Initialement prévu courant fin 2024, Kingdom Come Deliverance 2 a récemment fait l’objet d’un report au 11 février 2025 sur PC, PS5 et Xbox Series, Warhorse Studios estimant avoir besoin de plus de temps pour peaufiner le jeu et offrir une expérience à la hauteur d’une religieuse attente. Un mal pour un bien, le premier opus (mais aussi pour rappel le tout premier jeu du studio tchèque) ayant connu un lancement compliqué, alors criblé de bugs et de problèmes de performance. Espérons que, avec plus d’expérience, d’effectifs et de moyens, sa suite sera épargnée par de tels maux. La chose semble plutôt bien partie, si l’on en croit nos premiers pas dans cette revisite de la Bohême du 15ème siècle.

Nos premiers pas dans Kingdom Come Deliverance 2

Nous avons pu découvrir Kingdom Come Deliverance 2 dans deux sessions d’une durée totale de quatre heures. À noter que Warhorse Studios nous promet une durée de vie gargantuesque, pouvant allègrement dépasser la centaine d’heures. Autant dire que notre preview n’était qu’un minuscule échantillon en comparaison. La première partie de notre découverte (d’une durée de trois heures) s’est donc intéressée au tout début du jeu, dans un proverbial prologue « didacticiel ». Celui-ci nous a donc permis de nous remettre dans le bain, nos réflexes étant un peu rouillés six ans après le premier opus. Il convient de signaler qu’il n’est a priori pas obligatoire d’avoir joué au précédent épisode pour apprécier pleinement sa suite. Son introduction est d’ailleurs là pour nous rappeler rapidement les événements qui ont mené ce bon vieux Henry à en être là où il est quelques années plus tard, en compagnie de son ami Hans Capon.

Kingdom Come Deliverance 2 Henry
Henry et son ami Hans sont de retour, pour nous jouer de nouveaux tours pendards. © Warhorse

Notre jeune paysan a en effet bien grandi et gravi les échelons de la société bohémienne médiévale. Il occupe maintenant le rôle de garde-du-corps de son noble héritier de compagnon. Avec une solide escorte, ils sont au tout début du jeu en route pour rencontrer le seigneur d’une région voisine, afin de négocier les termes d’une alliance, dans un climat de guerre entre deux rois se disputant le pays. Nous avons ainsi droit à de premiers dialogues, qui annoncent potentiellement la couleur pour le reste de cette grande aventure moyenâgeuse : nous sommes bien à nouveau face à un RPG au sens pur du terme. Nos nombreux choix permettront de façonner notre propre Henry, tant dans son caractère que dans ses compétences, avec des conséquences plus ou moins graves sur le monde qui nous entoure et le déroulement d’une histoire qui sera a priori unique pour chaque joueur et joueuse. Là-dessus déjà, la suite nous paraît de prime abord prometteuse et à la hauteur du premier volet. 

Après un échange tendu avec nos interlocuteurs, notre groupe décide de se reposer dans un coin bucolique, au bord d’un lac. L’occasion pour le studio tchèque de montrer le travail abattu sur la partie visuelle de Kingdom Come Deliverance 2. Sur ce point, nos premières impressions étaient globalement positives, mais avec une petite réserve. Rappelons que le premier opus était déjà plutôt propre graphiquement (après avoir été bien peaufiné et avec une bonne configuration, naturellement). Sa suite se montre forcément plus belle et robuste, compte tenu des six ans séparant les deux jeux. L’ensemble se montre en effet plus fin, avec des effets de lumière plus chatoyants. Nous nous attendions toutefois à une amélioration plus nette. Mais cela est peut-être à imputer à un monde ouvert plus vaste et fourni, nécessitant ainsi de faire quelques sacrifices pour ne pas à nouveau mettre à genou PC, et surtout consoles. L’expérience est cela dit fort plaisante visuellement, avec des décors enchanteurs, et surtout crédibles. 

Kingdom Come Deliverance 2 Graphismes
Le jeu s'annonce chatoyant visuellement, mais on s'attendait à un poil mieux. © Warhorse

Cette halte nous permettait également de revoir les rudiments des commandes du jeu, tant pour se déplacer que pour interagir avec l’environnement ou dans les combats. Là encore, nous avons quelques regrets préliminaires. Warhorse Studios nous a indiqué vouloir conserver la substantifique moelle du premier opus et ne pas la dénaturer outre mesure dans Kingdom Come Deliverance 2. Cela aurait cependant été selon nous préférable, en tout cas à une moindre échelle. Les contrôles présentent en effet toujours une certaine lourdeur et inertie, surtout lorsque Henry est équipé de pied en cape d’une imposante armure, mais pas seulement. Les combats n’ont quant à eux quasiment pas changé, nous demandant de pointer la souris/le joystick dans une direction donnée pour frapper/parer les coups adverses, avec une manifeste exigence et technicité qui n’est certainement pas pour nous déplaire, mais qui pourrait en rebuter certains de par des animations manquant un peu de naturel. À noter que le choix de nos armes aura une grande importance : une épée sera plus adaptée contre des opposants peu protégés, tandis qu’une masse sera à privilégier contre des adversaires équipés d’une armure complète. Des armes à distance seront également de la partie, ainsi que les premières ébauches d’armes à poudre, qui sont toutefois extrêmement lentes à recharger et permettant un seul tir, tout comme les arbalètes. Le souci du détail et du réalisme à ce niveau est donc clairement à saluer.

