’ont jamais assez de monnaie pour tout nous acheter. Il faut alors faire le tour des boutiques environnantes pour vider notre sac. La chose est d’autant plus problématique que les seules armes et armures/tenues que nous portons sur nous occupent généralement la moitié voire plus de notre capacité d’inventaire. Gérer tout cela prend du temps très superflu, et ce de manière assez pénible, surtout lorsqu’il s’agit de transférer les objets de notre sac à celui de notre cheval, ou inversement.
Vis ma vie de bohémien médiéval
Kingdom Come Deliverance 2 peut de prime abord décourager son prochain en raison de cette lourdeur, par souci de réalisme, et un Henry très faible au début du jeu, choses qu’on aurait aimé mieux peaufinées par rapport au premier opus. Il serait toutefois dommage de s’arrêter à cette apparente barrière, tant l’univers moyenâgeux qu’il nous propose est fascinant à explorer. Comme sa narration et la gestion de son personnage, celui-ci se veut le plus fidèle possible à la réalité historique de l’époque qu’il dépeint. Le sentiment d’immersion dans cette Bohême du 15ème siècle est certainement l’une des plus grandes forces du jeu, avec une ambiance médiévale impressionnante de crédibilité.
D’autant que Kingdom Come Deliverance 2 se montre plutôt solide d’un point de vue artistique comme technique. Le premier jeu avait en effet souffert à son lancement de nombreux bugs et problèmes d’optimisation. De notre expérience sur une configuration comptant une RTX 4080 SUPER, un Ryzen 7 7800X3d et 32 Go de RAM, sa suite tournait de manière globalement très fluide, mis à part quelques chutes de framerate dans les cinématiques ou batailles intenses, avec tous les paramètres en Élevé. Même si nous avons relevé quelques bugs de textures ou d’animations heureusement pas très méchants, l’aventure s’est globalement plutôt bien déroulée, sans interruption en raison d’un quelconque couac technique. Une prouesse qui mérite d’être saluée, tant l’ensemble se montre complexe dans sa construction. À noter qu’il existait dans notre version de test un cran graphique au-dessus, baptisé Expérimental, mais qui rendait le tout bien moins stable, sans changements visuels particulièrement flagrants. Concernant les autres paramètres graphiques, on saluera la présence des technologies d’upscaling usuelles comme le DLSS, le FSR, ou encore le Frame Generation.

Le titre nous présente ainsi de bien jolis décors, avec un énorme souci du détail et de reproduction de ce à quoi la Bohême ressemblait au 15ème siècle. Il peut pour cela remercier le fameux moteur Cry Engine. La plupart des textures se montrent ainsi tout à fait crédibles, malgré quelques éléments comme des brins d’herbe rendus en 2D pour ne pas surcharger nos PC/consoles. Sans parler d’une claque graphique, ce second opus se montre donc tant visuellement que techniquement bien plus solide que son aîné, et c’est tout à son honneur. On apprécie également l’absence totale de temps de chargement sur un monde ouvert pourtant très vaste. Mention spéciale enfin à la bande-son du jeu, absolument magique pour accompagner nos balades à pied ou à cheval comme les passages les plus comiques ou dramatiques.
En-dehors de la mission principale d’Henry aux grands enjeux politiques, Kingdom Come Deliverance 2 nous abreuve de différentes activités propres à l’époque pour nous faire se sentir comme un véritable habitant de ce monde médiéval. Alchimie, chasse du gibier à l’arc, forge et autres courses de chevaux sont légion. Le tout se montre particulièrement fidèle à ce qui se faisait à l’époque. On pense notamment à l’activité de forgeron et à la préparation de potions, qui prennent la forme de mini-jeux nous mettant bien en situation, sans heureusement être trop redondants.

Le sentiment d’immersion est également exacerbé par la très appréciable cohérence du monde ouvert de Kingdom Come Deliverance 2. Celui-ci se découpe en deux zones certes vastes, mais finalement assez bien proportionnées. Il nous arrive rarement de marcher ou de cavaler pendant plusieurs minutes sans rien avoir à faire. On croise toujours sur notre route un village, un lieu notable avec potentiellement du joli butin à dénicher, ou des rencontres aléatoires comme des marchands itinérants ou, moins sympathique, des bandits qui veulent nous dépouiller de tous nos biens.
C’est enfin au niveau des bourgades, et surtout de Kuttenberg, la plus grande ville du jeu admirablement bien reconstituée, que l’aspect « simulation médiévale » de Kingdom Come Deliverance 2 brille le plus. Chaque PNJ qui les habite dispose de son propre statut social et de sa routine journalière. Ceux-ci réagissent de manière tout à fait cohérente à notre comportement, ou même à notre accoutrement. Déambuler dans les rues couvert de sang et autres fluides corporels dans une tenue déchirée risque en effet de faire très mauvais genre. En revanche, porter de riches atours, des bijoux et être propre comme un sou neuf nous ouvrira de nombreuses portes ou nous offrira plus de chances de négocier ou persuader nos interlocuteurs. Pour revenir sur la gestion de l’inventaire, on salue tout de même la possibilité d’enregistrer jusqu’à trois « sets » en fonction des situations. Nous avons par exemple opté pour une belle tenue de bourgeois, une armure complète pour se battre, et enfin des habits discrets pour nos activités de voleur. On peut ainsi passer de l’un à l’autre en un clin d’œil. Une amélioration de la qualité de vie certes au détriment du réalisme si cher au titre, mais définitivement bienvenue.
