L’éditeur Team17 a un calendrier bien chargé cet été. Mais le temps fort de ce mois de juin, c’est clairement Date Everything ! Développé par Sassy Chap, ce nouveau simulateur de rencontres est aussi absurde que touchant et il profite en plus d’un casting vocal en or. Cependant, cela suffit-il à éveiller l’intérêt du grand public, d’autant plus avec une galerie de personnages aussi remplie ? Attendu le 17 juin 2025 sur PC et consoles, vaut-il le détour ? Nous l’avons testé sur Nintendo Switch, voici notre verdict.

Date Everything, ou l’amour fou avec votre mobilier

Imaginez qu’on vous envoie un paquet contenant une paire de lunettes “magique”, qui permettrait de voir la représentation humaine de tous les objets de votre maison ? Portes, vaisselle, lits, miroirs, rideaux… tout y passe. Imaginez en plus que vous puissiez vous lier d’amitié ou faire naître une romance avec ces « Dateables » ? C’est là le pitch de Date Everything, un dating simulator atypique au possible.

Nous voici seul chez nous, célibataire fraîchement au chômage après avoir été remplacé par une IA. Puis, arrivent ces binocles, visiblement liées à des enjeux technologiques majeurs, envoyées par un mystérieux inconnu. Sur fond de complotisme et de satire de la vie d’entreprise, il y avait un potentiel narratif derrière cette trame qui aurait pu être très sympa comme fil rouge jusqu’à la fin de l’histoire. Malheureusement, elle est vite reléguée au second plan pour se concentrer sur l’essence du jeu : le dating !

Nous voilà équipés de ces merveilleuses lunettes qui donnent vie, sous nos yeux ébahis, aux répliques humaines de presque tous les objets de la maison. L’objectif est alors de les rencontrer, apprendre à les connaître et nouer des liens avec elles, entre amour, haine et amitié. Nos décisions ont évidemment un impact direct sur l’évolution de nos rapports avec chacun. À nous d’orienter les dialogues afin de nous rapprocher de notre chouchou ou de déceler les secrets derrière l’histoire personnelle de chacun.

Date Everything : Dorian.
Dorian, notre première rencontre, est l'incarnation des portes. © AUR pour Gameblog.

Car c’est là l’intérêt de Date Everything. Le nombre de personnages à rencontrer est très important, (comptez-en une centaine) et le titre offre une grande inclusivité, que ce soit en matière de genre, de préférences romantiques, ou de tout bonnement de morphologie. Pour couronner le tout, chacun a une personnalité propre, en lien avec l’objet qu’il représente, ainsi qu’une histoire à part entière. Parce que oui, l’écriture des personnages est souvent plus profonde qu’il n’y paraît. Les thèmes peuvent être très sérieux, touchant à des sujets sensibles comme le deuil, l’addiction ou encore les relations toxiques. Vous avez la possibilité de vous préserver grâce à une option d’alerte. Celle-ci vous prévient si vous souhaitez éviter certaines conversations. C'est une idée bienvenue offrant plus de confort pour qui ne se sentirait pas à l’aise face à des thématiques difficiles.

Il y a tout de même une contrepartie face à cette diversité. Le trop grand nombre de personnages tend à nous perdre. Nous avons bien une encyclopédie, le Data-A-Ex, une sorte de Pokédex qui regroupe la bio et les caractéristiques de tous les prétendants rencontrés, mais s’il faut la consulter systématiquement pour se souvenir de certains, c’est contreproductif. Pour un jeu qui mise sur l’aspect relationnel, la quantité nuit à la qualité. Non pas que les personnages soient mal écrits, il y en a bien qui tombent facilement dans des clichés vus et revus (celui du sportif, le frenchy, la chanteuse afro très groovy), mais c’est plutôt en termes d’efficacité du jeu sur le joueur que c’est regrettable.

Date Everything : Date-A-Dex.
Le Date-A-Dex détient toutes les informations sur vos Dateables. © AUR pour Gameblog.

Date Everything rejoue les codes du visual novel

En surface, Date Everything adopte les codes du visual novel. On jongle entre une vue à la première pour explorer notre maison et des dialogues à choix multiples avec des personnages en 2D. Notre progression suit un rythme journalier à raison de 5 actions à réaliser au quotidien. La structure est basique mais elle fonctionne bien !

À nous alors de choisir comment organiser notre journée en allant à la rencontre des Dateables qui cohabitent avec nous. Ainsi, non seulement nous apprenons à les connaître, mais tous ont des quêtes annexes à remplir, généralement en lien avec d’autres personnages. Plus encore, certains se dévoilent différemment selon l’heure à laquelle nous leur parlons. Ces petites subtilités égayent nos parties et donnent vite envie d’essayer toutes sortes de choses pour percer tous les secrets du jeu.

Le système de dialogue représente alors le cœur du gameplay. Avec des choix multiples, on façonne petit à petit nos relations avec les Dateables. Cela dit, on pressent vite quelle réponse aura quel effet sur la personne en face. Chacune traduit plutôt explicitement une émotion différente, alors la réaction est plus que prévisible. Mais c’est souvent le cas sur ce genre de jeu. Puis, malgré tout, nous ne sommes pas à l’abri de quelques surprises !