Kingdom Come Deliverance 2 Combat
Les combats techniques et réalistes vont vous donner du fil à retordre. © Warhorse

Mais notre plus gros regret vient de l’ergonomie de l’interface et des commandes en elles-mêmes. Par exemple : nous devions nourrir notre chien pour qu’il arrête d’incommoder nos camarades de route de ses aboiements. Pour l’appeler au clavier, il nous fallait presser X, puis A pour lui donner à manger, mais à une certaine distance, ou autrement notre seule interaction passait par la touche E pour le caresser (oui, on peut bien « pet the dog », ce qui en fait naturellement un potentiel GOTY, non ?). Cela nous demandait une génuflexion pas très confortable des doigts pour les diverses interactions avec notre compagnon canin, et les PNJ de manière générale. Peut-être que la chose se montre plus intuitive à la manette, mais nous n’avons pas essayé cette configuration, et ne pouvons donc pas être catégorique sur ce point. Même constat au niveau d’une interface (très belle au demeurant) particulièrement lourde, chargée et manquant de lisibilité (surtout s’agissant de la carte du jeu). Si vous pestiez déjà contre celle de The Elder Scrolls IV Oblivion sorti en 2006, vous risquez de ne pas passer un bon moment sur celle-ci.

Kingdom Come Deliverance 2 Interface
Aussi belle soit-elle, l'interface se montre hélas assez lourde et peu intuitive. © Warhorse

Là où Kingdom Come Deliverance 2 nous a en revanche agréablement convaincu, c’est dans les efforts de Warhorse au niveau de la mise en scène. Vous vous en doutez, notre petit pic-nic champêtre à base de saucisses et d’échanges au fil d’épées en bois va rapidement dégénérer en quelque chose de bien moins réjouissant. Sans divulgâcher le prologue du jeu, Henry va rapidement se retrouver grièvement blessé et désargenté, avec rien d’autre sur sa personne qu’un slip moyenâgeux, dans une région qu’il ne connaît pas et où il est considéré comme guère mieux que la plus basse piétaille. Le voilà donc dans de beaux draps, et le temps pour sa mission lui est compté, alors qu’une terrible guerre couve en Bohême. 

Les événements menant à cette triste pantalonnade nous ont en tout cas intrigué par la qualité de la narration et de cinématiques bien rendues posant très bien le ton, en alternant entre humour médiéval potache et gravité de cette époque où la vie n’était décidément pas simple. On est littéralement pris dans cette histoire aux grands enjeux, sans que le jeu pousse le curseur plus loin que nécessaire. Henry n’est clairement pas un héros qui à lui seul pourra sauver le monde, mais seulement un acteur parmi tant d’autres dans une vaste enluminure qui risque souvent de totalement le dépasser. Mention très spéciale également à une bande-son plus divine encore que celle du premier opus, qui mettait déjà la barre très haut dans le domaine. Elle accompagne en effet magnifiquement bien nos balades enchanteresses en forêt comme les moments plus dramatiques ou burlesques, et se présente comme un véritable nectar pour les oreilles.

Excursion historique à Kuttenberg

La seconde partie de notre preview, d’une durée d’une heure cette fois, nous transportait bien plus loin dans l’histoire. Warhorse nous avait en effet préparé une sauvegarde après environ 50 heures de jeu. Henry avait alors eu tout le temps du monde pour enfiler un pantalon, et de plutôt belle facture avec ça. Mais là où le studio tchèque voulait surtout nous emmener, c’était à Kuttenberg, une ville majeure dans la Bohême du 15ème siècle, située à un peu plus d’une heure de route de Prague, et aujourd’hui appelée Kutna Hora. À l’époque, il s’agissait pour la petite Histoire (vous l’avez ?) d’une plaque tournante du pays, connue pour ses mines d’argent, et lieu primordial pour la frappe de la monnaie locale, le groschen. Les développeurs ont donc prévu que nous y passerions beaucoup de temps, théâtre de nombreuses intrigues et éléments centraux de l’histoire. S’il y a bien une chose sur laquelle Kingdom Come Deliverance 2 brille, de ce que l’on en a vu, c’est sur le travail considérable abattu par Warhorse pour s’assurer que son nouveau jeu est historiquement fidèle. 