Date Everything : Dialogue avec Skylar et Dorian.
Les premiers dialogues prennent le temps d'expliquer les mécaniques. © AUR pour Gameblog.

D’autant plus que Date Everything nous invite à réfléchir à nos réponses pour faire évoluer nos relations. Que ce soit vers l’amitié, la romance ou même l’animosité, ça jouera sur l'amélioration de nos statistiques de personnalité. Appelées « SPECS », elles augmentent en suivant un système de points de compétence. Ainsi, en ayant un certain nombre de points pour un trait de personnalité, nous débloquons des options de dialogue supplémentaires pour des échanges spécifiques.

Je dois quand même souligner combien il est frustrant en début de jeu d’être confronté à ces options sans avoir eu le temps d’avoir augmenté nos SPECS. Un repère visuel pour distinguer ces dialogues à l’avance n’aurait pas été de refus. Cependant, une fois qu’on a développé nos statistiques et qu’on a véritablement la possibilité de choisir nos réponses dans ces moments précis, c’est un ajout qui vient agréablement pimenter nos échanges.

Date Everything ne se cantonne toutefois pas aux dialogues. Ne sous-estimez pas l’exploration de votre maison par exemple, qui cache des pièces secrètes et donc d’autant plus de personnages à rencontrer. D’ailleurs, certains ne se montreront que si vous remplissez des conditions précises, comme le fait d’être haï pour un Dateable spécifique. Ça donne un cocktail savoureux qui bouscule un peu les codes du visual novel encore très rigides par moments.

Un simulateur qui a du style…

Date Everything se distingue également par son mélange des styles. On démarre par des interfaces d’ordinateurs très austères, pour ensuite nous balader dans des environnements en 3D sobrement texturés. Le réalisme ou l’expression artistique des décors n’étaient pas la priorité ici. À la place, Sassy Chap a tout fait pour mettre avant tout à l’honneur sa large galerie de personnages !

Date Everything : Interaction pour parler au micro-ondes.
Paradoxalement, la maison n'est pas ce qui nous charme le plus dans Date Everything. © AUR pour Gameblog.

De ce point de vue, le roster est éclatant, aussi coloré qu’original. Le studio s’est attaché à caractériser chaque personnage de façon à ce que son apparence colle avec sa nature d’objet. Le résultat est toujours astucieux, bien que très premier degré par moment. Dès lors, l’impression au premier abord sera quitte ou double : soit le chara-design tombe dans le ridicule, soit il brille par l’ingéniosité avec laquelle un élément du mobilier a pu se transformer en vêtement.

Dans l’ensemble, Date Everything est un jeu choral très vivant. Selon leurs émotions, les personnages disposent de plusieurs poses très parlantes. Cela passe aussi par les textes qui se mettent parfois en mouvement, par exemple quand un Dateable chante. Mais c’est surtout le casting qu’il faut saluer, très investi, il met du cœur à l’ouvrage ! En même temps, il comprend plusieurs noms du milieu qui ont fait leurs preuves depuis belle lurette sur des jeux cultes. Je peux déjà citer le trio de tête de The Last of Us 1 et 2 : Ashley Johnson (Ellie), Troy Baker (Joel) et Laura Bailey (Abby). On peut aussi compter sur Ashly Burch (Aloy dans la saga Horizon) et Travis Willingham (Raiden dans Mortal Kombat 1), ou encore Matthew Mercer (Leon dans Resident Evil 6 et Revelations 2). 

Date Everything : Dunk.
Dunk n'est pas vraiment le plus subtil des personnages... © AUR pour Gameblog.

… mais qui mériterait quelques finitions

Pour autant, le charme de Date Everything ne fait pas tout. Le nouveau venu dans le catalogue de Team17 accuse plusieurs défauts techniques. Si on fait l’impasse sur les graphismes 3D peu recherchés, on notera des temps de chargement nombreux sur Nintendo Switch. C’est souvent le cas pour des productions de cet acabit. Malgré tout, c'est dommage, surtout pour le peu à charger à l’écran.

Nous avons aussi été confrontés à quelques bugs d’affichage. Il peut arriver que les voix ne se lancent pas par exemple, ou que le texte n’apparaisse pas correctement. Or, ce genre de problème ne devrait pas arriver dans un jeu qui repose entièrement sur ces mécaniques.

Cela concerne aussi la fonctionnalité tactile est prise en charge sur Date Everything. C’est vraiment pratique pour un titre dont on profite très bien dans son canapé, la console entre les mains, mais il arrive que ça ne réponde pas bien. Il faut alors s’y reprendre à deux fois pour choisir une option de dialogue. Attention dans ce cas à ne pas spammer l’écran, au risque d’aller trop vite sur les échanges qui suivent.

Enfin, on ne peut pas tellement le lui reprocher, mais on se doit de vous mettre en garde : Date Everything ne dispose d’aucune traduction, ni d’aucun doublage en français. Pour le moment, Team17 et Sassy Chap n’ont pas évoqué de plan de localisation. Ce sera évidemment un frein à l’achat pour beaucoup. Toutefois, si vous êtes à l’aise avec l’anglais ou que vous êtes prêt à prendre le temps de recourir à un traducteur pour comprendre les subtilités des échanges, alors le jeu devrait être à votre portée.