Kingdom Come Deliverance 2 Kuttenberg Concept Art
La représentation de Kuttenberg est un petit bijou de fidélité historique. © Warhorse

Le titre se montre, à première vue en tout cas, saisissant de crédibilité, tant dans la représentation de son monde que dans les accoutrements de ses habitants, ou encore de leur mode de vie. Rares sont les jeux nous proposant un RPG permettant de véritablement vivre la vie d’un citoyen au Moyen-Âge. Le premier opus était déjà un coup d’essai très réussi en ce sens, et Kingdom Come Deliverance 2 s’annonce encore plus bluffant. Nous avons pu mieux nous en rendre compte en déambulant dans la version vidéoludique de Kuttenberg, puis lorsque le studio nous a proposé un tour de la ville actuelle, Kutna Hora, pour nous en faire découvrir la riche histoire à travers une visite guidée jalonnée de représentations dans le jeu de places existant encore à notre époque. Warhorse a ainsi travaillé main dans la main avec de nombreux collaborateurs et historiens, et on sent clairement qu’ils sont autant fiers de leur travail que la Tchéquie est fière d’être représentée avec une telle fidélité historique à travers le monde. Les férus de l’histoire du Moyen-Âge et de la Bohême du 15ème siècle seront donc totalement comblés par cette suite, proprement exemplaire à ce niveau.

Cette seconde session nous a également permis de mieux appréhender le véritable gameplay et l’énorme liberté pour laquelle cette licence bac-à-sable historique est maintenant connue, là où le prologue était par essence dirigiste pour nous faire entrer « en douceur » dans son univers. Warhorse nous chargeait alors de réaliser une quête précise. Les possibilités pour la mener à bien donnaient en soi le tournis, mais nous n’avons hélas pas pu pleinement les explorer, compte tenu du trop peu de temps qui nous était imparti. Sachez en tout cas que quasiment tous les bâtiments de Kuttenberg peuvent être visités, que l’on peut engager une conversation avec chaque PNJ, et interagir avec chaque objet du jeu. 

Kingdom Come Deliverance 2 Bagarre Taverne
Ce ne serait pas un RPG médiéval digne de ce nom sans une bonne bagarre de taverne ! © Warhorse

Cela intéressera surtout les joueuses et joueurs adeptes du chapardage comme votre serviteur. Attention toutefois, le moindre acte répréhensible aura, comme dans le premier opus, de lourdes conséquences. Les habitants réagiront au quart de tour en nous prenant sur le fait, appelleront la garde, et la réputation d'Henry en pâtira sérieusement dans la ville où des méfaits ont été commis. Cela ne veut pas dire que le gameplay voleur est totalement à proscrire, mais qu’il faudra se montrer extrêmement prudent pour ne pas se faire attraper le gantelet dans le sac. Même constat lorsque nous avons commis un larcin pour accomplir la quête de cette seconde session, mais en se déplaçant de nuit dans la ville sans torche pour tenter de passer inaperçu. Un garde nous a alors interpellé, et nous craignions le pire pour notre couenne. Mais celui-ci nous a seulement intimé d’avoir sur nous une source de lumière bien visible, car telles sont les coutumes et la loi à Kuttenberg. 

Kingdom Come Deliverance 2 Voleur
Incarner un Henry voleur est tout à fait possible, mais ça sera loin d'être une partie de plaisir. © Warhorse

Vous l’aurez compris, l’immersion dans Kingdom Come Deliverance 2 est totale, et nous nous sommes vraiment cru dans la peau de notre personnage, malgré le peu de temps passé en sa compagnie. Nous regrettons en revanche d’avoir été propulsés dans une sauvegarde 50 heures de jeu après le prologue, alors que nous ne l’avions pas encore bien pris en main. D’autant que cette session plus courte ne nous a pas pleinement permis d’apprécier la grande liberté promise par Kingdom Come Deliverance 2. 

Nous attendons Kingdom Come Deliverance 2… avec une curiosité religieuse

Même si notre première session sur Kingdom Come Deliverance 2 s’est avérée être un minuscule échantillon bien insuffisant pour juger de la qualité d’ensemble du titre, nous en avons bien senti l’énorme potentiel. Ce malgré quelques griefs, notamment au niveau de la lourdeur des contrôles et de l’interface. Nous aurons une idée bien plus claire à son égard une fois le jeu complet entre les mains. On souhaite en tout cas le meilleur à Warhorse, et que son travail aussi colossal que passionné forçant vraiment le respect sera récompensé à sa juste valeur. Nous sommes légitimement curieux de voir où le studio tchèque nous emmènera dans cette nouvelle fresque historique en compagnie d’Henry, après un premier opus globalement réussi et très marquant en ce sens, mais manquant de finition, alors qu’il s’agissait de leur tout premier jeu. Gageons en tout cas que les amateurs de RPG (dans le sens le plus pur du terme) dans un Moyen-Âge réaliste seront comblés. Reste en revanche à voir si le plus grand public se laissera également tenter. Verdict dans notre test complet et lorsque Kingdom Come Deliverance 2 sortira le 11 février 2025 sur PC, PS5 et Xbox Series.